Eglises d'Asie

Détenu depuis plus de quatorze mois, le P. Tom Uzhunnalil appelle à l’aide dans une nouvelle vidéo

Publié le 10/05/2017




Plus de quatorze mois après son enlèvement par un groupe djihadiste à Aden, au Yémen, le P. Thomas (Tom) Uzhunnalil, prêtre salésien indien, est apparu sur une vidéo – la deuxième du genre depuis sa disparition – pour appeler à l’aide du fait de la faiblesse de son état de santé et affirmer, peut-être sous la contrainte …

… de ses ravisseurs, que les contacts pris par ces derniers avec le gouvernement indien et les autorités ecclésiastiques n’ont rien donné.

La vidéo, d’une durée d’un peu plus de 90 secondes, a été mise en ligne ce 8 mai par le site d’information en ligne Aden-TM. On y aperçoit le P. Tom Uzhunnalil amaigri et le visage mangé par une grande barbe blanche. Il déclare que ses ravisseurs le « traitent bien dans la mesure de leurs moyens » et, la voix plutôt faible, il affirme que « [sa] santé se détériore rapidement » et qu’il a besoin « d’être hospitalisé dès que possible ». On sait par ailleurs que le missionnaire salésien est sujet au diabète et souffre d’hypertension.

Obtenir sa libération

C’est la seconde vidéo sur laquelle apparaît le P. Uzhunnalil. Le 26 décembre dernier, une première vidéo avait été mise en ligne sur Internet, apportant au moment de Noël une preuve qu’il était en vie, plus de neuf mois après son enlèvement, le 4 mars 2016. Le missionnaire, là encore peut-être sous la pression de ses ravisseurs, faisait alors état du fait qu’il était oublié de tous et que s’il avait été un Occidental, les autorités étatiques et ecclésiastiques auraient déjà obtenu sa libération. Il en appelait au pape François pour sa remise en liberté.

Dans cette nouvelle vidéo, le missionnaire apparaît avec un écriteau sur les genoux où est inscrite la date du 15 avril 2017. Il redit que ses ravisseurs ont contacté « les autorités indiennes et l’évêque d’Abou Dhabi », mais que la réponse de ceux-ci « n’est pas encourageante ». « Je suis très triste », ajoute-t-il encore, « car toutes les tentatives pour obtenir ma libération n’ont pas été épuisées ».

Contacté par Eglises d’Asie, « l’évêque d’Abou Dhabi », Mgr Paul Hinder, vicaire apostolique pour l’Arabie méridionale, s’est refusé à tout commentaire, « à la demande des services [de renseignement] ». Résidant à Abou Dhabi, Mgr Hinder a juridiction sur les territoires d’Oman, des Emirats Arabes Unis et du Yémen.

Un prêtre dédié à sa mission

Le 4 mars 2016, le P. Tom Uzhunnalil se trouvait à Aden, au foyer pour personnes handicapées tenu par les Missionnaires de la Charité dont il était l’aumônier. Des hommes en armes ont fait irruption et y ont exécuté quatre religieuses et douze de leurs collaborateurs (onze musulmans et un chrétien éthiopien). Sur les six missionnaires présents lors de l’attaque, trois étaient de nationalité indienne – deux sœurs Missionnaires de la Charité, dont une a survécu à l’attaque, et le prêtre salésien kidnappé. Originaire de Kottayam, au Kerala, le P. Uzhunnalil est membre de la communauté salésienne de Bangalore, dans le sud de l’Inde. Présent au Yémen depuis 2010, il était retourné pour un court séjour en Inde en 2015 avant de revenir auprès de sa mission au Yémen, en dépit d’un avis du gouvernement indien déconseillant à ses ressortissants de se rendre dans ce pays en proie à une guerre civile meurtrière depuis mars 2015. Selon sa famille, le P. Uzhunnalil, entièrement dédié à sa mission, avait néanmoins choisi de repartir au Yémen.

Bien qu’aucune information fiable n’indique par quel groupe terroriste le missionnaire indien est effectivement détenu, les analystes estiment qu’il pourrait l’être par un groupe affilié à l’organisation Etat islamique et que cette deuxième vidéo constitue pour ses ravisseurs un moyen de faire pression afin de relancer ou de faire aboutir les négociations visant à sa libération.

(eda/ra)