Eglises d'Asie

Le diocèse de Manille va créer un centre de réhabilitation pour les repentis de la drogue

Publié le 12/01/2017




L’archidiocèse de Manille va créer un centre de désintoxication afin d’aider les toxicomanes à retrouver un chemin de vie. Son but : accompagner les drogués qui se sont volontairement rendus à la police, à sortir du cercle infernal de la drogue et éviter qu’ils ne tombent entre les mains des escadrons de la mort, impliqués…

… dans la guerre anti-drogue lancée par le gouvernement Duterte. Pour l’Eglise catholique de Manille, la construction de ce centre fait partie d’une campagne plus vaste, intitulée « Sanlakbay Para sa Pagbabagong Buhay » (en tagalog, ‘Recommencer une nouvelle vie sous le regard de Dieu’), lancée en octobre dernier et dont le but est d’apporter des alternatives concrètes à cette « guerre anti-drogue », qui a déjà fait près de 6 000 victimes en six mois.

« Nous souhaitons montrer qu’il est possible d’avoir de l’espoir », a déclaré à l’agence Ucanews le P. Anton Pascual, à la tête de la Commission sociale de l’archidiocèse catholique de Manille. « L’Eglise offrira ainsi à ceux qui sont tombés dans le cercle vicieux de la drogue, une nouvelle vie, une maison qui les accueillera indépendamment de leur passé », a-t-il expliqué en précisant que l’archidiocèse recherchait actuellement un terrain de 20 hectares dans les environs de Manille, pour implanter ce centre, non loin de la capitale.

Près de 700 000 toxicomanes se sont déjà inscrits au programme du gouvernement appelé « Abandon », un programme où les personnes « confessant leur addiction » sont sensées échapper aux escadrons de la mort du président Duterte. Ce dernier souhaite ainsi lutter contre le fléau du « shabu », la méthamphétamine des bidonvilles et des quartiers pauvres de l’Asie du Sud-Est, qui déchire les familles et à plus grande échelle ronge la société philippine. La consommation de cette drogue, à la fois bon marché, très courante et hautement addictive, permet entre autre de ne plus sentir les tiraillements de la faim et d’oublier les conséquences de la misère urbaine : prostitutions, violences des gangs, corruption et abandons d’enfants…

Un centre de guérison pour les repentis du gouvernement

Le centre de désintoxication de l’archidiocèse accueillera donc ces « repentis du gouvernement », grâce à un programme de réhabilitation psycho-spirituel, qui sera géré par l’association Fazenda da Esperanca (‘La Ferme de l’Espoir’), une communauté thérapeutique internationale qui a vu le jour en 1983, au Brésil, à l’initiative d’un prêtre franciscain. « La pédagogie du centre sera fondée sur trois piliers : la spiritualité, la vie communautaire et le travail », a expliqué le P. Hans Stapel, prêtre fondateur. « Ce centre n’accueillera que cent personnes afin d’assurer un accompagnement intense et un suivi de qualité », a précisé pour sa part le P. Pascual. Une structure similaire gérée par l’association Fazenda da Esperanca existe déjà aux Philippines, dans la province de Masbate. Depuis sa création, en 2003, cette ferme a permis la guérison de 300 toxicomanes philippins, qui, progressivement, ont pu retrouver une place et un emploi dans la société philippine.

fazenda.jpg@Fazenda, Masbate

Lors de la messe de l’Epiphanie, le 8 janvier dernier, intitulée « Messe de l’Espérance » car célébrée à l’intention des personnes dépendantes de la drogue, dans la cathédrale de Manille, Mgr Luis Antonio Tagle, archevêque du lieu, a appelé les toxicomanes à « ne pas gâcher les bénédictions d’espérance que le Seigneur envoie ». « Regardez vers le Christ, Lui seul peut vous combler durablement. Dieu nous a dit que nous faisions tous des erreurs, mais Il est constamment auprès de nous, Il ne s’énerve jamais. N’ayez pas peur. Allez vers Lui. Ne restez pas blasés. Personne ne sera abandonné par Jésus. Chacun d’entre nous est invité à suivre la lumière et l’espérance », a rappelé Mgr Tagle. C’est ce qu’entend être ce nouveau centre de réhabilitation lancé par le diocèse de Manille : un lieu où des personnes blessées par la drogue pourront « choisir la lumière et la vie ».

(eda/nfb)