Eglises d'Asie

Le délégué du Saint-Siège demande aux « Césars du Vietnam » de respecter la liberté religieuse

Publié le 01/09/2017




Les trois journées du 31e congrès de Notre-Dame de La Vang ont été célébrées du 13 au 15 août derniers avec l’affluence habituelle à ce genre de rassemblements. Le 13 août, lors de la journée inaugurale, plusieurs centaines de milliers de pèlerins étaient présents. Rien d’étonnant à cela. Par contre, …

… l’homélie prononcée à cette occasion par Mgr Leopoldo Girelli, représentant non-résident du Saint-Siège au Vietnam, a paru beaucoup plus inhabituelle pour ne pas dire surprenante.

En effet, l’homélie a traité de la liberté religieuse au Vietnam et des relations entre l’État et les religions, des thèmes rarement abordés dans le sanctuaire marial et d’autant plus remarqués que les propos étaient directement adressés par le délégué du pape à ceux qu’il a nommés les « Césars du Vietnam », après un court commentaire de la parole de Jésus : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».

« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »

Le prélat s’appuyait sur le texte de l’Évangile du jour, ‘Jésus retrouvé par ses parents au temple’. Il a repris la phrase de Jésus : « Je dois être aux affaires mon père ! », qu’il a présentée comme étant la tâche de l’Église en ce monde au Vietnam. À cette phrase de Jésus, le représentant du pape associe celle de Pierre, rapportée par les Actes des Apôtres (5,29) : « Il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes ». Monseigneur Girelli s’est-il souvenu que l’archevêque de Huê, Mgr Nguyên Kim Diên, grand défenseur de l’indépendance de l’Eglise face à l’emprise de l’État de 1975 à 1988, avait utilisé ce même texte des Actes des Apôtres au cours de ses interrogatoires par la police ?

À l’intention des Césars du Vietnam, l’archevêque a souligné que de nombreuses personnalités dans le monde souhaitent un plus grand respect de la liberté religieuse au Vietnam. L’Église catholique doit être considérée davantage comme une source de biens spirituels que comme un obstacle au développement de l’État, a-t-il déclaré. Le sermon a ensuite repris les formes plus traditionnelles des exportations pastorales habituellement délivrées aux pèlerins.

Une référence aux évènements survenus dans le monastère bénédictin de Thiên An ?

Bien que le prélat romain ne soit pas entré dans le détail des violations de la liberté religieuse déplorées par lui, on peut cependant penser que les événements survenus dans le monastère bénédictin de Thiên An, le 17 juin dernier, ont été à l’origine de l’intervention de Mgr Girelli. Ce jour-là, une troupe formée de représentants des autorités du pays, des forces militaires et policières et de diverses associations proches du parti, s’est introduite à l’intérieur du monastère où elle a abattu une croix et agressé des religieux.

Averti de cette exaction, Mgr Leopoldo Girelli est allé rendre visite aux bénédictins pour leur faire part de son émotion et de sa profonde communion spirituelle avec eux. Des dépêches locales parle de « violations de la liberté religieuse du peuple par un pouvoir athée ».

L’intrusion des autorités civiles à l’intérieur du monastère des bénédictins a choqué un grand nombre de personnalités religieuses du Vietnam. L’archevêque de Huê, Mgr Joseph Nguyên Chi Linh, s’en est ému dans une interview accordée à la Rédaction d’Eglises d’Asie. Peu de temps après l’événement, l’évêque émérite de Hanoi, Mgr Joseph Ngô Quang Kiêt, aujourd’hui retiré au monastère de Châu Son dans la province de Ninh Binh, a franchi près de 800 km pour rendre visite à la communauté monastique éprouvée.

(eda/jm)