Eglises d'Asie

Les communautés religieuses persistent à revendiquer des terrains confisqués par l’Etat

Publié le 27/06/2016




Les multiples spoliations d’établissements religieux effectuées par les autorités civiles, immédiatement après l’unification du Vietnam de 1975, ou dans les années qui ont suivi, continuent d’être source de conflits aujourd’hui, plus de quarante ans après les faits. Cela est vrai pour différentes religions …

… instituées mais particulièrement pour l’Eglise catholique, dont les besoins ne cessent de se renforcer aussi bien dans le domaine de culte et de rassemblement que dans celui des services que les diverses communautés religieuses aspirent à rendre à la société. Au cours du mois de juin 2016, on a pu voir en plusieurs endroits se réveiller des conflits issus d’anciennes confiscations.

Ce fut le cas, par exemple, du monastère des bénédictins de Thiên An, près de la ville de Huê, en conflit depuis des décennies à propos d’une pinède appartenant aux religieux depuis leur installation sur place. Le 20 juin dernier, les forces de l’ordre ont empêché les religieux de verser du béton sur une partie du chemin traversant leur monastère.

Le monastère est en possession de tous les documents nécessaires pour prouver son droit de propriété sur les 100 hectares de la propriété, des documents datant d’avant 1975. Malheureusement, depuis lors, la plus grande partie du terrain leur a été confisquée et transmise à une entreprise urbaine chargée de le transformer en parc de loisirs.

Un second conflit s’est réveillé au cœur de la capitale de Hanoi ; il concerne la congrégation des religieuses de Saint-Paul de Chartres. Celles-ci ont dû se mobiliser pour empêcher une femme d’affaires d’entreprendre des travaux sur un terrain situé au 5 de la rue Hai Ba Trung. La congrégation possède les titres de propriété de ce terrain depuis les années 1950. C’est un des nombreux établissements confisqués par les autorités au cours des décennies précédentes. Selon les religieuses, la congrégation possédait 16 000 m² de terrain avant l’arrivée du pouvoir communiste.

Une religieuse la congrégation a déclaré à Radio Free Asia que les besoins des religieuses étaient en augmentation constante. A de nombreuses reprises, la congrégation a proposé à l’Etat que lui soit restitué un certain nombre d’établissements qui aujourd’hui ont cessé d’être utilisés pour le service social. Mais aucune de ces requêtes n’a reçu de réponse. Malgré cette pénurie de moyens, la congrégation de Saint-Paul de Chartres, comme beaucoup d’autres communautés religieuses, continue d’accomplir sa mission de service social, à savoir, selon une religieuse, la charge un jardin d’enfants, de laveries, de la fourniture de nourriture pour un certain nombre de malades démunis dans les hôpitaux de Hanoi, de multiples services aux enfants pauvres, aux migrants et aux nécessiteux de la ville. La religieuse conclut : « Tout cela sans que nous-mêmes possédions de maison. »

Les menaces gouvernementales sur les établissements religieux ne touchent pas uniquement les milieux catholiques. Dans la journée du 23 juin, l’Alliance des Religions, qui comprend des représentants des religions chrétienne, bouddhiste et caodaiste, a publié un communiqué selon lequel la pagode Liên Tri située dans le deuxième arrondissement de Saigon était menacée d’expropriation forcée par les autorités. Le religieux bouddhiste responsable de la pagode, le vénérable Thich Không Tanh, est un militant dissident bien connu. En 1975, avec le patriarche Thich Quang Dô, il avait été condamné à cinq ans de prison pour atteinte à la politique de l’Etat et abus des libertés démocratiques. Interrogé par la BBC (émissions en vietnamien), il a attribué l’inimitié de l’Etat à son égard aux initiatives prises par lui, comme, par exemple, l’accueil des mutilés de guerre ayant combattu pour l’ancienne République du Vietnam.

(eda/jm)