Eglises d'Asie – Japon
Sur le mont Hiei, 30 ans de rencontres interreligieuses pour la paix
Publié le 09/08/2017
Se sont réunis des représentants religieux du monde entier, bouddhistes, chrétiens, juifs, musulmans, shintoïstes, zoroastriens et des nouvelles religions japonaises. Ces journées ont été rythmées par des tables-rondes, organisées au Centre international de conférences de Kyoto, et des temps de prière, sur le mont Hiei, qui domine la ville de Kyoto.
Chants grégoriens et prières bouddhistes pour les victimes de la guerre
Lors de la cérémonie d’ouverture, au Centre international de conférences, des responsables religieux ont tour à tour pris la parole pour inaugurer cette rencontre intitulée « Il est temps de coopérer pour la paix, de surmonter les divisions et la haine ». Le cardinal John Tong Hon, évêque émérite de Hongkong et légal du pape François, a lu un message du Saint-Père invitant les participants à prier et à travailler pour la paix. « Ce sommet religieux annuel contribue de façon significative à la construction de cet esprit de dialogue et d’amitié qui permet aux fidèles des religions du monde de travailler ensemble pour entrouvrir de nouveaux chemins pour la paix dans notre famille humaine » écrit notamment le Saint-Père (le contenu est reproduit ci-dessous dans son intégralité).
Par la suite, une table-ronde, consacrée à la réponse des religions à la violence et au terrorisme, a précédé une cérémonie de prière pour les victimes de la seconde guerre mondiale, en mémoire des bombardements atomiques sur les villes d’Hiroshima et de Nagasaki, les 6 et 9 août 1945. Les représentants de différentes traditions religieuses ont ainsi prié à leur intention. Aux chants grégoriens de la chorale de la cathédrale de Kyoto ont succédé les prières de moines bouddhistes, d’un enfant musulman et d’un pasteur protestant.
Le 6 août dernier, le Japon commémorait cette année les 72 ans du bombardement atomique d’Hiroshima. A cette occasion, et depuis l’appel à la paix lancé par le pape Jean-Paul II le 25 février 1981 à Hiroshima, les évêques japonais observent « un Temps pour la paix », chaque année, du 6 au 15 août. Cette année, la conférence épiscopale a rappelé qu’« à travers la non-violence, l’amour surmonte la violence ».
Le silence, pour prier les uns à côtés des autres, sans syncrétisme
La journée du lendemain a commencé par deux conférences, portant sur la question nucléaire et la lutte contre la pauvreté. Mgr Mitsuaki Takami, archevêque de Nagasaki et président de la conférence épiscopale du Japon, a fermement appelé à bannir les armes nucléaires.
Dans l’après-midi, la cérémonie de prière pour la paix a réuni les représentants religieux sur le mont Hiei. Sur l’estrade ont tour à tour pris place les participants. Mgr Joseph Mitsuaki Takami, le cardinal John Onaiyekan, archevêque d’Abuja, Mgr Miguel Angel Ayuso Guixot, secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et des membres de la communauté Sant’Egidio et du mouvement des Focolari représentaient l’Eglise catholique. Se sont notamment joints à eux le secrétaire général de la ligue islamique mondiale, celui de l’organisation mondiale des bouddhistes et le grand rabbin David Rosen.
Arrivés un par un, les représentants des traditions religieuses ont remis des fleurs de tournesol à de jeunes bénévoles ; au Japon, ces fleurs, qui ont été plantées près des lieux de la catastrophe nucléaire de Fukushima car ils ont la réputation de dépolluer les sols, constituent un symbole d’espoir pour un environnement plus sain. Un temps de silence recueilli a permis aux représentants religieux d’être ensemble pour prier, sans syncrétisme, alors que retentissait « la cloche de la paix ». Ils se sont ensuite donnés la main, témoignant ainsi de leur volonté commune de promouvoir la paix. Près de 1 300 personnes ont participé à cette cérémonie, diffusée en direct sur internet.
Le cardinal Tong, qui participait pour la première fois à ce type de rencontre, a confié à Eglises d’Asie avoir été très impressionné par la qualité de cette rencontre interreligieuse, réunissant des représentants des différentes traditions religieuses. La préparation minutieuse de cet évènement, l’accueil qui lui a été réservé et le contenu des interventions l’ont, dit-il, profondément marqué.
« Maintenir l’esprit d’Assise »
Les participants répondaient à l’invitation du vénérable Koei Morikawa, 257ème grand maître de l’école du bouddhisme Tendai, l’une des plus anciennes sectes bouddhistes japonaises. Celle-ci organise chaque année ces rencontres, depuis 1987, sur le mont Hiei, lieu où l’école Tendai a été fondée. A l’occasion de cette première rencontre, les participants ont publié le ‘message du mont Hiei’. Celui-ci affirmait que « la recherche de la paix constitue un aspect fondamental de toute religion, la paix n’étant pas l’absence de guerre, mais un état de concorde fraternelle et la réalisation de l’unité de la grande famille humaine. »
Le vénérable Etai Yamada, à l’origine de cet évènement, s’était directement inspiré de la rencontre d’Assise, organisée par le pape Jean-Paul II le 27 octobre 1986, car il désirait « maintenir la flamme de l’esprit d’Assise ». Pour la première fois, des représentants des religions du monde entier s’étaient alors réunis afin de prier pour la paix et s’opposer à la violence.
Le vénérable Koei Morikawa avait pris part, le 20 septembre dernier, au trentième anniversaire des rencontres d’Assise. Les participants avaient alors rappelé « la nécessité de prier constamment pour la paix, parce que la prière protège le monde et l’illumine ; la paix est le nom de Dieu ». Le vénérable Koei Morikawa avait rencontré en privé le Saint-Père au Vatican quelques jours plus tôt, le 16 septembre.
(eda/pm)
Message du pape François à l’occasion de la trentième rencontre interreligieuse annnuelle pour la paix organisée par l’école du bouddhisme Tendai sur le mont Hiei, au Japon
A l’attention du vénérable Koei Morikawa,
Prêtre Suprême de l’école du bouddhisme Tendai
A l’occasion du trentième rassemblement pour la paix dans le monde sur le mont Hiei, je suis heureux de vous envoyer des saluts cordiaux, ainsi qu’aux représentants des différentes traditions religieuses qui y participent. Je vous assure de ma proximité spirituelle et me joins à vous dans la prière pour une floraison renouvelée de la concorde et de l’harmonie dans les nombreuses parties du monde déchirées par la guerre.
Ce Sommet interreligieux annuel contribue de manière significative à la construction de cet esprit de dialogue et d’amitié qui permet aux fidèles des religions du monde de travailler ensemble pour entrouvrir de nouveaux chemins pour la paix au sein de notre famille humaine. La prière inspire et soutient notre engagement pour la paix, puisqu’elle aide à rendre plus profond notre respect mutuel en tant que personnes, elle renforce les liens d’amour entre nous, et pousse à accomplir des efforts décisifs pour promouvoir des relations justes et une solidarité fraternelle.
Dans le monde actuel, marqué par la violence, le terrorisme et de croissantes menaces pour la terre, notre maison commune, ce témoignage de prière et de sollicitude partagée transmet un message fondamental aux hommes et aux femmes de bonne volonté. Nous croyons que la paix durable est vraiment possible, puisque nous savons que rien n’est impossible si nous nous adressons à Dieu dans la prière.
Dans cette confiante espérance, et avec l’assurance renouvelée de ma prière, j’invoque l’abondance de bénédictions divines sur l’assemblée du Mont Hiei.
Du Vatican, le 18 juillet 2017