Eglises d'Asie – Philippines
Pour le cardinal Tagle, les églises détruites par le tremblement de terre sont une métaphore de l’Eglise à reconstruire
Publié le 17/10/2013
… lors de la messe d’ouverture de la Conférence philippine pour la nouvelle évangélisation (PCNE), manifestation de trois jours convoquée par le cardinal-archevêque de Manille afin de promouvoir le renouveau de son diocèse, et au-delà, de celle de l’Eglise des Philippines.
La veille, le 15 octobre à 08h12, un tremblement de terre de magnitude 7,2 avait ébranlé le centre de l’archipel philippin, faisant d’importants dégâts sur l’île de Bohol et la ville voisine de Cebu. Cent cinquante-huit morts ont été dénombrés à ce jour par les autorités philippines, qui soulignent que le bilan humain aurait pu être nettement plus élevé si le séisme ne s’était pas produit un jour férié (l’Aïd el-Kébir est férié aux Philippines), jour où les écoles, les administrations et les bureaux sont fermés.
Plus puissant séisme à s’être produit dans la région depuis 1700, le tremblement de terre a aussi mis à terre plusieurs églises, dont quatre au moins remontaient à la période de la colonisation espagnole et figuraient au nombre des « trésors culturels nationaux ». Mgr Leonardo Medroso, évêque de Tagbilaran, diocèse situé sur la partie sud-ouest de l’île de Bohol, a confirmé que ces églises anciennes avaient été entièrement détruites et que chacune des 58 églises de son diocèse avait été, à un degré ou à un autre, endommagée par la secousse. Parallèlement au recensement des dégâts matériels, tant l’Eglise sur place que les autorités civiles ont pris progressivement les mesures nécessaires pour venir en aide à une population de 3,4 millions de personnes, bon nombre d’entre elles ne voulant pas regagner leurs habitations par crainte d’un nouveau séisme.
A Manille, dans le stade de l’université Santo Tomas où 6 000 personnes étaient réunies pour l’ouverture de la PCNE, le cardinal Tagle ne pouvait faire autrement qu’ouvrir son propos par le drame qui venait de se jouer à Bohol et Cebu. « C’est absolument déchirant de voir comment des églises monuments historiques, qui ont été à la fondation de notre foi durant des siècles, ont été réduites en un instant en un tas de ruines », s’est exclamé le cardinal.
Mais fidèle à l’objet qu’il s’était lui-même fixé pour ces trois journées de rencontre et de partage, et citant l’appel reçu par François dans l’église en ruines de San Damiano à Assise, il a continué en s’interrogeant sur le sens de la reconstruction qui sera menée dans les semaines et les mois à venir. « Comment reconstruire les églises et l’Eglise sans faire de Jésus la pierre angulaire ? Comment penser à reconstruire sans mettre au centre sa Parole qui donne la vie ? Comment pouvons-nous penser à consolider l’Eglise sans l’Esprit Saint qui transforme les cœurs de pierre en cœurs de chair et qui fait de nous tous un temple vivant ? », a exhorté le jeune cardinal.
Au-delà des églises détruites à Bohol et Cebu, a poursuivi le prélat, ce qui est encore plus triste est que cette catastrophe est survenue à un moment où le pays peinait à se remettre d’une série de crises, à savoir les combats qui ont ensanglanté la ville de Zamboanga à Mindanao, le passage de plusieurs typhons, et le scandale politico-financier du ‘pork barrel’. « Nous ne pouvons oublier ce qui s’est passé à Zamboanga, Jolo, Basilan et Cotabato. Ni oublier les paysans qui se remettent à peine des effets destructeurs de la mousson et du typhon Santi (…). Sans omettre le fait que les Philippins sont encore accablés par les révélations de ces derniers mois au sujet des détournements de fonds publics, des fonds qui auraient dû être consacrés à des missions de service social », a souligné le cardinal, expliquant que ce qu’il voulait « humblement » insuffler dans son Eglise, à l’occasion de ces trois jours de PCNE, était « la construction, l’édification d’une Eglise enracinée en Jésus, en sa Parole, dans l’Esprit Saint ». « La foi au milieu des ruines », a-t-il conclu.
(eda/ra)