Eglises d'Asie

Inquiétude et indignation après l’assassinat de quatre Missionnaires de la Charité au Yémen

Publié le 09/03/2016




Vendredi 4 mars, quatre religieuses Missionnaires de la Charité, la congrégation fondée par Mère Teresa, ont été tuées par des hommes armés, dans le foyer pour personnes handicapées qu’elles géraient à Aden, au Yémen. Selon les forces de sécurité, au moins seize personnes, …

… dont une dizaine de collaborateurs, ont perdu la vie dans cette attaque, et un prêtre salésien indien, le P. Thomas Uzhunnalil, a été kidnappé. Selon des personnes interrogées et témoins de l’attaque, les terroristes appartiendraient au groupe Etat Islamique.

Sur les six missionnaires présents pendant l’attaque, trois étaient de nationalité indienne – deux sœurs Missionnaires de la Charité, dont une a survécu à l’attaque, et le prêtre salésien kidnappé –, témoignage de la vitalité missionnaire de l’Eglise catholique indienne jusque dans des contrées réputées pourtant difficiles. Les trois autres religieuses assassinées étaient d’origine africaine – deux rwandaises et une kényane.

La religieuse indienne, Sr M. Anselm, âgée de 57 ans, était originaire du diocèse de Gumla, dans l’Etat du Jarkhand. Selon Ucanews, la mère supérieure indienne, Sr Sally, originaire du Kerala, et rescapée de l’attaque, a pu être rapatriée à Abu Dhabi, aux Emirats arabes unis, avant de rejoindre une communauté de la congrégation missionnaire en Jordanie. Le P. Thomas Uzhunnalil qui a été kidnappé était, pour sa part, originaire de la communauté salésienne de Bangalore, dans le sud de l’Inde.

Le P. Matthew Valarkot est porte-parole de la communauté des salésiens de Bangalore. « Nous sommes presque sûrs que le P. Thomas a été kidnappé, bien que nous ne connaissons pas encore les raisons de cet acte », a-t-il indiqué à l’agence Ucanews, le 7 mars dernier, précisant qu’un autre confrère salésien se trouvait encore au Yémen, mais en lieu sûr.

Selon l’agence Fides, les Missionnaire de la Charité ont fait savoir qu’elles n’abandonneront pas le Yémen et quelles continueront à y servir les pauvres car « Mère Teresa a toujours été dans les coins du monde les plus isolés, en dépit des situations politiques locales ».

Réunis en assemblée plénière, à Bangalore, du 2 au 9 mars, les quelque 180 évêques catholiques indiens se sont rassemblés pour une prière commune à l’intention des victimes. Ils ont exprimé leur « préoccupation, indignation et douleur face à cette barbabie », ajoutant que « ces violentes attaques à l’encontre de missionnaires chrétiens perpétrés pas des esprits malfaisants ne décourageront pas notre engagement auprès des pauvres et des malades ». Très inquiets au sujet du sort du P. Thomas Uzhunnalil, ils ont appelé à sa libération immédiate.

Selon Mgr Paul Hinder, vicaire apostolique de l’Arabie du Sud (Emirats arabes unis, Oman, Yémen), interrogé par l’agence AsiaNews au sujet du P. Uzhunnalil, « aucune nouvelle ne filtre à son sujet et nous ne savons pas s’il est encore en vie », a-t-il indiqué, le 7 mars dernier.

Le 6 mars, le Saint-Père a exprimé sa « vive émotion » après cet attentat, assurant qu’il priait « pour les victimes » et exprimait « sa proximité spirituelle avec leurs familles et toutes les personnes affectées par cet acte de violence insensé et diabolique ». Le pape François souhaite que « ce carnage inutile réveillera les consciences, qu’il conduira à une conversion des cœurs et qu’il poussera les parties concernées par ce conflit à renoncer à la violence ».

Interrogé par Radio Vatican, Mgr Paul Hinder a expliqué qu’« être prudent et discret faisait partie de notre comportement général dans les pays de la péninsule, surtout dans un pays en conflit comme le Yémen ». Aujourd’hui, à cause de la violence et du risque d’enlèvement, les rares chrétiens expatriés, victimes collatérales de la guerre entre sunnites et chiites, sont partis. Il ne reste donc plus que les pauvres, ou ceux qui ont une mission particulière, comme les religieuses des Missionnaires de la Charité qui y ont versé leur sang, le 4 mars dernier.

D’après le Bureau de presse du Saint-Siège, le pape François signera, le 15 mars prochain, le décret pour la canonisation de la fondatrice des Missionnaires de la Charité, Mère Teresa de Calcutta, au cours d’un consistoire public. Le lieu de la cérémonie de canonisation, ni la date – sans doute en septembre prochain – n’ont pas été dévoilés.

(eda/nfb)