Eglises d'Asie

Simplicité et option préférentielle pour les pauvres : deux priorités pour l’Eglise syro-malabare

Publié le 07/09/2016




Réunie en assemblée archiépiscopale majeure du 25 au 28 août dernier, à Trichur, dans l’Etat du Kerala, autour du thème « Réponses de l’Eglise aux défis d’aujourd’hui : simplicité de vie, être témoins en famille et mission auprès des migrants », l’Eglise catholique orientale syro-malabare (1) a …

… choisi de mettre l’accent sur deux priorités : la simplicité de vie de tous ses membres, ainsi que l’option préférentielle pour les plus pauvres, n’hésitant pas à dire que « le luxe, dans l’Eglise, devrait être considéré comme une violation des droits des plus pauvres ».

Plus de 500 fidèles, laïcs, prêtres et religieux, dont 60 représentants venus de 20 pays, ont participé à ce rassemblement. Parmi eux, 33 évêques syro-malabars venus principalement d’Inde, mais également du Royaume-Uni, d’Australie et des Etats-Unis. « Cette assemblée est un corps consultatif qui a pour but de conseiller l’archevêque majeur et son synode sur les enjeux importants de notre Eglise pour sa mission », a expliqué le P. Jimmy Poochakkatt, porte-parole de l’Eglise syro-malabare.

Un style de vie ecclésiale plus simple pour devenir « l’Eglise des pauvres »

Selon la tradition, l’Eglise syro-malabare a été fondée au Ier siècle par l’apôtre Thomas sur la côte sud-ouest de l’Inde. Aujourd’hui, elle compte près de 4 millions de fidèles, dont la très grande majorité se trouve au Kerala, son foyer historique. Après la communauté latine, elle représente, par le nombre des fidèles, la deuxième Eglise catholique d’Inde (l’Eglise catholique en Inde comptant trois rites, le rite latin, le rite syro-malabar et le rite syro-malankar). Il existe actuellement cinq archidiocèses syro-malabars et 29 diocèses établis dans différents Etats de l’Inde, au Kerala principalement, et pour trois d’entre eux à l’étranger (aux Etats-Unis, en Australie et en Angleterre).

Les prêtres et les religieuses syro-malabars, s’ils travaillent principalement au sein des diocèses syro-malabars, sont également actifs dans les 130 diocèses de rite latin de l’Inde. (Et cet enchevêtrement complexe des hiérarchies et des juridictions ecclésiastiques est souvent source d’affrontement et d’incompréhension entre les deux rites catholiques.)

Les diocèses syro-malabars en dehors du Kerala se situent souvent dans des régions reculées, où la population est essentiellement composée d’aborigènes et de communautés rurales, pauvres et marginalisées.

A Trichur, l’assemblée archiépiscopale majeure a salué le travail accompli par ses membres auprès de ses populations défavorisées. Elle a également insisté sur le besoin d’adopter un style de vie ecclésiale plus simple, afin de devenir « l’Eglise des pauvres ». « Il est nécessaire de corriger tout ce qui peut être considéré comme luxueux ou comme un contre-témoignage, et qui ne se placerait pas du côté de l’option préférentielles des plus pauvres. Nous tous, évêques, prêtres, religieux et laïcs, devons changer notre mode de vie », peut-on lire dans les suggestions faites par l’assemblée. « Les cérémonies, comme les ordinations sacerdotales ou épiscopales, les mariages ou les funérailles, ne doivent pas devenir des célébrations somptueuses. Chaque évènement doit tenir compte “des plus pauvres des pauvres de notre société”», a-t-il été précisé.

Un appel à un renouveau spirituel paroissial

Les paroisses sont également invitées à faire preuve de sobriété, en consacrant au moins 25 % des sommes allouées aux activités « récréatives » à l’aide concrète aux plus pauvres. Pour les fêtes paroissiales, il leur est demandé d’éviter les dépenses excessives, telles les feux d’artifice. « Les fêtes paroissiales doivent davantage se focaliser sur le renouveau spirituel, plutôt que sur le divertissement et l’étalage de richesses. Les processions et les célébrations ne devront pas gêner la circulation, ni importuner le voisinage », a encore suggéré l’assemblée.

Autant de propositions pratiques et concrètes qui s’adressent également aux centres de retraites spirituelles et aux sanctuaires, invités pour leur part, à reverser une partie des dons reçus dans des actions caritatives, servant à nourrir et loger les plus pauvres des environs.

Selon le P. Poochakkatt, toutes ces suggestions seront étudiées attentivement par le conseil synodal de l’Eglise syro-malabare, avant qu’il ne publie ses orientations pour les années à venir.

Des priorités en phase avec celles de la CBCI

Les priorités de l’Eglise catholique syro-malabare – simplicité et implications auprès des plus pauvres – s’inscrivent manifestement dans la lignée des priorités choisies par l’Eglise catholique indienne (rite latin et oriental), en mars dernier, lors de sa 32ème assemblée plénière.

La Conférence des évêques catholiques indiens avait alors invité l’Eglise catholique à davantage de simplicité et de spiritualité, en déclarant qu’« une vie simple signifiait ouvrir nos maisons et nos institutions aux plus pauvres » et « redécouvrir la puissance de la parole de Dieu et de la prière dans nos vies ».

La proportion grandissante de la diaspora syro-malabare

Selon des sources ecclésiales, quelque 640 000 fidèles catholiques syro-malabars vivent aujourd’hui en dehors de l’Inde, principalement aux Etats-Unis, en Australie, en Europe, et également dans les pays du Golfe.

L’Eglise syro-malabare compte, depuis 2001, un diocèse aux Etats-Unis (Chicago), depuis 2014, un diocèse en Australie (Melbourne), et depuis juillet 2016, un diocèse au Royaume-Uni (Preston), où on compte près de 21 000 fidèles syro-malabars, originaires du Kerala. Cet été, le pape François a également nommé un vicaire apostolique syro-malabar pour l’Europe, où on estime à 60 000, le nombre de catholiques émigrés syro-malabars.

(eda/nfb)