Eglises d'Asie

De Vientiane à Paris, la communauté laotienne catholique célèbre la fête des bienheureux martyrs du Laos

Publié le 18/12/2017




Samedi 16 décembre, de Vientiane à Paris, l’Eglise catholique a célébré le premier anniversaire de la fête des bienheureux martyrs du Laos. Une immense joie pour la petite communauté de ce pays.

Au Laos, la communauté catholique s’est retrouvée à Vientiane pour célébrer le premier anniversaire de la béatification des 17 martyrs de l’Eglise au Laos et rendre grâce de l’élévation au cardinalat de Mgr Louis-Marie Ling Mangkhanekhoun, premier cardinal de l’histoire du pays.

C’est par une veillée de prière et une adoration du Saint-Sacrement, vendredi soir, à Vientiane, que la communauté catholique s’est préparée à fêter ses 17 bienheureux martyrs. Le lendemain, le cardinal Louis-Marie Ling a célébré une cérémonie d’action de grâce à l’église du Sacré-Coeur. Y ont notamment participé les vicaires apostoliques du pays, Mgr Olivier Schmitthaeusler, vicaire apostolique de Phnom Penh, au Cambodge, président de la Conférence épiscopale du Laos et du Cambodge (CELAC) et le P. Roland Jacques, Oblats de Marie Immaculée et vice-postulateur de la cause des martyrs.

Rendre grâce pour la béatification des martyrs du Laos et l’élévation au cardinalat de Mgr Louis-Marie Ling

A l’issue de la célébration était organisé la cérémonie traditionnelle du basi soukouan, en l’honneur du nouveau cardinal du pays. Prévue lors des grandes occasions, cette tradition, qui consiste à lier le poignet avec une cordelette en coton, a notamment permis aux représentants de communautés bouddhistes et musulmanes locales de formuler des vœux à l’intention du nouveau cardinal du pays.

laos 2.jpg

Au Laos, l’Eglise catholique constitue une toute petite minorité : ses fidèles représentent 0,7 % des 7 millions d’habitants de ce pays. La situation de l’Eglise dans ce pays demeure délicate dans la mesure où, « en fait, chaque région ou ville encadre différemment la liberté religieuse », comme l’expliquait le cardinal Louis-Marie Ling en juin dernier.

Les 17 bienheureux martyrs sont des prêtres et laïcs laotiens, des missionnaires français et italiens, des missionnaires des Oblats de Marie Immaculée et de la Société des Missions Etrangères de Paris (3). Ainsi, une cérémonie était organisée à Paris, rue du Bac, dans la chapelle des Missions Etrangères, à laquelle les OMI étaient invités. Le célébrant, le P. Anthony Kiettisack Souvanmany, a rappelé que la béatification des 17 martyrs du Laos constituait « une grande joie et une fierté » et a souligné la double figure christique de prophète et de martyr des 17 Bienheureux dont la fête est organisée pendant le temps de l’Avent. En France, la communauté catholique laotienne compte plus de 7 000 fidèles, ce qui est hors de proportion avec le nombre de laotiens installés dans ce pays, estimé à 45 000.

laos 3.jpg

« Un évènement historique » pour la petite communauté catholique du Laos

Le 11 décembre 2016, une seule et unique messe avait été célébrée dans tout le Laos : les quatre évêques et les 21 prêtres du pays étaient alors réunis à Vientiane, dans l’église du Sacré-Cœur, pour la cérémonie de béatification des dix-sept martyrs de l’Eglise catholique au Laos. 6 000 fidèles (1) et une dizaine de prélats étrangers (2) avaient également participé. « Un évènement historique » pour le cardinal Louis-Marie Ling, d’autant que cette cérémonie avait pu se dérouler dans la capitale d’un pays dirigé par un régime communiste.

Ouverte en 2004, promulguée en juin 2015 par le pape François, la cause de ces martyrs est particulière en ceci que, assassinés, exécutés ou morts d’épuisement entre 1954 et 1970, ces derniers ont trouvé la mort dans le contexte de la décolonisation et des luttes pour l’indépendance nationale, luttes menées notamment par le Pathet Lao communiste, dont les héritiers directs sont toujours au pouvoir à Vientiane, au sein du Parti révolutionnaire populaire lao.

La cérémonie de béatification avait été marquée selon les témoins par une atmosphère de paix, de joie et de recueillement. A la fin de la célébration, le directeur adjoint du Front Lao pour l’édification de la nation, organisme d’Etat placé sous la direction du Parti et du ministère de l’Intérieur qui chapeaute les religions, avait fait longuement l’éloge de la doctrine et de l’action de l’Eglise catholique au Laos. Le nonce apostolique, le sud-coréen Paul Tschang In-nam, qui réside à Bangkok et n’est accrédité à Vientiane qu’en qualité de délégué apostolique, n’avait pas hésité à saisir la main tendue : au nom du Saint Père, il avait espéré que des relations diplomatiques pleines et entières puissent être prochainement établies entre le Saint-Siège et le Laos.