Eglises d'Asie

Mgr Takami, archevêque de Nagasaki, présent au 80ème anniversaire du bombardement de Guernica

Publié le 15/05/2017




Venue renforcer l’armée du nationaliste Francisco Franco au cours de la guerre civile (1936-1939), l’aviation nazie, le 26 avril 1937, à 16 h 30, bombardait la petite ville de Guernica dans le pays basque espagnol. L’Histoire a retenu dans cet événement le premier bombardement massif contre une …

… population civile sans défense. Une délégation japonaise conduite par Mgr Joseph Takami Mitsuaki, archevêque catholique de Nagasaki, comprenant 29 personnes dont neuf victimes du bombardement atomique de Nagasaki du 9 août 1945, s’est rendue sur place cette année pour participer à la commémoration du 80ème anniversaire du bombardement de la ville.

La délégation japonaise a participé le 25 avril à des réunions de partage et d’interrogations concernant la transmission de ces événements à l’avenir du fait du grand âge de la plupart des survivants. Pour ce faire, des dessins, des photos ou encore une grande fresque confectionnée par les enfants de Nagasaki représentant leur volonté de paix ont été utilisés. Le 26, tous les participants se réunissaient pour une cérémonie commémorative avec offrandes de fleurs et grues en papier plié (origami) au cimetière Zolio de la ville.

Les statues marquées par les bombardements de la Vierge Marie

On se souvient qu’en 2010, un groupe de pèlerins de l’archidiocèse de Nagasaki avait emmené une copie de la statue de la Vierge de Urakami retrouvée après le bombardement atomique de 1945 pour l’offrir à la paroisse de Guernica. En 2012, un groupe de volontaires qui avait subi le bombardement atomique s’était rendu à Guernica signer un accord de partage d’expérience et de coopération au mouvement d’opposition à la guerre. En 2015, le diocèse de Nagasaki avait invité l’évêque du diocèse de Guernica à se rendre à Nagasaki ; ce dernier, à cette occasion, offrit une copie de la partie supérieure d’une statue de la Vierge qui avait été bombardée à Guernica pour qu’elle soit déposée dans l’église de Urakami à Nagasaki.

En 1982, à New York, à l’occasion de la seconde assemblée générale extraordinaire de l’ONU pour le désarmement, le maire de Hiroshima de l’époque, Araki Takeshi, avait lancé un appel aux maires des villes du monde, par-delà les frontières, pour leur proposer de donner leur accord solidaire à un projet d’éradication des armes nucléaires. En 1991, l’« Assemblée des maires pour la paix », constituée des villes qui avaient donné leur accord à ce projet, fut inscrit comme ONG au conseil d’administration de la société économique de l’ONU. En 2010, l’Assemblée des maires pour la paix a reçu le prix Guernica de la Paix et de la Réconciliation.

Pour souligner l’importance de cette Assemblée des maires pour la paix, l’ancien maire de Hiroshima, Akiba Tadatoshi, explique que la solidarité des villes du monde entre elles pour réaliser « un monde sans armes nucléaires » s’appuie sur la constatation qu’une ville est un lieu de vie et comporte cet élément déterminant de ne pas posséder d’armée. C’est au niveau d’un pays que cette dernière existe avec la tentation de l’utiliser et cette réalité représente une grande menace.

Pour la paix et le renoncement à l’arme nucléaire

L’Assemblée des maires pour la paix comportait quatre cent villes en 1999, cinq mille en 2011 et sept mille maintenant et l’« Objectif 2020 » qu’elle s’est fixé est l’éradication des armes nucléaires.
Pour les évêques japonais, si toute action visant à œuvrer pour un monde sans armes nucléaires est souhaitable et bienvenue, elle ne peut aller sans une réflexion aboutie sur les leçons que nous a laissées la Seconde Guerre mondiale ainsi que sur les mesures à prendre aujourd’hui pour préserver la paix.

La ligne de conduite de l’épiscopat japonais sur ces sujets s’appuie sur l’appel à la paix lancé par le pape Jean-Paul II lors de sa visite à Hiroshima le 25 février 1981. Depuis la cité martyrisée par la bombe atomique, le pape dénonçait la guerre comme « une œuvre de l’homme », synonyme de « destruction » et de « mort ». Il avait aussi exhorté les Japonais à savoir « revenir sur le passé pour préparer l’avenir de manière responsable ». Depuis, pour les 50ème, 60ème et 70ème anniversaires de la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1995, en 2005 puis 2015, les évêques japonais ont avec constance saisi l’occasion pour redire non seulement leur attachement à la paix, mais aussi la nature prophétique pour le monde du renoncement à la guerre, inscrit dans l’article 9 de la Constitution japonaise, qualifié par eux de « trésor dont le Japon peut être fier » – un trésor que l’actuel Premier ministre nationaliste Abe Shinzo souhaite remettre en cause.

Par ailleurs, en visite à Rome au début de ce mois de mai, Yuzaki Hidehiko, gouverneur de Hiroshima, la ville bombardée à l’arme atomique le 6 août 1945, a été reçu par le secrétaire d’Etat, le cardinal Pietro Parolin ; à cette occasion, il a invité le pape François à se rendre en visite dans sa ville afin d’appeler le monde à la paix, une paix débarrassée des armes nucléaires.

(eda/rm)