Eglises d'Asie

Le gouvernement désigne le taïwanais Formosa responsable de la pollution maritime sans convaincre l’opinion publique

Publié le 06/07/2016




Quelle est la cause exacte ayant provoqué la pollution des eaux côtières de quatre provinces du Centre-Vietnam et la mort de millions de poissons et crustacés à partir du début du mois d’avril 2016 ? La réponse à cette question a été la première revendication des milliers de manifestants venus protester ..

… quelque trois semaines après le début de la pollution dans les rues de Hanoi et de Saigon. La question était également sur les lèvres et les pancartes des paroissiens du diocèse de Vinh, particulièrement touchés par cette pollution. Dans sa vigoureuse lettre pastorale à ce sujet, Mgr Nguyên Thai Hop, évêque du diocèse, demandait, lui aussi, aux autorités de prendre la responsabilité de désigner publiquement le responsable de cette catastrophe d’une ampleur considérable.

Près de trois mois après le début de l’empoisonnement des eaux côtières, dans l’après-midi du 30 juin 2006, le ministre responsable du Bureau du gouvernement, Mai Tiên Dung, au cours d’une conférence de presse à Hanoi, a révélé la cause de l’empoisonnement en série de poissons et crustacés au large de quatre provinces du Centre-Vietnam. Selon le communiqué publié à cette occasion, la cause directe de la pollution de l’environnement maritime du Centre-Vietnam est l’usine Formosa. Celle-ci, entre les mains de capitaux taïwanais, est installée dans la région de Vung An (province de Ha Tinh) depuis quelques années. Elle avait été soupçonnée dès le début, d’autant plus que le groupe Formosa a déjà une réputation internationale fâcheuse en matière de pollution ; au Texas ou bien encore à Taipei, l’entreprise a déjà dû payer de fortes amendes.

Avant la publication du communiqué gouvernemental, un représentant du complexe sidérurgique Formosa a présenté des excuses publiques pour avoir pollué la mer du Centre-Vietnam. Il a, de plus, pris plusieurs engagements dans des domaines précis : indemnisation des dégâts causés à la population et soutien à la formation professionnelle des personnes ayant perdu leur emploi. Le montant de la somme que déboursera Formosa Plastics Group, la maison-mère du complexe sidérurgique, pour la restauration de l’environnement maritime est d’environ onze milliards et demi de dongs, soit près de 500 millions de dollars US.

La conférence de presse du ministre Mai Tiên Dung, longtemps attendue, n’a pas convaincu tout le monde de la bonne foi des autorités. Quatre jours après la conférence de presse gouvernementale et les engagements publics pris par Formosa, paraissaient, sur des sites indépendants, une déclaration signée de vingt-trois organisations de la société civile et de groupes politiques indépendants. Elle est intitulée : « A propos de l’attitude des détenteurs du pouvoir devant le fléau de la pollution de l’environnement maritime ». Parmi les associations qui ont apposé leur signature à la fin du texte, on trouve des groupes de dissidents bien connus comme, par exemple, la tribune « Bauxite », de nombreux groupes issus de certaines communautés religieuses, catholiques, protestantes, bouddhistes (bouddhisme unifié), ainsi que des partis politiques indépendants.

Les critiques faites au gouvernement sont sévères. En premier lieu, on reproche à celui-ci d’avoir réglé le problème sans tenir aucun compte des manifestations nombreuses de la population et les revendications émises par elle. Aucune consultation n’a été entreprise auprès des victimes. En outre, lors des protestations publiques ou des enquêtes individuelles, la Sécurité publique s’est comportée avec une grande brutalité.

Par la suite, cette longue déclaration commune des organisations s’attarde à montrer que le gouvernement n’a pas procédé à une enquête sérieuse sur les agissements du complexe taïwanais, mais bien plutôt à des négociations, dont les conclusions ont été révélées, en premier lieu, par les responsables de l’usine taïwanaise, auteur de la pollution. Elle met aussi en avant le fait que la compensation financière ne suffira pas à réparer les dommages causés, aussi bien aux personnes qu’à l’éco-système marin. Des scientifiques estiment qu’il faudra cinquante ans pour que l’environnement côtier se relève de la pollution causée.

(eda/jm)