Eglises d'Asie – Vietnam
Un début d’année marqué par de graves atteintes à la liberté religieuse
Publié le 14/01/2016
… originel et du bouddhisme unifié. A plusieurs reprises, depuis sa fondation, le groupe a mis en ligne sur Internet des textes dénonçant l’attitude des autorités gouvernementales à l’égard des religions.
Le 9 janvier 2016, un texte signé par 23 pasteurs protestants, prêtres catholiques, religieux et dignitaires des religions énumérées ci-dessus, a rapporté des atteintes graves à la liberté religieuse commises par les autorités policières au cours des premiers jours de l’année 2016. Trois faits ont été rapportés. L’association appelle les autorités à cesser immédiatement ce type d’exactions.
Un premier développement concerne l’interdiction faite aux fidèles appartenant au « bouddhisme Hoa Hao originel » de célébrer le 96e anniversaire de la naissance du fondateur de la religion, le Vénérable Huynh Phu So, né en 1919 dans le village Hoa Hao (province de Châu Dôc). La cérémonie principale devait avoir lieu dans la commune de Long Giang (province de An Giang), le 1er janvier. Mais la police a bloqué tous les chemins menant au lieu de culte ainsi que le réseau de canaux par lesquels on pouvait y parvenir. Dans les trois provinces de Vinh Long, An Guang, Dông Thâp, la police locale a fait connaître aux divers dignitaires et fidèles Hoa Hao qu’il était interdit d’organiser les cérémonies de d’anniversaire et d’y participer. Les agents ont intercepté les croyants sur les chemins ou les ont empêchés de sortir de chez eux. La police a même injurié et maltraité des personnes âgées. Chaque année, à la même date, la police réitère cette même interdiction des cérémonies d’anniversaire du fondateur du bouddhisme Hoa Hao.
Le deuxième jour de l’année 2016, ce sont les bénédictins du monastère catholique de Thiên An, situé près de Huê, qui ont fait les frais d’une agression soigneusement organisée par les autorités locales. Un groupe de quelque 200 personnes, composé d’agents de la Sécurité publique, de miliciens et de membres de la section de la Fédération des femmes d’une commune voisine, a pénétré dans la propriété du monastère. Voilà seize ans que la propriété des bénédictins est l’objet des menaces et de spoliations de terrain perpétrées par les pouvoirs publics. Une bonne partie de la propriété a déjà été confisquée par l’Etat pour en faire un centre de loisirs.
Le 2 janvier dernier, le groupe d’intrus est arrivé jusqu’à une orangeraie, encore propriété des religieux. Là, ils sont emparés de troncs de pins récemment abattus par les religieux pour favoriser la croissance des orangers. Les religieux présents ayant protesté, les prédateurs les ont injuriés grossièrement, leur ont jeté des pierres et se sont emparés de l’appareil de photo ayant fixé la scène précédente. Le groupe est resté sur place jusqu’au soir. Il ne s’agit là que de la plus récente d’une longue série d’exactions commises par les forces policières dans cette propriété depuis l’année 2000.
La troisième atteinte à la liberté religieuse retenue par la Fédération des religions a eu lieu dans le diocèse catholique de Vinh (province du Nghê An), le 31 décembre 2015. Un prêtre, curé de paroisse, revenait en voiture d’une consultation médicale lorsqu’un groupe d’une vingtaine de voyous l’a agressé après l’avoir forcé à s’arrêter. Il a été sauvagement tabassé. La scène s’est déroulée sous les yeux du chef de la police locale, présent sur le bord de la route. Il est resté sans réaction, visiblement complice.
Les raisons de cette agression n’ont pas échappé aux familiers de ce prêtre. Le P. Dang Huu Nam est connu, en effet, pour le soutien qu’il a l’habitude d’apporter publiquement aux causes qu’il estime justes. Il a ainsi protesté contre la spoliation de biens d’Eglise. Aussitôt après leur arrestation, il avait demandé la libération immédiate des quatorze jeunes catholiques arrêtés, en 2011, dans son diocèse. Avant son agression, il avait reçu des menaces de mort par téléphone.
(eda/jm)