Eglises d'Asie – Japon
POUR APPROFONDIR – Réponses de l’Eglise du Japon au questionnaire sur la famille
Publié le 26/02/2014
… de la situation des familles dans un pays marqué par la dénatalité et où les catholiques, qui forment une très petite minorité, ne diffèrent pas fondamentalement du reste de la société. Les évêques ne cachent pas non plus les difficultés que l’Eglise rencontre à répondre de manière satisfaisante aux défis qui se posent à elle en matière de pastorale familiale. Ils pointent aussi du doigt un questionnaire écrit à partir d’un point de vue de pays majoritairement chrétiens, là où, au Japon, expliquent-ils, le cas le plus fréquent est celui où le chrétien vit de manière isolée dans une famille ou un foyer composé de non-chrétiens. Les évêques enfin affirment que si la situation des catholiques au Japon n’est pas toujours enviable ni respectueuse des enseignements de l’Eglise en matière conjugale et familiale, elle est porteuse d’une perspective missionnaire. « En développant une orientation pastorale, il est peut-être important de rappeler que l’unique fois où dans l’Evangile Jésus rencontre avec certitude quelqu’un vivant une situation de cohabitation en dehors des liens du mariage (la Samaritaine au puits), il ne focalise pas sur elle. Il la traite plutôt avec respect et en fait une sorte de missionnaire », écrivent-ils au chapitre des réponses pastorales apportées par l’Eglise face à « certaines situations conjugales difficiles ».
Les évêques japonais ont mis en ligne le 19 février dernier leur texte en anglais, daté du 15 janvier 2014, sur le site de la Conférence épiscopale japonaise. La traduction est de la Rédaction d’Eglises d’Asie.
Réponse au Secrétariat du Synode extraordinaire
Conférence des évêques catholiques du Japon
Mgr Peter Takeo Okada, archevêque de Tokyo, Président de la Conférence épiscopale
En raison des contrainte de temps, la Conférence des évêques catholiques du Japon a demandé aux évêques et aux supérieurs majeurs des ordres masculins et féminins de répondre aux documents préparatoires du secrétariat [du Synode sur la famille qui se tiendra à Rome en octobre 2014]. Ces réponses ont été envoyées ensuite pour commentaire à divers experts, clercs et laïcs.
Comme les évêques et les religieux ont à connaître de situations familiales variées, ils sont familiers des problèmes des familles, aussi nous pensons que leurs réponses sont le reflet exact de la situation des familles au Japon.
Avant-propos
Avant de répondre directement aux questions posées par le Secrétariat du Synode, nous proposons de fournir en référence les grandes lignes de la situation de la famille au Japon et les efforts de la Conférence des évêques catholiques du Japon en réponse à cette situation.
Même si les missionnaires au Japon ont déployé enthousiasme et dévouement, les efforts pour l’évangélisation du pays ont porté peu de fruits. Le nombre des baptisés reste faible. Malheureusement, on compte aujourd’hui seulement environ un million de catholiques au Japon, y compris les migrants. Malgré tout, nous croyons qu’ils sont capables d’apporter une grande contribution à l’évangélisation du Japon.
Situation actuelle de l’Eglise catholique au Japon
Les dernières statistiques (2012) indiquent qu’il y a près de 440 000 catholiques japonais, environ 0,35 % de la population. A ce nombre, il faut ajouter celui des immigrés catholiques et des résidents temporaires de nombreux pays qui viennent donc gonfler ce chiffre.
En dépit des efforts et du dévouement déployés par les missionnaires, les catholiques demeurent une minorité dans la société et même dans les familles. Parmi ceux qui chaque année reçoivent le baptême, 54 % environ sont des adultes et dans 76 % des mariages de catholiques, le conjoint ne l’est pas.
Même si les membres de l’Eglise ont apporté d’importantes contributions dans les domaines de l’éducation, de l’aide sociale et des soins médicaux particulièrement appréciés, il est indéniable que la possibilité d’influencer la société par les valeurs et l’enseignement de l’Evangile est des plus limitée.
L’Eglise catholique et la situation actuelle de la famille au Japon
Après sa défaite dans la guerre de l’Asie-Pacifique (seconde guerre mondiale), le Japon a concentré son énergie sur la reconstruction économique, les pouvoirs publics et les entreprises se consacrant à la croissance économique. En conséquence, le niveau de vie général et éducatif a progressé mais la population a dû payer cette croissance économique au prix fort. Une part de ce coût a été acquittée par la famille et, pour cette raison, nombre d’entre elles sont actuellement confrontées à des crises. Les familles des catholiques ne sont pas épargnées par ces situations.
On peut regrouper les problèmes sous trois grandes rubriques.
a) La fragilisation des liens familiaux
Entre 1954 et 1970, période de forte croissance économique, de nombreuses populations ont migré des campagnes vers les grandes villes et leurs banlieues. Cela a conduit à la prédominance de la « famille nucléaire » à deux générations (parents et enfants) et au déclin de la famille à trois générations (grands-parents, parents et enfants), qui est devenue rare.
Le temps et l’énergie du mari ont été absorbés par son travail et l’épouse, qui restait auparavant au foyer à temps plein, a commencé à travailler à mi-temps hors de chez elle. Les enfants, quand leur journée scolaire est terminée, sont absorbés par des activités extrascolaires ou les « boites de bachotage » jusque tard dans la soirée. En conséquence, les repas en commun ou d’autres occasions de se retrouver en famille ont diminué de manière significative. Il est devenu difficile pour les familles de se réunir pour discuter ou être ensemble.
Dans les zones urbaines comme rurales, vivre seul est devenu plus fréquent, ce qui entraîne une augmentation de la solitude et de l’anxiété. Le nombre de ceux qui meurent isolés ou sans liens avec les autres est en augmentation. La société japonaise peut être définie comme une société « sans lien ».
Ainsi, la société japonaise d’après-guerre est devenue une société où, de manière générale, les liens familiaux se sont distendus et où l’entraide mutuelle entre membres de la famille s’est compliquée.
b) Peu d’enfants, une société vieillissante
L’espérance de vie des Japonais a augmenté de façon significative, les femmes japonaises connaissant l’espérance de vie la plus élevée au monde tandis que les hommes arrivent au cinquième rang en 2013. Cela s’ajoute à une baisse du taux de natalité a fait du Japon une société vieillissante. En conséquence, la charge du soin des personnes âgées reposant sur les jeunes générations va croissant. Par exemple, il n’est pas rare pour un couple d’avoir à prendre soin de ses quatre parents. Cette tendance est également perceptible dans l’Eglise où l’assistance à la messe est le plus souvent composée de personnes âgées et de peu d’enfants.
Bien que le gouvernement japonais a pris des mesures pour réduire la charge des dépenses de santé et des soins de longue durée aux personnes âgées, le fardeau économique qui incombe aux familles et aux individus est en augmentation. La question de savoir comment vivre sa vieillesse est pour tous un enjeu majeur. S’occuper des personnes âgées n’est pas simplement un fardeau économique, il est aussi d’ordre psychologique. Le simple allongement de la durée de vie n’est pas en soi une bonne nouvelle. Il est nécessaire de construire une société qui offre un espace approprié à ses personnes âgées en termes d’assistance et d’équipement. L’Eglise doit s’impliquer par des propositions concrètes pour relever ce défi.
D’autre part, la baisse de la natalité est un problème majeur. De plus en plus, la plupart des couples ne souhaitent pas avoir beaucoup d’enfants. Les causes diffèrent, dont la petite taille des habitations, la difficulté des soins pour les jeunes enfants, le travail des mères de famille hors du foyer et le coût élevé de l’éducation des enfants. Là où la famille nucléaire est devenue la règle, il n’y a aucune aide disponible pour qu’une famille élargie s’occupe des enfants. Bien que depuis des temps immémoriaux donner naissance et éduquer les enfants a été la norme, nous constatons aujourd’hui une tendance à y échapper autant que possible, ce qui pose problème.
c) Aspects du mariage et augmentation du nombre des divorces
Le déclin du taux de fécondité est lié à la question du mariage. Le nombre de ceux qui se marient diminue tandis que le nombre de ceux qui se marient mais divorcent ensuite augmente. Parmi les personnes qui souhaitent se marier, le nombre de ceux qui ne le peuvent pas pour des raisons financières ou parce qu’ils ne parviennent pas à trouver le conjoint adéquat est en augmentation. L’âge du mariage est en hausse, tout comme le nombre de ceux qui ne veulent pas se marier. Ceux-là ne souhaitent pas fonder une famille. Il n’est pas rare de vivre ensemble sans être marié. Dans le cas de ceux qui se marient, ils ont souvent tendance à rompre quand surviennent des difficultés.
L’avortement et la contraception sont fréquents et de nombreux fœtus sont inhumés avant la naissance. Parallèlement, le nombre des personnes ayant entrepris des traitements contre la stérilité est en augmentation.
Ces phénomènes et tendances relatives au mariage touchent aussi bien les catholiques que les non-catholiques. La majorité des catholiques japonais sont mariés à des non-chrétiens et ne sont pas à l’abri des influences de leur environnement social quand il s’agit de songer au mariage.
Les deux exemples suivants illustrent les efforts déployés par l’Eglise catholique au Japon afin de répondre d’un point de vue pastoral et évangélique à la situation de la famille au Japon.
– NICE II (National Incentive Convention for Evangelization) de 1993 : cette convention nationale a pris comme point de départ la situation des familles et a examiné le meilleur moyen de promouvoir la mission d’évangélisation de l’Eglise. Des délégués laïcs ont participé à des débats passionnés dont les résultats ont été transmis à la Conférence des évêques. En retour, les évêques ont publié un communiqué « La Famille et l’Evangélisation ».
– Publication de Respect de la Vie – Un Message pour le XXIe siècle par les évêques catholiques du Japon : en réponse aux problèmes urgents concernant la famille et la vie, les évêques ont publié ce communiqué en 2001. Il comporte trois chapitres : « Le message de l’Ecriture », « La famille en difficulté » et « La vie et la mort ».
Réponses
1. Diffusion de l’enseignement sur la famille dans les Ecritures et le magistère de l’Eglise
a) Décrivez comment les enseignements de l’Eglise catholique sur les valeurs familiales contenues dans la Bible, Gaudium et Spes, Familiaris consortio et d’autres documents du magistère post-conciliaire sont perçus dans la société actuelle. Quelle formation est donnée à notre peuple touchant l’enseignement de l’Eglise sur la famille ?
1. Pour la plupart, les gens ne sont pas au courant de ces enseignements et de ces documents. Ce qu’ils savent est au mieux fragmentaire et provient des commentaires de prêtres (qui peuvent ne pas être bien informés eux-mêmes) et d’autres.
2. La majorité de ceux qui se préparent au mariage apprennent simplement les conclusions et les résumés de ces enseignements.
3. Il est de notoriété publique que l’Eglise catholique s’oppose à l’avortement, ce que les médias relaient sous une forme critique.
4. L’enseignement sur la famille n’a pas été pris en compte par un réel engagement de l’Eglise.
5. Les exigences de la vie quotidienne, y compris la vie familiale, limitent le temps que les paroissiens peuvent consacrer à des programmes de formation dans les paroisses ou les diocèses. En outre, donner une formation est difficile au Japon où un grand nombre, sinon la plupart des catholiques, vivent dans des familles où un ou plusieurs membres ne sont pas chrétiens.
6. La présence importante et croissante de catholiques non japonais dans l’Eglise au Japon présente un nouveau défi. Les différences linguistiques et culturelles ainsi que les horaires de travail des migrants font que pourvoir à des occasions éducatives est un défi qui n’a pas été relevé.
b) Dans le cas où l’enseignement de l’Eglise est connu, est-il accepté dans sa totalité ou y a-t-il des difficultés à le mettre en pratique ? Si oui, quelles sont-elles ?
1. Généralement, on ne connaît que les interdictions concernant l’avortement, le contrôle des naissances, le divorce et le remariage. Les gens sont plus influencés par les mœurs de la société que par cet enseignement, particulièrement quand il touche au contrôle des naissances. Pour ce qui concerne le contrôle des naissances, on ne prend pas au sérieux les exigences de l’Eglise, les considérant comme sans rapport avec ce qui est vécu.
2. Même parmi les catholiques, beaucoup sont critiques envers la position de l’Eglise à l’égard des méthodes de contraception telles que le préservatif.
3. Pour les travailleurs migrants, il est très difficile de vivre selon l’enseignement de l’Eglise. Ils n’ont pas été suffisamment bien formés et, dans de nombreux cas, la précarité de leur existence ne favorise pas une vie en conformité aux enseignements moraux de l’Eglise.
c) Quelle est la portée de l’enseignement de l’Eglise dans les programmes pastoraux aux niveaux national, diocésain et paroissial ? Quelle est la catéchèse pour la famille ?
1. Dans une situation telle que celle des catholiques japonais, où la culture ambiante n’est pas chrétienne, il est très difficile d’assurer une catéchèse de quelque nature que ce soit.
2. En termes d’éducation de la foi, aux niveaux national, diocésain et paroissial, force est d’admettre qu’il n’y a pas de programmes pastoraux. Il y a, naturellement, des activités dédiées par les diocèses, les paroisses, les prêtres et les paroissiens, mais ils s’en remettent beaucoup trop à des efforts individuels.
3. Beaucoup dépend de la formation ou du professionnalisme du pasteur. Le niveau de l’éducation religieuse varie selon le pasteur. Dans ce domaine, la formation du clergé est indispensable.
4. Il semble que l’éducation religieuse à la maison est négligée.
5. Dans le cas des migrants, où les parents passent peu de temps à la maison à cause de leur travail et où les enfants, recevant une éducation japonaise, peuvent être plus japonais culturellement que leurs parents et où la compréhension mutuelle entre parents et enfants est difficile, cela accroit les défis de l’éducation de la foi à la maison.
d) Dans quelle mesure – et sous quels aspects en particulier –, cet enseignement est actuellement connu, accepté, rejeté et/ou critiqué dans les sphères situées hors de l’Eglise ? Quels sont les facteurs culturels qui s’opposent à la pleine réception de l’enseignement de l’Eglise sur la famille ?
1. A l’ère de l’égalité entre hommes et femmes dans la famille, beaucoup au dehors de l’Eglise critiquent l’Eglise comme présentant un enseignement dépassé, spécialement en ce qui concerne la gestation et les naissances.
2. Même de nombreux catholiques ne diffèrent pas de l’opinion générale en matière de divorce et de remariage comme l’autorisent le droit civil, ou bien encore le diagnostic prénatal, l’avortement, etc. Ils critiquent l’Eglise pour sa position concernant la gestation et les naissances.
3. Beaucoup de catholiques japonais, les femmes en particulier, ont un conjoint non catholique. Cela rend l’enseignement de l’Eglise difficile à observer au sein du ménage. Même le baptême des enfants devient une source de discorde dans de nombreux cas, à moins que le mari soit indifférent à la religion.
4. Beaucoup de gens pensent que les instructions sur le divorce et la séparation sont une atteinte au sens commun. La domination masculine dans la famille, tout en commençant à céder du terrain et laissant place une plus grande égalité entre les deux conjoints, est encore forte, ce qui pour les femmes rend difficile l’observance de la foi.
2. Le mariage selon le droit naturel
a) Quelle est la place que l’idée de loi naturelle occupe dans le domaine socioculturel, dans les institutions, l’éducation, les milieux universitaires et parmi la population en général ? Quelles notions anthropologiques sous-tendent le débat sur le fondement naturel de la famille ?
1. L’idée du droit naturel n’est généralement ni comprise ni acceptée.
2. Souvent, lorsque les dirigeants de l’Eglise ne peuvent pas fournir de raisons convaincantes à ce qu’ils disent, ils l’appellent « loi naturelle » et exigent l’obéissance sur ce qu’ils affirment. Cela a jeté le discrédit sur le concept de loi naturelle : « S’il est naturel, pourquoi a-t-on besoin de l’enseigner ? »
3. La culture japonaise met l’accent sur les aspirations sociétales plutôt que sur des principes abstraits comme guides pour l’action. Ainsi, bien qu’en Occident la « loi naturelle » peut sembler « naturelle », au Japon elle est perçue comme abstraite et coupée des réalités.
b) La notion de loi naturelle dans l’union entre un homme et une femme est-elle communément acceptée comme telle par les baptisés en général ?
1. Les relations homosexuelles ne posent pas encore un problème comme dans certains pays occidentaux, mais sont susceptibles de devenir un enjeu parce que la société japonaise dans son ensemble est de plus en plus tolérante envers l’homosexualité, à la fois comme orientation et comme mode de vie. La chirurgie transgenre suivie d’un mariage a déjà trouvé une approbation légale. Cette tolérance se vérifie de plus en plus parmi les catholiques comme dans l’ensemble de la société.
c) Comment la théorie et la pratique du droit naturel dans l’union entre l’homme et la femme est-elle contestée au regard de la fondation d’une famille ? Qu’est-il proposé et développé dans les institutions civiles et l’Eglise ?
1. Il n’existe pas encore de mouvement significatif en faveur de la reconnaissance du mariage homosexuel par la société civile. Au contraire, il semble y avoir une tendance à s’éloigner de tout type de mariage.
2. Parmi les hommes et les femmes, le nombre de ceux qui restent célibataires est en augmentation. D’autres se marient tardivement. Le taux de natalité est en baisse. Tout le concept de famille est en train de changer progressivement.
d) Dans les cas où des catholiques non pratiquants ou déclarés non croyants sollicitent la célébration d’un mariage, décrivez comment fait-on face à ce défi pastoral.
1. Le mariage entre non-baptisés et non-croyants célébré selon les rites de l’Eglise est un élément normal de l’activité de l’Eglise au Japon depuis de nombreuses années, et ce avec l’approbation du Saint-Siège. La pratique habituelle est d’exiger au moins une préparation matrimoniale axée sur la vision du mariage telle que l’entend l’Eglise. Par ailleurs, il ne doit exister aucun obstacle canonique au mariage (comme le divorce), encore qu’individuellement, les pasteurs soient souvent enclins à l’indulgence.
2. Dans le cas de catholiques non pratiquants, on tente de les ramener à la vie de la communauté, souvent en faisant participer les paroissiens à la préparation et à la célébration.
3. La pastorale de la famille dans l’évangélisation
a) Quelles expériences ont vu le jour au cours des dernières décennies en ce qui concerne la préparation au mariage ? Quels efforts y a-t-il eus afin de stimuler le devoir d’évangélisation du couple et de la famille ? Comment peut-on promouvoir une prise de conscience de la famille comme « Eglise domestique » ?
1. Parmi les baptisés comme parmi les non-baptisés, aujourd’hui le mariage est souvent la réponse à une grossesse avec le désir de légitimer l’enfant. Souvent, les couples cohabitent depuis longtemps, comme cela est de plus de plus fréquent au Japon, même parmi les jeunes catholiques.
2. Dans le cas de ceux qui viennent de familles catholiques, leur désir de se marier à l’église est souvent redevable à la pression familiale plus qu’à un engagement de la foi.
3. Cette situation peut être un indice de la difficulté à transmettre la foi de génération en génération dans une société fondamentalement non religieuse comme le Japon contemporain. Il y a peu de sens à définir la famille comme une « Eglise domestique », en grande partie parce qu’il y a relativement peu d’exemples de familles dont tous les membres sont chrétiens.
4. Quand les enfants sont petits, ils sont activement impliqués dans la paroisse mais à mesure qu’ils grandissent, l’influence de la culture générale les absorbe. Dans de nombreux cas, leurs parents arrivent à leur arracher la promesse d’aller à l’église le jour de Noël et de Pâques.
5. Le vieillissement de la population catholique en général et du clergé en particulier rend les jeunes catholiques moins disposés à faire partie des communautés paroissiales. En conséquence, ils n’ont pas la possibilité d’examiner les questions sexuelles et de la vie familiale dans un contexte de foi.
6. La préparation au mariage est généralement aléatoire, avec des programmes réguliers dans certains endroits, mais dans la plupart des cas, elle dépend surtout de l’intérêt et de la capacité du pasteur.
7. On a introduit « Marriage Encounter » et « Engaged Encounter » (sessions pour couples ou de préparation en vue du mariage, sessions d’origine méthodiste américaine et adaptées de longue date à la doctrine catholique – NdT) au Japon et ces programmes ont rencontré un certain succès mais il semble que ce ne soit plus vraiment le cas aujourd’hui.
8. Quand des jeunes viennent à l’église pour un mariage ou tout autre raison, cela peut être l’occasion d’un nouvel accueil pour participer à la communauté, mais les efforts doivent aller au développement des programmes d’accueil, outils et comportements.
b) Comment avez-vous réussi à proposer une manière de prier dans les familles susceptible de résister aux complexités de la vie et de la culture actuelle ?
1. Parce que les foyers où toute la famille est catholique sont rares, plutôt que de prier en famille, il est plus courant de prier en tant qu’individu.
c) Dans la crise des générations actuelle, comment les familles chrétiennes ont-elles été en mesure de remplir leur vocation à transmettre la foi ?
1. D’une manière générale, transmettre la foi à la nouvelle génération est difficile. La société japonaise ne favorise pas les expressions d’engagement de la foi, et certains jeunes perçoivent de plus en plus l’Eglise comme un club du troisième âge.
2. Les activités scolaires, les boites de bachotage, les sports et autres activités sociales prennent généralement le pas sur les engagements dans l’Eglise, même dans les familles catholiques. En conséquence, le sentiment que l’engagement dans l’Eglise est d’importance secondaire grandit chez les enfants catholiques.
3. La transmission de la foi aux nouvelles générations a atteint un point extrêmement critique et constitue un défi majeur.
d) De quelle manière les Eglises locales et les mouvements de spiritualité familiale ont-ils su créer des manières d’agir qui peuvent servir d’exemple ?
1. Divers groupes et mouvements poursuivent leurs efforts en ce sens.
e) Quelles contributions spécifiques les couples et les familles peuvent-ils apporter à la diffusion d’une notion crédible et globale du couple et de la famille chrétienne d’aujourd’hui ?
1. Il est indispensable d’avoir un type d’approche radicalement nouveau.
2. La formation à vie dans la foi est nécessaire pour les couples. Particulièrement dans la période comprise entre la confirmation et le mariage, une formation organique systématique est nécessaire, suivie d’une préparation immédiate au mariage et, par la suite, poursuivie pendant trois à cinq ans. Ensuite, à certaines étapes marquantes (10, 25, 50 ans), une remise à niveau serait nécessaire.
f) Quelle attention pastorale l’Eglise a-t-elle apportée pour venir en aide aux jeunes couples et aux couples en situation de crise ?
1. Outre des rencontres ad hoc en tête-à-tête (ou en couple) de prêtres avec les couples ayant besoin d’aide, il n’y a pas de programmes spécifiques. Toutefois, les prêtres sont rarement formés pour faire face efficacement à ces situations. Une formation continue pour le clergé est nécessaire.
2. Les problèmes des mariages internationaux nécessitent une attention particulière. Dans les cas particuliers de femmes venues au Japon pour épouser quelqu’un d’une zone rurale, les différences religieuses, culturelles et linguistiques suscitent de nombreux problèmes. Ces femmes sont une réalité croissante dans l’Eglise japonaise. La formation sacerdotale doit comporter l’acquisition d’une seconde langue afin d’apporter un soutien pastoral aux migrants.
4. La pastorale dans certaines situations conjugales difficiles
a) La cohabitation ad experimentum est-elle une réalité pastorale dans votre Eglise particulière ? Pouvez-vous donner un pourcentage approximatif ?
1. Les couples qui se marient après avoir vécu ensemble ne sont pas rares. Selon les statistiques du ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales (2011), 17 % des couples qui se marient avaient vécu ensemble l’année précédant le mariage.
2. Un répondant a dit : « Presque tous les couples que j’ai mariés au cours des dernières années ont vécu ensemble plusieurs mois avant leur mariage. Aucun n’a reconnu que cela allait à l’encontre des prescriptions de l’Eglise. »
3. Parfois, dans la situation courante d’un seul conjoint catholique, le conjoint non catholique refuse de se marier selon les lois de l’Eglise. Dans d’autres cas, les couples restés éloignés de l’Eglise reviennent après quelques années de vie commune ou un mariage civil.
4. En ce domaine comme en beaucoup d’autres, le grand nombre de catholiques migrants au Japon suscite des besoins pastoraux particuliers.
5. Il y a de nombreux cas au Japon de catholiques venus de l’étranger qui ont contracté des mariages civils avec des non-chrétiens. Dans de rares cas, le conjoint japonais devient catholique ultérieurement, mais en majorité ils continuent à vivre leur vie de couple sans passer par une démarche d’Eglise. Dans certaines paroisses rurales où la majorité des catholiques sont étrangers, ce n’est que l’un des nombreux problèmes pastoraux auxquels ils sont confrontés. Pourtant, en voyant comment vivent ces catholiques dans un environnement culturellement conservateur et leur participation active dans leurs paroisses et pour l’évangélisation, il est clair qu’une réponse urgente à leur situation est nécessaire.
6. L’action pastorale de l’Eglise doit partir des prémisses que l’union libre et le mariage civil sans mariage religieux sont devenus la norme. L’Eglise doit être le lieu où ces couples peuvent trouver un accueil qui leur permettra de réfléchir plus profondément à ces questions.
7. En développant une orientation pastorale, il est peut-être important de rappeler que l’unique fois où dans l’Evangile Jésus rencontre avec certitude quelqu’un vivant une situation de cohabitation en dehors des liens du mariage (la Samaritaine au puits), il ne focalise pas sur elle. Il la traite plutôt avec respect et en fait une sorte de missionnaire.
b) Des unions qui ne sont reconnues ni religieusement ou civilement existent-elles ? Dispose-t-on de statistiques fiables ?
1. On ne dispose pas de données fiables sur ce sujet.
2. Il y a des cas de migrants ayant un conjoint et une famille dans leur pays d’origine et qui fondent ensuite une seconde famille au Japon. A nouveau, on ne dispose pas de statistiques fiables.
c) Les couples séparés et les divorcés remariés sont-ils une réalité pastorale dans votre Eglise particulière ? Pouvez-vous donner un pourcentage approximatif ? Comment gérez-vous cette situation dans des programmes pastoraux appropriés ?
1. De tels cas sont de plus en plus fréquents chez les catholiques, mais sans doute pas autant que dans les pays en majorité catholiques. Cependant, le taux de divorce chez les catholiques n’apparaît pas très différent de celui des non-catholiques. Mettre en place avec doigté une pastorale d’aide est un défi.
2. Il est important de noter qu’à vivre dans un pays à majorité non chrétienne, la plupart des chrétiens au Japon finissent par se marier avec des non-chrétiens. C’est identique pour les travailleuses venues de pays catholiques (Brésil, Pérou, Philippines, etc.). Plus souvent qu’ailleurs, elles épousent non seulement un non-chrétien, mais un non-chrétien divorcé qui, dans la plupart des cas, ne fera pas le choix du baptême. Parmi les migrants, il y en a qui ont pu laisser une famille dans leur pays d’origine et, en raison de l’époque, de la distance ou de la solitude, ils fondent une nouvelle famille au Japon. Aussi, il est rare que ceux-ci reçoivent le sacrement du mariage. Nous leur souhaitons la bienvenue à l’Eglise et nous invitons leurs enfants au catéchisme du dimanche car ces derniers sont innocents. Souvent, l’église paroissiale est pour eux une oasis qui les accepte sans porter de jugement tout en essayant de les aider à mener une vie chrétienne au milieu des difficiles réalités de la vie quotidienne
d) Dans tous les cas précédents, comment les baptisés vivent-ils ces situations irrégulières ? Sont-ils bien informés ? Sont-ils simplement indifférents ? Se sentent-ils marginalisés ou souffrent-ils de l’impossibilité de recevoir les sacrements ?
1. La plupart de ceux qui vivent de telles situations sont apparemment indifférents. Certains peuvent rompre leurs liens avec l’Eglise plutôt que d’en affronter le jugement.
2. Il y a aussi beaucoup de gens qui souffrent des mêmes situations, encore que sans aucune faute de leur propre chef, ils ne peuvent pas recevoir les sacrements
e) Quelles interrogations suscitent à l’Eglise les divorcés remariés au sujet des sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation ? Parmi ceux qui se trouvent dans ces situations, combien demandent ces sacrements ?
1. Peu d’entre eux se posent la question des sacrements. Ils ont pris la décision de recevoir les sacrements ou non et s’en tiennent à leur choix. D’autres restent tout simplement éloignés de l’Eglise.
2. Il y a des gens qui ignorent qu’ils ne peuvent pas recevoir l’Eucharistie quand ils se sont remariées après un divorce. Même parmi ceux qui sont au courant, il y en a qui reçoivent l’Eucharistie, et on trouve des prêtres qui ne disent rien, même s’ils connaissent les situations. Parmi ceux qui fréquentent l’église, presque tous s’attendent à recevoir le sacrement.
f) Est-ce qu’un assouplissement de la procédure canonique reconnaissant une déclaration de nullité du lien matrimonial apporterait une contribution positive pour résoudre les problèmes des personnes concernées ? Si oui, sous quelle forme ?
1. Une procédure simplifiée des annulations n’est pas seulement nécessaire, elle est indispensable. Particulièrement dans un pays de mission comme le Japon où les chrétiens sont peu nombreux et où le Code civil admet le divorce, il serait très difficile d’obtenir la coopération de la partie non chrétienne dans les procédures de l’Eglise. Dans certains cas, on pourrait même accuser l’Eglise d’attenter aux droits fondamentaux de l’homme en posant des obstacles supplémentaires. Même si la simplification est nécessaire dans le respect des dispositions légales, une réponse réaliste à la situation à laquelle ces personnes sont confrontées est indispensable.
2. A commencer par les évêques, de nombreuses voix réclament une simplification des procédures de déclaration de nullité afin que le traitement des divorcés remariés soit plus pastoral. On spécule beaucoup sur le fait que l’un des motifs du prochain Synode est que le Saint-Père souhaite recueillir des appels du monde entier en faveur d’un tel assouplissement. L’une des raisons pour appeler au changement est que 90 % des mariages religieux au Japon se font entre un baptisé et un non-baptisé, ce qui implique droit canon et tribunaux. Même si avant que le mariage ait lieu, le conjoint catholique s’engage à conserver sa religion, à faire baptiser et à élever les enfants dans la foi catholique, une fois que le mariage a eu lieu, il peut être difficile pour un catholique de tenir ces promesses. Même le simple fait d’aller à la messe, sans même évoquer la question du baptême des enfants, peut être impossible. Dans de telles situations où les engagements ne sont pas tenus et où même un divorce peut avoir été prononcé, le genre de parution au tribunal du conjoint non catholique que Rome exige pour une déclaration de nullité est presque toujours impossible. Naturellement, Rome prend comme point de départ le mariage de deux catholiques, et par conséquent, ces procédures ont un sens. Toutefois, ces procédures et ces principes ne sont pas applicables dans le cas de mariage mixtes. Certes, on doit rechercher autant que possible la coopération du conjoint non catholique. Toutefois, dans les cas de maladie mentale ou de violence conjugale, par exemple, l’instance d’émission d’une déclaration de nullité doit demeurer au tribunal local.
3. La simplification des procédures judiciaires sera le salut pour ceux qui souffrent.
g) Existe-t-il un ministère pour ces cas ? Décrivez cette pastorale. Existe-t-il de tels programmes aux niveaux national et diocésain ? Comment la miséricorde de Dieu est-elle annoncée aux conjoints séparés et aux divorcés remariés et comment l’Eglise met-elle en pratique son aide pour contribuer à leur cheminement dans la foi ?
1. Il n’y a pas de pastorale particulière. Les prêtres répondent aussi pastoralement possible, mais le peuple de Dieu semble avoir dépassé le besoin d’un tel ministère. Ils ont pris une décision et vivent selon ces décisions.
5. Unions entre personnes de même sexe
a) Existe-t-il une législation dans votre pays reconnaissant les unions civiles pour les personnes de même sexe et l’assimilant en quelque sorte au mariage ?
1. Au Japon, la reconnaissance juridique de couples de même sexe n’existe pas.
b) Quelle est l’attitude des Eglises locales et particulières tant l’égard de l’Etat en tant qu’il promeut les unions civiles entre personnes de même sexe qu’à l’égard des personnes qui sont impliquées dans ce type d’union ?
1. L’Etat ne favorise pas de tels mariages et l’Eglise n’a pas manifesté de position particulière envers la possibilité d’un changement éventuel.
c) Quelle pastorale peut être menée en direction de ceux qui ont choisi de vivre dans ce type d’unions ?
1. Il n’existe pas encore de pastorale spécialisée.
d) Dans le cas d’unions de personnes de même sexe ayant adopté des enfants, quelle pastorale peut être mise en place à la lumière de transmission de la foi ?
1. A ce jour, aucun de ces cas n’a été signalé au Japon.
6. Education des enfants nés hors mariage
a) Quelle est la proportion estimée d’enfants et d’adolescents dans ces cas, au regard des enfants nés et éduqués dans des familles régulièrement constituées ?
1. D’après les statistiques du ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales (2013), 2,2 % des naissances ont lieu hors mariage.
b) De quelle manière ces parents approchent-ils l’Eglise ? Que lui demandent-ils ? Demandent-ils uniquement les sacrements ou veulent-ils aussi une catéchèse et un enseignement général de la religion ?
1. Quand ces parents se rapprochent de l’Eglise, ils s’attendent à recevoir tout ce que les autres se rapprochant de l’Eglise en attendent. Cela peut devenir l’occasion d’une catéchèse concernant la conception par l’Eglise de la vie de famille.
2. De nombreux cas de parents vivants hors mariage (divorcés et remariés, bigames) qui accompagnent leurs enfants à l’Eglise sont des migrants venant de pays catholiques. Ils ont une forte identité catholique alors même que l’Eglise ne peut approuver leur situation.
c) Comment les Eglises particulières tentent de répondre aux besoins des parents de ces enfants pour leur donner une éducation chrétienne ?
1. Il n’y a aucune discrimination fondée sur la situation familiale des enfants. Il est évident que les parents qui accompagnent leurs enfants à l’église se consacrent à l’éducation chrétienne de leurs enfants.
d) Quelle est la pratique sacramentelle dans ces cas : préparation, administration du sacrement et accompagnement ?
1. Tous les enfants sont traités de la même manière. Dans le cas d’enfants issus de familles irrégulières, la préparation aux sacrements (baptême, première communion et confirmation) peuvent être l’occasion d’évangéliser et catéchiser toute la famille.
7. L’ouverture du couple à la vie
a) Quelles connaissances ont les chrétiens d’aujourd’hui des enseignements de l’encyclique Humanae vitae sur la paternité responsable ? Sont-ils au courant de la façon d’évaluer moralement les différentes méthodes de planning familial ? A cet égard, quelle pastorale pourrait-on proposer ?
1. Les catholiques d’aujourd’hui sont indifférents ou ignorent l’enseignement de l’Eglise.
2. Au Japon, la plupart des catholiques n’ont pas entendu parler de l’encyclique Humanae vitae. S’ils l’on été et selon toute probabilité, cela n’a pas de part importante dans leur vie. Les valeurs sociales et culturelles, ainsi que les considérations financières sont plus importantes.
3. S’il peut y avoir une mention de l’enseignement de l’Eglise sur le contrôle artificiel des naissances au cours de la préparation au mariage, la plupart des prêtres ne mettent pas l’accent sur ces instructions. Le conjoint catholique d’un couple mixte peut trouver cet enseignement impossible à suivre.
4. Il y a un véritable fossé entre le Vatican et la réalité. Dans les cours d’éducation sexuelle des écoles, on recommande l’utilisation du préservatif.
b) Cet enseignement moral est-il accepté ? Quels sont les éléments les plus difficiles à admettre pour la grande majorité des couples ?
1. L’enseignement moral de l’encyclique Humanae vitae est le plus souvent méconnu et n’est pas enseigné ; là où on le connaît, il n’est pas respecté.
c) Quelles sont les méthodes naturelles favorisées par les Eglises particulières pour aider les époux à mettre en pratique les enseignements de l’encyclique Humanae vitae ?
1. Il y a quelques tentatives d’introduction de telles méthodes comme la méthode Billings, mais peu de gens sont au courant. Dans sa majorité, l’Eglise japonaise ne se polarise pas sur les questions sexuelles.
d) En ce domaine, quelle est votre expérience dans la pratique du sacrement de Pénitence et de la participation à l’Eucharistie ?
1. Mis à part l’avortement, il ne semble pas y avoir beaucoup de sentiment de culpabilité au sujet de la contraception.
e) Quelles sont les différences constatées à cet égard entre l’enseignement de l’Eglise et de l’éducation civique ?
1. En général, l’éducation civique présente de manière favorable les pratiques telles que l’avortement, l’utilisation du préservatif (en particulier pour prévenir le VIH/sida), le divorce et le remariage et, dans l’ensemble, distingue l’acte sexuel de la procréation dans son enseignement.
f) Comment peut-on encourager une attitude plus ouverte pour avoir des enfants ? Comment promouvoir une augmentation des naissances ?
1. Beaucoup d’épouses travaillent hors du foyer, ce qui a une incidence sur le nombre des naissances. Le coût élevé de l’éducation des enfants jusqu’à l’âge adulte, en particulier le coût des études, dissuade d’avoir de nombreux enfants. Comme on vit davantage en appartements plutôt que dans des maisons individuelles, les appartements exigus limitent le nombre d’enfants qu’un couple peut avoir. L’une des conséquences de la forte urbanisation de la société japonaise est que les familles ne disposent pas d’un réseau d’accès facile de parents pouvant aider à l’éducation des enfants. L’incertitude sur la situation économique du Japon à long terme fait qu’on hésite à avoir beaucoup d’enfants.
2. En plus des facteurs économiques conduisant à une baisse du taux de natalité, il existe aussi des facteurs sociaux. Les femmes veulent des choix plus larges dépassant la seule maternité. Un mode de vie matériellement confortable est généralement impossible pour une grande famille.
3. Afin qu’il soit possible à tous les enfants de vivre dans la dignité d’enfants de Dieu, c’est la responsabilité du planning familial de garantir qu’ils ont accès à la nourriture, aux soins médicaux et à l’éducation.
4. Pour les raisons ci-dessus, afin d’améliorer la situation actuelle, l’Eglise doit diversifier son travail avec des organisations gouvernementales et civiques. De plus, la préparation au mariage doit inclure la planification familiale et aussi faire comprendre qu’avoir des enfants et les éduquer fait partie du mariage.
8. La relation entre la famille et de la personne
a) Jésus-Christ révèle le mystère et la vocation de la personne humaine. Comment la famille peut-elle être ce lieu privilégié pour les susciter ?
1. Même dans une famille où un seul membre est catholique, chaque membre est un don unique de Dieu.
2. La famille peut être un lieu où les individus reconnaissent la dignité de l’autre et se rejoignent dans la prière. Dans l’union, ils complètent leurs forces respectives. Dans les difficultés et les crises survenant dans la maison, ils s’en tiennent à leur foi dans un plan d’amour pour eux et unissent leurs difficultés au sacrifice du Christ sur la croix. Ainsi, la famille devient une véritable école d’amour, une église domestique. De plus, par la solidarité avec les autres, surtout ceux qui sont dans le besoin, ils partagent les grâces spirituelles et matérielles reçues et donnent ainsi au monde un témoignage d’amour.
3. Chaque enfant a besoin de vivre dans la protection et la chaleur du foyer parental. Dans une maison où règne la paix, l’existence de l’enfant doit s’affirmer et la solitude être bannie. Les chants et les jeux doivent y régner ainsi qu’un joyeux apprentissage. Quand on fait des erreurs, on doit avoir l’occasion de les corriger et ainsi, les enfants peuvent aller en confiance vers leurs rêves. Nous devons construire des familles où tout cela peut être réellement vécu.
4. Les enfants ont besoin de sentir qu’à tout moment, Jésus est avec eux, et qu’ainsi ils ne sont jamais seuls. Il est pour nous tous la véritable espérance.
b) Dans la famille d’aujourd’hui, quelles sont les situations critiques pouvant entraver une rencontre avec le Christ ?
1. Le déluge d’informations et l’envahissement du consumérisme, l’hédonisme et l’individualisme.
2. Les parents qui sont occupés par leur vie quotidienne et ont peu de marge de manœuvre émotionnelle se trouvent dans l’impossibilité de prendre le temps de rencontrer Dieu dans la paix, le silence et la prière.
3. Les enfants sont submergés d’informations. Même après l’école, ils sont occupés. Ils n’ont même pas le temps de dormir suffisamment ou de jouer. Aussi, il leur manque le silence intérieur où on rencontre sa vraie nature. Naturellement, ils ne prient pas.
4. Dans les cas où les deux parents travaillent, de nombreux enfants reviennent dans une maison qui est vide. Les repas pris en commun sont rares. Par conséquent, il n’y a pas de possibilité de partager une conversation. Chaque membre de la famille rencontre des difficultés, mais comme il n’y a pas de camaraderie, chacun est seul et a peu d’expérience d’aimer ou d’être aimé.
5. Parfois, maris et femmes ne se respectent pas mutuellement comme une personnalité unique. Parfois, ils considèrent leurs enfants comme des possessions plutôt que de les respecter comme un don de Dieu.
6. Encore que la maison soit un refuge qui peut redonner confiance après avoir été dévasté par la méfiance, le stress, après avoir été traité comme un objet hors de la maison, les possibilités de guérison sont devenues rares. Beaucoup d’enfants sont incapables de vivre l’expérience de l’amour désintéressé et durable de Dieu à travers celui de leurs parents.
7. Il peut y avoir un affaiblissement du sens de la vocation et de la responsabilité chez les parents. Des facteurs externes tels que les aspirations sociales, l’individualisme et le relativisme ont également un impact.
8. Violences conjugales, maltraitance des enfants, repli social et suicides sont devenus les problèmes auxquels l’Eglise fait face. On ne débat pas ouvertement de ces problèmes, ni dans la société ni au sein de l’Eglise. Là où les chrétiens sont rares, il existe de nombreux cas où il n’y a qu’un seul croyant dans une famille, il y a donc peu de chances qu’on partage des préoccupations domestiques.
9. Avec le départ de beaucoup de jeunes vers les villes, le vieillissement rural s’accélère. Beaucoup de catholiques âgés sont désormais coupés de la vie paroissiale et peuvent souffrir de la solitude. Il y a peu d’établissements pour les personnes âgées ayant des liens avec l’Eglise et les catholiques qui rejoignent d’autres institutions sont séparés de l’Eglise, même en fin de vie. Peu d’institutions publiques ou privées accueillent les visites de personnel religieux. Certaines interdisent même de telles visites. Considérant que le nombre de catholiques qui vivent à l’hôpital ou dans d’autres établissements est en augmentation, il est nécessaire que dans la société, l’Eglise mette l’accent sur les besoins religieux en fin de vie.
c) Dans quelle mesure les nombreuses crises de la foi que les gens peuvent rencontrer affectent la vie de famille ?
1. L’impact est considérable. Dans le passé, lorsque les personnalités ou les valeurs d’un couple ne concordaient pas ou quand existaient d’autres situations devenues aujourd’hui des causes de divorce, le couple s’en remettait à Dieu et vivait avec ces difficultés. Aujourd’hui, même quand un couple est croyant, l’opinion commune dit qu’ils ne doivent pas supporter de telles situations. La famille chrétienne est écrasée par les valeurs de la société. En d’autres termes, elle ne reflète plus le sens chrétien de la foi et la vision de l’homme. Par conséquent, même si les enfants grandissent dans un foyer chrétien, les valeurs qu’ils acquièrent sont celles de la société. Formatés pour danser sur la musique d’une société qui met l’accent sur les études pour des raisons d’insertion économique et dans leur désir de ne pas être exclus de la société, les jeunes n’ont pas de marge de manœuvre pour cultiver une vocation. Il s’agit de la plus grande crise de la foi posée aux familles.
2. A cause de la crise de la foi, le risque existe que Dieu disparaisse des familles qui finiront alors par devenir des lieux égocentriques et sans amour.
3. La crise de la foi est aussi une crise de l’amour. Comme il devient impossible d’accepter sa propre existence et celle des autres avec amour, les bases de la vie de famille – esprit apaisé et sentiment de confiance et d’amour – en seront affectées.
4. Quand l’esprit et le corps sont consacrés au court terme, les préoccupations spirituelles disparaissent.
5. Une crise de la foi se produit lorsque sa relation avec Dieu s’affaiblit et que disparaît la crainte de Dieu en se focalisant sur soi-même. Il s’ensuit des relations humaines devenues difficiles et une menace pour la vie familiale. Cela explique, par exemple, des cas de décès sans accompagnement, le refus de soins aux personnes âgées, la négligence des enfants, l’exploitation des enfants ou des parents et l’isolement social chez les jeunes. Ainsi, les problèmes de la société moderne deviennent supérieurs à ceux auxquels la famille peut faire face, conduisant à la fracture de la famille, de la communauté et de la communauté chrétienne. Pour les familles, s’intéresser et s’impliquer dans la vie familiale est une nécessité urgente.
9. Autres défis et propositions
Quels autres défis ou propositions relatifs aux sujets en rapport aux questions précédentes considérez-vous comme urgents et utiles de traiter ?
1. Il est nécessaire de compléter la pastorale des personnes confrontées à des difficultés dans leur vie familiale en leur montrant l’enseignement de l’Eglise sur le mariage et la famille. De plus, il est nécessaire d’aller plus loin que dire simplement aux hommes et aux femmes qui ne suivent pas les prescriptions de l’Eglise qu’ils sont séparés de la communauté ; il faut activement leur donner des occasions de rencontrer la communauté chrétienne. A l’heure actuelle, il est difficile de prétendre que, dans nos paroisses, les comportements adéquats sont fréquents ou que l’interprétation du mariage lui-même n’a pas été édulcorée, même chez les catholiques.
2. Les questions et les thèmes de cette étude ont été développés dans l’état d’esprit d’un pays chrétien où la famille entière est chrétienne. Par exemple, on semble considérer les mariages religieux mixtes comme un problème. Au Japon, cependant, l’écrasante majorité des mariages implique diverses religions. Dans ce contexte, nous devons nous demander ce que signifient foyer chrétien et famille chrétienne. Le nombre croissant de ceux qui ne se marient pas, l’augmentation des familles monoparentales, la situation des personnes âgées et le vieillissement de la société, les problèmes auxquels sont confrontés les enfants des personnes âgées sont autant de problèmes inconnus dans le passé auxquels la vie de famille actuelle doit faire face.
3. Cette période de « l’Année de la Famille » qui chevauche deux années est pour l’Eglise une occasion de réexaminer et d’approfondir son interprétation de l’Evangile touchant la famille.
4. S’il importe de continuer à insister sur l’importance de la famille et de la vie, l’Eglise doit aussi apporter des remèdes, soutenir et encourager ceux qui ne peuvent pas répondre à un idéal plutôt que juger et critiquer.
5. Pour une Eglise comme celle qui est au Japon, les cérémonies comme les mariages et les funérailles doivent être des occasions pour annoncer l’Evangile. On doit y mettre davantage d’énergie. Bien sûr, c’est le principe qui sous-tend toutes les activités de l’Eglise, telle la liturgie quotidienne, mais la majorité de ceux qui assistent à des mariages, à des funérailles, à des messes commémoratives et des messes anniversaires ne sont pas chrétiens. Pour beaucoup d’entre eux, c’est leur première rencontre avec l’Eglise catholique. Même si ces rencontres ne constituent pas une évangélisation directe, elles sont pour eux l’occasion de rencontrer la « bonne odeur » du christianisme. Même en gardant à l’esprit les différents problèmes qui se posent aujourd’hui à la vie de famille, il est important de se rappeler et de souligner les points forts de la famille japonaise traditionnelle. Sans que soient nécessaires encouragements, invitations ou cajoleries, le Japonais participe toujours aux funérailles ou aux mariages comme une obligation naturelle. Telle est la puissance de traditions qui ne peuvent être ignorées et sur lesquelles l’Eglise doit s’appuyer. En ce domaine, l’Eglise reste souvent en deçà, mettant la barre d’entrée très haut, manquant d’hospitalité et de bienveillance pratique. Ainsi nous l’enseigne la Lettre aux Hébreux (13,2) : « N’oubliez pas l’hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges. » L’Eglise doit être un refuge pour ceux que le voyage de la vie a épuisé et les cérémonies sont l’occasion de pouvoir découvrir ce refuge.