Eglises d'Asie

La présidente destituée, les responsables religieux appellent le pays à l’unité et à l’harmonie

Publié le 13/03/2017




Tandis que, ce 12 mars, le pays a suivi en direct le départ de la présidente Park Geun-hye de la Maison Bleue, le palais présidentiel à Séoul, les Sud-Coréens se préparent à une élection présidentielle qui devra être organisée d’ici soixante jours. Dans le contexte de tensions et de mobilisation populaire qui …

… a caractérisé ces derniers mois, les responsables religieux appellent le pays à retrouver son unité et à préparer l’avenir dans la sérénité et l’harmonie.

Le 10 mars, la Cour constitutionnelle a entériné la destitution de Mme Park, élue présidente en décembre 2012, les juges validant ainsi une décision prise le 9 décembre 2016 par l’Assemblée nationale. Le départ de Mme Park, 64 ans, fille du dictateur Park Chung-hee (au pouvoir de 1962 à 1979) et première femme à diriger la Corée du Sud, marque l’épilogue de la crise ouverte par la révélation de l’influence et du rôle pris par Mme Choi Soon-sil, confidente et conseillère de l’ombre de la présidente. Cette dernière est par ailleurs jugée pour avoir soutiré des millions de dollars à de grands groupes industriels nationaux. Vendredi dernier, la Cour a estimé que Mme Park avait enfreint la loi en permettant à son amie de se mêler des affaires de l’Etat.

« Inquiétude croissante »

Le départ de la présidente Park ne clôt cependant pas la crise ouverte en octobre dernier par la révélation de ses liens avec Choi Soon-sil. Tandis que les très importantes et nombreuses manifestations qui ont eu lieu ces derniers mois pour réclamer son départ se sont déroulées dans le calme et sans incident majeur, l’annonce de la décision de la Cour constitutionnelle a tendu le climat. Le 10 mars, deux partisans de la présidente ont été tués lors d’affrontements avec la police et un troisième manifestant est mort le lendemain des suites d’une crise cardiaque. Le président de la Commission électorale a fait part d’une « inquiétude croissante » face à ces violences et ces morts.

Contrairement au début de cette année où les responsables religieux avaient choisi de publier une déclaration commune appelant au calme et au respect de la démocratie (1), cette fois-ci, ils sont intervenus de manière dispersée.

Le 9 mars, soit la veille de confirmation de la destitution de la présidente par la Cour constitutionnelle, le président de la Conférence des évêques catholiques de Corée, Mgr Hyginus Kim Yee-joong, a convoqué une conférence de presse depuis son archevêché de Gwangju. Il a salué « la maturité » des Sud-Coréens qui sont descendus dans la rue, semaine après semaine, « pour restaurer la démocratie ». Rappelant que Park Geun-hye avait été « démocratiquement élue », il a poursuivi en soulignant qu’« une fois la présidente destituée », il appartenait « à tous les Coréens de bâtir un pays stable dans l’harmonie et en dépassant la confrontation et la tension » que les affrontements entre pro- et anti-Park ont générées. « Dans le cadre de la Constitution, nous devons accepter et respecter les différences, a-t-il poursuivi. Ceux qui sont favorables à la destitution, ceux qui y sont opposés, tous, nous sommes Coréens et le résultat de tout ceci doit être la victoire des Coréens. »

Défendre le bien commun et retrouver une unité

Dans un pays où les catholiques représentent un peu plus de 10 % de la population et où l’Eglise est notamment appréciée pour s’être engagée dans les luttes qui ont mené à la démocratisation des institutions politiques, le cardinal Andrew Yeom Soo-jung, depuis Séoul, est allé dans le même sens. « A partir de maintenant, nous devons tous avoir à l’esprit le bien commun et la nécessité de retrouver une unité. Nous devons dépasser cette période difficile dans le calme, en faisant preuve de patience et de sagesse », a-t-il écrit dans un message rendu public le 10 mars.

Du côté des Eglises protestantes – qui rassemblent près de 20 % de la population –, le KCCK (Conseil national des Eglises en Corée), une instance qui fédère des dénominations considérées comme progressistes, a salué la décision de la Cour constitutionnelle. La destitution de la présidente « offre une opportunité de replacer la démocratie là où elle était », a déclaré son secrétaire général Kim Young-joo, qui a appelé les Sud-Coréens à ne pas relâcher leurs efforts afin que le pouvoir soit redonné au « peuple souverain ».

Le Conseil chrétien de Corée (CCK), qui réunit des dénominations plus conservatrices, a appelé les Coréens à respecter « humblement » la décision de la Cour constitutionnelle. « Chacun devrait faire un effort pour mettre un terme aux conflits politiques, idéologiques, régionaux et intergénérationnels, afin de parvenir à une grande unité nationale », a fait valoir son président, le Rév. Lee Young-hoon.

L’Ordre Jogye, plus importante composante du bouddhisme en Corée, a appelé à l’unité et à la maturité politique. « Les deux camps, conservateur et progressiste, doivent respecter la décision de la Cour constitutionnelle en ayant à l’esprit l’intérêt de la nation, pour œuvrer à l’unité et à la stabilité de l’Etat », a ainsi déclaré le Vénérable Jaseung. Quant au bouddhisme Won, une forme modernisée du bouddhisme coréen, il a vu dans la décision de justice une confirmation du fait que « la non-vérité ne peut pas battre la vérité, tout comme les ténèbres ne peuvent prévaloir sur la lumière ».

(eda/ra)