Eglises d'Asie – Taiwan
Le prix de la Fondation culturelle franco-chinoise a été décerné aux Missions Etrangères de Pa-ris, installés à Hualien, pour leur travail « humanitaire et social » auprès des aborigènes de l’île
Publié le 18/03/2010
Taiwan compte environ 22 millions d’habitants et, aux côtés des 98 % de Chinois Hans (eux-mêmes divisés en Minnans – 74 % -, Continentaux – 14 % – et Hakkas – 10 %), la population taiwanaise compte un peu moins de 2 % d’aborigènes. Répartis en onze ethnies principales, ces derniers depuis ces cinquante dernières années se sont retrouvés être les laissés pour compte du développement économique. Au nombre de 380 000 personnes selon les statistiques officielles mais sans doute 450 000 dans la réalité, ils sont encore en partie adeptes de pratiques animistes ou chamanistes ; plusieurs ethnies toutefois se sont converties au christianisme. Depuis de longues années, les prêtres des MEP se sont consacrés à leur évangélisation et ont travaillé auprès d’eux, contribuant à leur bien-être que ce soit par un travail de conservation de leurs langues ou par des œuvres sociales et éducatives (1). Au départ surtout concentré dans la région de Hualien, où vit une grande partie des aborigènes, leur apostolat a évolué au fil du développement économique de l’île.
Au début des années 1970, en particulier, prenant conscience que l’émigration vers les villes affectait leurs paroisses, les prêtres des MEP ont envoyé un des leurs, le P. Gérard Cuerq, rapidement rejoint par le P. Jean-Marie Redoutey, à Taipei, la capitale, afin d’y retrouver les catholiques aborigènes originaires du diocèse de Hualien et, si possible, d’opérer un certain regroupement pour les servir dans leur vie spirituelle comme dans les autres domaines. L’une des difficultés que les prêtres ont rencontrées a été les conséquences sur les familles aborigènes du progrès économique. En l’espace d’une génération, les jeunes ont quitté Hualien et semblé fuir tout ce qui, à leurs yeux, les reliait à leur identité d’aborigène : leurs parents, leur clan, l’Eglise, les institutions mises en place par les missionnaires. Aujourd’hui, les jeunes qui ont grandi en ville n’ont pas connu le mépris manifesté à leurs parents par une partie de la population chinoise de Taiwan. Toutefois, émigrés en milieu urbain de la deuxième ou troisième génération, ils sont à la recherche de leurs propres racines. Certains viennent vers l’Eglise, même si ce mouvement débouche relativement rarement sur une conversion.