Eglises d'Asie

Fêtes de la Toussaint en Asie du Sud : une opportunité de rassemblement œcuménique pour les minorités chrétiennes

Publié le 02/11/2015




« C’est beau de voir que les cimetières deviennent un lieu exceptionnel d’entraide et d’harmonie entre catholiques et protestants ! », confie le P. Theotonius Rebeiro, chancelier de l’archidiocèse catholique de Dacca. Ce 2 novembre dernier, dans la plupart des grandes villes d’Asie du Sud, des milliers de chrétiens, …

… fleurs et bougies à la main, ont convergé vers les cimetières chrétiens de leur ville. Au Bangladesh, au Pakistan ou en Inde, les fêtes de la Toussaint et des défunts sont l’occasion de vivre un événement œcuménique, lors de grands rassemblements organisés dans les cimetières (1). Pour les minorités chrétiennes de ces pays, régulièrement sujettes aux discriminations et aux tensions interreligieuses, ces rassemblements sont un baume « d’unité et d’harmonie ».

A Dacca, au Bangladesh, pays très majoritairement musulman, protestants et catholiques ont l’habitude de partager les mêmes cimetières, plus communément appelés « cimetières chrétiens ». « Le cimetière est ce lieu qui permet de rassembler tous les chrétiens. C’est le symbole le plus fort de l’harmonie entre nous », a confié à l’agence Ucanews, le pasteur David Aniruddha Das, secrétaire du National Council of Churches du Bangladesh.

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Légende photo : Une chrétienne en prière, devant une tombe à Dacca. (Ucanews/Stephan Uttom)
 

Au Pakistan, à Karachi, le Gora Qabristan (‘le cimetière blanc’) (2) se distingue par sa « vitalité œcuménique ». « Le 2 novembre, du matin au soir, ce sont près de 30 000 personnes qui sont venues fleurir les tombes et prier pour leurs défunts », témoigne une des personnes en charge du cimetière. « Cette fête de la Toussaint est unique en son genre, car elle permet de rassembler les fidèles de différentes Eglises au même endroit ; c’est la seule fête en extérieur où catholiques et protestants sont réunis ; d’habitude chacun reste dans son église ou son temple », ajoute Francis Chowry, un fidèle catholique. Pour Stephan Sam, un protestant de 56 ans venu préparer des obsèques, « une fois que vous êtes à Gora Qabristan, il n’est plus question de catholiques ou de protestants, mais seulement de chrétiens. D’ailleurs, pour les habitants de Karachi, majoritairement musulmans, ce cimetière est le cimetière des chrétiens », précise-t-il.

A New Delhi, en Inde, même engouement : « Du matin au soir, des milliers de personnes se sont pressées dans les différents cimetières chrétiens de la ville », déclare Paul Joshua, secrétaire du Delhi Cemetery Committee, en charge de la gestion des quatre cimetières chrétiens de la capitale fédérale indienne. « Aux abords des cimetières, c’est comme une mela (‘ fête religieuse’), avec cette succession de stands de fleurs, de bougies et de bâtons d’encens ». Pour le P. Dominic Swaminathan, impliqué dans le dialogue œcuménique, « c’est une occasion pour les chrétiens de se réunir entre amis de longue date et de raviver les souvenirs anciens. Les gens s’aident mutuellement en nettoyant les tombes, en partageant leurs bouquets de fleurs et en réparant ensemble les croix abîmées ». Pour A.-C. Michael, fidèle catholique engagé dans l’œcuménisme, ce serait vraiment « un œcuménisme concret si nous organisions des temps de prière en commun, plutôt que d’avoir des temps de prières propres aux méthodistes, aux anglicans et aux catholiques ».

A Karachi, les fêtes de la Toussaint et des défunts sont également attendues avec empressement par des non-chrétiens. Nadeem Abbas, musulman vendeur de fleurs près de la porte principale du cimetière Gora Qabristan, voit ses ventes s’envoler le jour de la Toussaint. « Afin de répondre à cette forte demande, nous devons faire venir des fleurs d’Hyderabad », explique-t-il avec entrain en précisant toutefois qu’une cinquantaine de vendeurs ambulants de différents quartiers de la ville profitent de l’occasion pour venir s’installer aux abords du cimetière.

Idem à New Delhi, où la fête des défunts fait également le bonheur des vendeurs de fleurs, et des nettoyeurs de tombes. « Mon chiffre d’affaires est multiplié par quatre, ce jour-là », explique Sunil Singh, vendeur de fleurs près du York Cemetery, sur Prithvi Raj Road. Même enthousiasme pour Eric Minj, nettoyeur de tombe au même endroit : « Les gens qui viennent prier donnent également de bons pourboires, c’est une bonne journée pour moi ! »

(eda/nfb)