Eglises d'Asie – Laos
Meurtre d’un pasteur protestant dans la province de Luang Prabang
Publié le 24/09/2015
… rapporté l’agence AsiaNews.
Le Rév. Singkeaw Wongkonpheng a été agressé dans la soirée du 8 septembre par plusieurs hommes qui avaient fait irruption dans sa demeure du village de Na-ang, où il sert une communauté protestante de 58 personnes. Selon l’organisation Human Rights Watch for Lao Religious Freedom (HRWLRF), qui a rédigé un rapport sur l’incident, les villageois ont soupçonné que les agresseurs voulaient enlever puis faire disparaître le pasteur et sa femme à cause de leurs activités prosélytes, parce que l’un des assaillants, blessé puis hospitalisé, « pourrait être un policier ».
Selon le HRWLRF, le Rév. Singkeaw avait refusé de cesser ses activités d’évangélisation quand les autorités laotiennes ont commencé en 1997 à réprimer les droits religieux des chrétiens dans le district. Malgré des injonctions directes faites par des officiels, le pasteur avait poursuivi son travail de propagation de la foi chrétienne dans cinq villages du district.
Etant donné les conditions de la mort du pasteur, le HRWLRF demande aux autorités laotiennes d’effectuer une enquête sur l’incident et de respecter les droits religieux des chrétiens, souvent issus de minorités ethniques.
Après la prise du pouvoir par les communistes au Laos en décembre 1975, tous les missionnaires étrangers ont dû quitter le pays et des contraintes strictes ont été placées sur l’exercice de la religion chrétienne. Les cérémonies protestantes collectives à domicile sont interdites et le non-respect de cette interdiction a abouti à plusieurs arrestations dans le passé.
Par ailleurs, ce 21 septembre, dans la province de Savannakhet, selon le HRWLRF un chrétien diabétique est mort en prison faute d’avoir reçu les soins nécessaires. Marié et père de six enfants, ce chrétien, un certain M.Tiang, du village de Huey, dans le district d’Atsaphangthong avait été arrêté et condamné en février dernier, en compagnie de quatre autres chrétiens, pour « exercice illégal de la médecine ». Il avait écopé de neuf mois de prison ferme et d’une lourde amende. En prison, sa santé s’était détériorée, faute de soins suffisants.
Les accusations d’exercice illégal de la médecine à l’encontre des chrétiens sont récurrentes depuis quelques années. Dans le cas de M. Tiang et de ses compagnons, les cinq chrétiens s’étaient rendus au chevet d’une femme en phase terminale d’une maladie grave, afin de prier pour elle et de l’assister dans ses derniers instants. La malade est décédée et les juges ont estimé que les chrétiens avaient causé sa mort, la prière se révélant être, à leurs yeux, un « traitement médical » inopérant. En réalité, les juges pourraient ne pas avoir apprécié le fait que, mère de huit enfants et bouddhiste, la malade s’était convertie au christianisme en avril dernier, tout comme ses huit enfants ; une situation qui contrariait particulièrement les bouddhistes du village qui exerçaient des pressions constantes pour que les nouveaux convertis reviennent « à la religion de leurs ancêtres ».
67 % des six millions de Laotiens sont bouddhistes et 2 % sont chrétiens, parmi lesquels 0,7 % de catholiques.
(eda/ad)