Eglises d'Asie

Enquête américaine sur la situation religieuse au Vietnam

Publié le 12/04/2016




A la fin du mois de mars dernier, l’ambassadeur itinérant des Etats-Unis pour la liberté religieuse dans le monde, David Saperstein, a effectué un voyage en Thaïlande et au Vietnam. Du 24 aux 25 mars, il a rencontré en Thaïlande des membres des communautés religieuses vietnamiennes, parmi lesquels des …

… croyants fuyant la persécution religieuse venus chercher asile dans ce pays. Du 26 au 31 mars, il a poursuivi sa visite au Vietnam où il s’est entretenu avec des membres du gouvernement et diverses personnalités du monde religieux et de la société civile. Cette visite a été relatée en première page (en langue anglaise) de certains organes de la presse officielle du Vietnam.

Au cours de son périple en Thaïlande, David Saperstein a rencontré un certain ordre de personnes réfugiées du Vietnam en Thaïlande à cause de leur foi. Au Vietnam, il a pris contact avec les dirigeants religieux du pays, ainsi qu’avec des hauts fonctionnaires du gouvernement vietnamien. A l’issue de son voyage, l’envoyé des Etats-Unis s’est entretenu avec un journaliste de Radio Free Asia.

Des réfugiés pour raison religieuse demandent asile à la Thaïlande

David Saperstein a d’abord relaté sa rencontre en Thaïlande avec plusieurs croyants réfugiés dans ce pays, venus de diverses communautés. Il s’agissait de chrétiens et de musulmans. Parmi ces réfugiés se trouvaient des personnes appartenant à des communautés minoritaires du Vietnam. La majorité de ces exilés a demandé le droit d’asile auprès du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations Unies. Toutefois, durant la période – qui peut être longue – entre leur arrivée en Thaïlande et leur premier entretien avec cet organisme onusien, ils vivent souvent dans des conditions difficiles et dans la clandestinité.

Concernant le Vietnam, le responsable américain a confié au micro de Radio Free Asia : « (…) Nous avons rencontré à Hanoi comme sur les Hauts Plateaux du centre, des dirigeants religieux et des responsables de « croyances » religieuses. Certains étaient reconnus et avaient été enregistrés auprès des autorités administratives ; d’autres non. Dans les villes et en de nombreux autres lieux, les responsables sont généralement d’accord pour reconnaître qu’il y a eu des améliorations successives de la situation religieuse. Des groupes n’ayant pas encore procédé à l’enregistrement peuvent cependant mener des activités religieuses. »

Obligation de faire enregistrer toutes les activités religieuses

La délégation des Etats-Unis a également constaté que les groupes religieux non encore enregistrés ont déjà pu mettre en œuvre un programme de désintoxication pour jeunes drogués. « Nous avons l’impression, a encore rapporté David Saperstein, que les choses vont dans le bon sens, même si chacun s’accorde à reconnaître que l’obligation de faire enregistrer les activités religieuses constitue un fardeau insupportable. En effet, les responsables des diverses institutions religieuses doivent faire connaître aux autorités gouvernementales toutes les activités qu’ils envisagent d’accomplir, que ce soit une assemblée à l’église, une séance d’études, une ordination, etc. » Cependant, d’après le représentant américain, les groupes religieux non enregistrés restent nombreux, en particulier au sein des minorités ethniques. C’est en leur sein que l’on enregistre le plus de menaces contre les personnes, de persécutions contre les communautés, d’interventions s’opposant même aux célébrations religieuses.

Le responsable de cette enquête des Etats-Unis sur la religion au Vietnam a ajouté qu’il avait pu rencontrer toutes les personnes dont il avait cité le nom, et contacter les diverses communautés religieuses sur lesquelles il voulait s’informer. Cependant, il signale aussi le cas de l’épouse du pasteur protestant Nguyên Cong Chinh condamné en 2011 à onze années de prison, qui a été empêchée par la police de rencontrer la délégation des Etats-Unis. Il a pu cependant la rencontrer personnellement bien que sous la surveillance de la police.

David Saperstein a également évoqué avec le reporter de RFA ses contacts avec les autorités vietnamiennes, parmi lesquelles un secrétaire d’Etat à la Sécurité publique. Il a parlé franchement des persécutions exercées contre certaines communautés religieuses, en apportant des faits précis, tel qu’ils lui avaient été rapportés. Les entretiens ont aussi porté sur la future loi sur la religion, qui, selon les prévisions, devrait être adoptée par l’Assemblée nationale au cours de l’année en cours.

(eda/jm)