Eglises d'Asie

Le diocèse de Vinh réagit vigoureusement à la brutale répression des manifestants catholiques de Song Ngoc

Publié le 22/02/2017




Après la brutale répression menée par la Sécurité publique des manifestants issus de Song Ngoc, paroisse du diocèse de Vinh, les réactions indignées et les condamnations se sont multipliées sur les blogs, sites et journaux électroniques indépendants. La presse officielle, elle, présente une version très …

… différente des événements. Elle attribue l’initiative des heurts aux manifestants et particulièrement au curé de paroisse qui les conduisait.

Le 15 février, soit au lendemain des événements, la Commission ‘Justice et Paix’ du diocèse de Vinh a fait paraître un communiqué sans concession. Après avoir soigneusement décrit les faits, la commission accuse directement les hauts fonctionnaires de Sécurité provinciale d’avoir tendu un piège aux manifestants quelque 20 km après le départ du cortège et d’avoir organisé sciemment le tabassage du prêtre et des manifestants. Selon le communiqué, ces hauts responsables étaient présents sur le terrain lors des heurts.

La Commission ‘Justice et Paix’ du diocèse dirigé par Mgr Paul Nguyên Thai Hop condamne la manipulation de la presse officielle par les autorités provinciales qui se servent des médias contrôlés par elles pour diffuser calomnies et descriptions mensongères des faits. Le communiqué affirme enfin que les manifestants ne faisaient qu’exercer un droit qui leur est reconnu par la Constitution, à savoir porter plainte.

Le texte du communiqué a été mis en ligne par Vietcatholic News, le 15 février dernier. La rédaction d’Eglises d’Asie a traduit le texte du vietnamien en français.

Diocèse de Vinh
Commission ‘Justice et Paix’
Xa Doai, le 15 février 2017
Communiqué
Objet : l’utilisation de la violence par les autorités pour empêcher le peuple de porter plainte contre l’usine Formosa

Le 14 février 2017, les pêcheurs des communes de Quynh Tho et Son Thai (du district de Quynh Luu, province du Nghê An), sous la conduite du P. Jean-Baptiste Nguyên Dinh Thuc, se déplaçaient en direction du Tribunal populaire de la bourgade de Ky Anh pour y déposer une plainte contre le complexe industriel de Formosa afin d’obliger celui-ci à indemniser les dégâts provoqués par la pollution environnementale dont l’usine est responsable.

Les autorités provinciales du Nghê An, avec brutalité et violence, ont empêché le peuple d’accomplir ce que était son droit. Au départ, ils ont interdit aux propriétaires des moyens de transport d’accueillir dans leurs véhicules les personnes allant porter plainte. Le groupe décida alors de se rendre au tribunal à pied, ou encore à motocyclettes. Ils parcoururent ainsi environ 20 km. Les forces de la Sécurité publique les assaillirent alors. Des dizaines de manifestants ont été matraquées et blessés, des reporters de la presse libre arrêtés. Plus grave encore, les policiers s’en sont pris à un prêtre, le P. Jean-Baptiste Nguyên Dinh Thuc, alors que les hauts fonctionnaires de la Sécurité provinciale étaient présents.

Nous affirmons que les autorités ont organisé ce recours à la violence contre le prêtre et les fidèles, et qu’ils ont sciemment laissé d’autres personnes les tabasser sous leurs yeux sans les défendre. Dans l’un et l’autre cas, leur responsabilité est engagée. De plus, l’ensemble des médias publics gérés par l’Etat ont publié de fausses accusations et des calomnies à l’encontre du P. Nguyên Dinh Thuc, l’accusant d’avoir excité ses fidèles à attaquer les forces de la Sécurité, quand ce sont elles qui sont à l’origine de la violence.

Il s’agit là d’un grave recours à la violence, d’une calomnie de caractère perfide, portant atteinte aux droits de l’homme et aux droits du citoyen vietnamien. Placé devant cette situation d’injustice, la Commission ‘Justice et Paix’ du diocèse de Vinh, en pleine conscience de la responsabilité qui est la sienne, déclare :

1.) Les autorités de la province du Nghê An ont gravement violé les droits civils inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948), des droits que le Vietnam s’est engagé à observer. Elles ont également violé le droit de porter plainte des citoyens, un droit inscrit dans la Constitution et dans la législation du Vietnam.
2.) La Commission proteste contre le recours à une violence brutale et irraisonnée à l’encontre de personnes en train d’exercer pacifiquement leurs droits de citoyen.
3.) La Commission condamne l’attaque et les blessures subies par le prêtre Jean-Baptiste Nguyên Dinh Thuc. Il s’agit là d’une brutalité commise contre le responsable d’une organisation religieuse. Elle porte atteinte à la loi et sape le moral des croyants catholiques.
4.) La Commission condamne les autorités du Nghê An pour s’être servies des médias d’Etat afin de déformer la vérité, et dénigrer des activités de citoyens en train d’exercer pacifiquement leurs droits légaux. Cette utilisation de la presse porte atteint aux droits civiques des catholiques et particulièrement au P. Jean-Baptiste Nguyên Dinh Thuc.

Nous appelons donc les personnes et les organisations chérissant la liberté, la justice et la paix à élever la voix pour défendre les intérêts des victimes. Nous appelons toutes les paroisses à communier dans la prière avec les victimes des événements survenus le 14 février dernier.

Que le Seigneur par l’intercession de la Vierge Marie, la mère du diocèse de Vinh, accorde la paix et la justice à notre patrie bien-aimée, le Vietnam.

Avec tous nos remerciements,

La Commission ‘Justice et Paix’ du diocèse de Vinh.

(eda/jm)