En ce début d’année, l’agence Fides, l’organe d’information des Œuvres Pontificales Missionnaires, fait état de 23 attaques qui ont troublé la période de Noël, en Inde. Dans un communiqué de presse, la Conférence des évêques catholiques de l’Inde (1) fait écho aux préoccupations de Fides et s’inquiète « d’une série d’évènements qui menacent le charisme-même de l’Inde ».
Parmi ces évènements figure notamment l’arrestation, le 14 décembre, d’un groupe d’une trentaine de séminaristes et de prêtres qui chantaient des cantiques de Noël, dans la ville de Satna, dans l’État du Madhya Pradesh, au motif qu’ils portaient atteinte à la loi anti-conversion votée dans cet État en 2013. Huit prêtres, venus à leur secours, ont alors été molestés et leur voiture a été incendiée sans que la police n’intervienne.
« Nous perdons confiance en notre gouvernement »
A cette occasion, le cardinal Baselios Cleemis Thottunkal, archevêque majeur de l’Eglise catholique syro-Malankare, actuel président de la conférence épiscopale, avait déclaré que « nous [la communauté chrétienne] perdons confiance en notre gouvernement ».
Peu avant la fête de Noël, l’agence Fides avait pourtant salué les déclarations « rassurantes pour les minorités chrétiennes en Inde » de Venkaiah Naidu, vice-président de l’Union indienne depuis le 11 août dernier.
Davantage de Ghar Wapsi en 2018 ?
Jeudi 28 décembre, le Vishwa Hindu Parishad (Conseil mondial hindou), réuni dans l’Orissa, a annoncé que l’organisation entendait accélérer sa campagne de « retours à la maison » (Ghar Wapsi). Selon l’hindutva, l’idéologie de la droite nationaliste indienne qui veut faire de l’Inde une nation exclusivement hindoue, chaque Indien est en réalité un hindou, le Ghar Wapsi permettant donc aux fidèles d’autres religions, en particulier les dalits et aborigènes chrétiens ou musulmans, de “revenir” à leur religion d’origine, l’hindouisme.
Le Ghar Wapsi n’est pas un phénomène nouveau : en 2014, près de 4 000 chrétiens et 1 000 musulmans s’étaient « reconvertis » le jour de Noël.
La situation est d’autant plus préoccupante que les nationalistes hindoues bénéficient d’une réelle impunité de la part des autorités issues du Bharatiya Janata Party (BJP, parti nationaliste hindou). Alors que le BJP dirige actuellement 18 des 29 Etats de l’Union Indienne, ce qui représente 75% du territoire, 68% de la population et 54% de l’économie indienne, en 2018, des élections seront organisées dans huit Etats (Meghalaya, Tripura, Nagaland, Mizoram, Karnataka, Chhattisgarh, Madhya Pradesh and Rajasthan). A la veille des élections dans le Gujarat, Mgr Macwan, archevêque de Gandhinagar, la capitale de cet Etat où les chrétiens représentent 0,51% de la population, s’était inquiété du fait que « Les forces nationalistes [étaient] sur le point de conquérir le pays ». Le BJP a finalement remporté les élections dans cet Etat.