Eglises d'Asie

A Saigon, les autorités expulsent des moines de l’Eglise bouddhiste unifiée

Publié le 12/09/2016




Après une longue période d’attente, et de vives tensions, la pagode Liên Tri du deuxième arrondissement de Saigon vient d’être expropriée par la force, ce 8 septembre. La pagode était l’un des rares établissements religieux encore sous la direction de l’Eglise bouddhiste unifiée, une communauté …

… qui rassemble religieux et fidèles ayant refusé d’être inféodés au régime actuel. C’est le vénérable Thich Không Tanh, un religieux dissident, qui est le desservant officiel de la pagode.

En 1995, avec le patriarche Thich Quang Do, il avait été condamné à cinq ans de prison pour avoir, selon l’acte d’accusation, saboté la politique d’union nationale et utilisé la liberté démocratique pour porter atteinte aux intérêts de l’Etat.

Repoussé par la police

L’opération du 8 septembre dernier se préparait depuis quelques jours, semble-t-il. Selon le témoignage d’un religieux à une radio étrangère, le quartier de la pagode était entouré depuis le 6 septembre par un cordon de police si dense « qu’une fourmi n’aurait pu s’y introduire ». Dans la matinée du 8 septembre, vers 7h30 selon des informations recueillies par la BBC en langue vietnamienne, les forces de l’ordre locales, fortes d’environ 500 agents, étaient présentes tout autour de l’établissement. Sans tenir compte des réactions non violentes des religieux sur place, les policiers les ont conduits hors de la pagode dans un lieu peu peuplé à Cat Lai. Ils ont ensuite procédé à l’expropriation forcée du bâtiment.

Certains membres d’associations proches de la pagode, auxquels s’étaient joints des prêtres catholiques de la communauté des rédemptoristes, se sont portés au secours des religieux mais ils ont été repoussés par la police.

Pas d’autre choix que l’exil

Après de nombreux essais, vers neuf heures du matin, les fidèles venus en renfort ont pu se mettre en relation avec le religieux responsable, à savoir le vénérable Thich Không Tanh. Celui-ci les a informés qu’il avait été transporté à l’hôpital du deuxième arrondissement dans un état de grande faiblesse et qu’il était traité par une transfusion de sérum.

Selon les témoignages des reporters de la BBC, les religieux expulsés s’inquiètent pour l’ensemble des affaires et objets sacrés restés à l’intérieur de la pagode. Il semble aussi que les religieux aient décidé de demander l’asile à l’étranger. « Il n’y a pas d’autres choix possibles », ont-ils affirmé.

Au mois de juillet dernier, une missive du président du Comité populaire du second arrondissement de Hô Chi Minh-Ville avait été envoyée aux deux religieux principaux responsables de la pagode Liên Tri. On pouvait lire : « La pagode ne bénéficie plus d’aucune collaboration et n’est parvenue à aucun résultat concret : les autorités seront forcées de recourir à une mesure administrative pour vous expulser (…). Nous ne prenons cette mesure qu’à contrecœur mais nous n’avons pas d’autres choix ! »

Tout récemment, le 11 septembre 2016, vingt-quatre groupes et associations appartenant la société civile vietnamienne ont publié un manifeste protestant vigoureusement contre l’agression commise par les autorités urbaines contre la pagode bouddhiste. Entre autres sanctions, elles demandent que le Vietnam soit placé par les Etats-Unis sur la liste des pays « particulièrement préoccupants en matière de liberté religieuse ».

(eda/jm)