Eglises d'Asie

Deux nouveaux prêtres missionnaires pour la région martyre du Kandhamal

Publié le 16/12/2016




« Même si, dans la région de Kandhamal, nous sommes issus de classes dites ‘arriérées’ (OBC, Other Backward Classes), la région est bénie par le Seigneur. Notre communauté qui repose sur Dieu reçoit des vocations religieuses et sacerdotales. » Tels sont les mots choisis par le P. Augustine Singh, …

… chancelier de l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar, pour évoquer l’ordination de deux nouveaux prêtres catholiques pour le diocèse récemment érigé de Rayagada (1).

Le 12 décembre, à la paroisse Notre-Dame de la Charité de Raikia, à 250 kms à l’ouest de Bhubaneswar, capitale de l’Etat de l’Odisha (anciennement appelé Orissa), plus de 3 000 fidèles s’étaient rassemblés pour assister à l’ordination sacerdotale des PP. Balabanth Ranasingh et Munib Pradhan, une grande joie pour les catholiques de cette région, durement éprouvés et marqués par le sang des martyrs chrétiens versé en 2008. Les deux nouveaux prêtres, tous deux membres de la Congrégation de la Mission de Saint Vincent de Paul, pour la Province du Nord de l’Inde, sont précisément issus du district de Kandhamal, épicentre des attaques anti-chrétiennes de 2007-2008, perpétrées par des fondamentalistes hindous qui avaient fait plus d’une centaine de morts. Le 1er janvier 2016, les évêques indiens ont ouvert une enquête diocésaine en vue d’un procès en béatification des 101 martyrs massacrés.

« Dire oui à Dieu en se consacrant à Lui dans la vie sacerdotale est un véritable défi dans le monde moderne actuel », a affirmé le P. Singh, tout en saluant la bonne volonté des parents catholiques de la région qui, par leur éducation familiale, contribuent activement à la croissance de l’Eglise catholique « en offrant leurs enfants à Dieu ». « Le sacerdoce n’est pas un emploi, c’est une vocation au service des personnes pour la plus grande gloire de Dieu. Cela suppose un esprit de service, et pour des lazaristes comme vous, qui s’inscrivent dans la continuité de saint Vincent de Paul, cela ne signifie rien d’autre que l’amour et le service », a expliqué dans son homélie Mgr Senapati, lui-même lazariste.

Des séminaristes formés aux dures réalités de la région

Deux jours avant les ordinations, les six évêques catholiques de l’Odisha venaient de terminer leur visite annuelle dans les deux grands séminaires de l’Etat, lieux de formation et de discernement où les séminaristes sont également préparés à affronter les nombreux défis qu’ils auront à relever dans la région, une fois ordonnés. « L’Odisha est un Etat instable et sinistré qui a vécu une période de persécution anti-chrétienne. L’Eglise doit faire face à nombreux défis, comme la persécution, la pauvreté, l’illettrisme, le chômage, la violation des droits de l’homme. Nos futures prêtres missionnaires doivent se préparer aujourd’hui à comprendre et à anticiper les difficultés auxquelles ils vont être confrontés, afin qu’une fois en mission ils puissent s’engager pleinement, avec conviction et responsabilité au service de leur troupeau », a expliqué Mgr John Barwa, archevêque catholique de Cuttack-Bhubaneswar et président du Conseil épiscopal d’Odisha (Odisha Bishops’ Council).

Pourtant, malgré un contexte local qui reste tendu, les vocations ne manquent pas dans la région. Le grand séminaire St Paul’s Spirituality, situé à Khorda, près de Bhubaneswar, accueille 41 séminaristes originaires des six diocèses d’Odisha ainsi qu’un séminariste du diocèse de Jashpur, dans l’Etat voisin du Chhattisgarh. Après un an de formation spirituelle, les séminaristes poursuivent leur cursus par trois années d’études philosophiques, avant de poursuivre leurs études par un diplôme de premier cycle universitaire. Le deuxième séminaire, Aquinas College, situé à Gopalpur, est animé par la Congrégation de la Mission de la Province du Nord de l’Inde. Il accueille 101 étudiants issus de dix diocèses du Jharkhand, du Bengale-occidental et d’Odisha.

(eda/nfb)