Eglises d'Asie – Corée du sud
La croissance de l’Eglise catholique en Corée du Sud se confirme
Publié le 30/05/2013
Selon ces statistiques publiées début mai et consultables sur le site de la Conférence des évêques, les catholiques sud-coréens étaient 5 361 369 à la fin de l’année 2012, soit 85 000 de plus que l’année précédente, et représenteraient désormais 10,3 % de la population totale du pays (1).
Comme les autres années, et bien qu’elle ne soit plus aussi spectaculaire, la croissance de l’Eglise se maintient donc et reste supérieure à celle de la population totale du pays, affichant 1,6 % de nouveaux fidèles (2). Pour la seule année 2012, dix-sept paroisses et trois missions supplémentaires ont dû être créées .
L’archidiocèse de Séoul bénéficie du plus fort taux de croissance, rassemblant 27,1 % des catholiques du pays (14 % de la population totale de la région), suivi du diocèse de Suwon (15,1 % des catholiques sud-coréens), de l’archidiocèse de Daegu (8,8 %) et du diocèse d’Incheon (8,7 %).
Au 31 décembre 2012, il y avait au sein du clergé sud-coréen 4 788 prêtres (dont seulement 176 missionnaires étrangers) et 34 évêques, dont un cardinal. Le nombre de prêtres par croyants atteint aujourd’hui le ratio de 1 pour 115 fidèles et celui des séminaristes, en légère baisse, accuse une chute de 3 % par rapport à 2011 (1 540 futurs prêtres en formation).
Confirmant également la tendance amorcée ces dernières années, les ordres religieux sont en décroissance avec, à la fin de l’année dernière, 1 569 religieux (y compris les novices) et 10 167 religieuses pour l’ensemble de la Corée du Sud.
Les catholiques sud-coréens se concentrent encore très fortement dans les zones urbaines : 56 % d’entre eux vivent dans les métropoles de Séoul, de Suwon, d’Incheon ou d’Uijeongbu.
Toujours selon le rapport des évêques, 20 712 mariages ont été célébrées en 2012 au sein de l’Eglise catholique, dont 12 506 unions mixtes (baptisés avec non-baptisés).
Le nombre des fidèles ayant reçu dans l’année le sacrement de réconciliation est également tenu à jour par l’Eglise sud-coréenne, qui rapporte qu’ils ont été 4,6 % de plus que l’année précédente.
Les chiffres des baptêmes ont quant à eux légèrement décru, avec 132 076 nouveaux membres accueillis au sein de l’Eglise, soit 1,8 % de moins qu’en 2011. Une tendance qui vient confirmer que les baptêmes de très jeunes enfants sont en baisse depuis une dizaine d’années en Corée du Sud.
La pratique religieuse continue de stagner avec seulement 23 % des catholiques qui disent se rendre à la messe dominicale, soit 0, 5 % de moins qu’en 2011.
La plupart des experts expliquent le succès de la communauté catholique en Corée du Sud, surnommée « le tigre asiatique de l’Eglise », par la très forte implication sociale, éducative et humanitaire de ses membres. Prenant une part active dans tous les combats pour les droits de l’homme, les problèmes sociaux (pauvreté, suicide, etc.) l’écologie ou la paix, l’Eglise catholique jouit actuellement d’une image de plus en plus positive en Corée du Sud, aux côtés d’un protestantisme en perte de vitesse, ébranlé par de récents scandales politiques et financiers impliquant certains de ses membres très en vue.
De plus, dans un pays où le lien social est mis à mal par le développement économique à outrance, la société consumériste et la politique des grandes entreprises niant l’identité individuelle, les activités et le partage vécus au sein des paroisses contribuent à attirer les Sud-Coréens en quête de sens et de lien communautaire.
Dans le contexte d’une société où la rapidité et l’efficacité touchent tous les domaines de l’existence, y compris celui du religieux, la préparation des catéchumènes catholiques est particulièrement courte et parfois réduite à moins de six mois. Un cheminement de foi extrêmement rapide qui fait dire à certains ecclésiastiques locaux qu’il est probablement à l’origine du « décrochage » d’un bon nombre de nouveaux convertis après leur baptême, voire de la pratique irrégulière d’une très grande part des membres de la communauté catholique sud-coréenne.
« Une préparation de seulement six mois pour vivre la découverte de la foi dans l’intériorité, et une véritable conversion en profondeur, est totalement insuffisante », regrette le P. Michel Roncin, prêtre de la Société des Missions Etrangères de Paris (MEP), qui travaille dans le pays depuis plus d’une trentaine d’années.
En Corée du Sud, sur un fond de traditions chamaniques diverses, le bouddhisme du Grand Véhicule reste la religion la plus pratiquée (environ 23 %), suivie de près par le confucianisme et le christianisme. La communauté protestante, essentiellement évangélique, rassemble, quant à elle, un peu moins de 20 % de la population.