Eglises d'Asie – Philippines
Finalement, le président Duterte annonce une trêve de Noël unilatérale
Publié le 20/12/2017
Mercredi 20 décembre, le président Rodrigo Duterte a déclaré un cessez-le-feu unilatéral à l’égard des rebelles communistes. Celle-ci est prévue du 24 décembre au 2 janvier 2018, afin de « diminuer l’angoisse du peuple en cette période de Noël ». Il a invité les insurgés de la Nouvelle Armée populaire, branche armée du Parti communiste des Philippines, à adopter un comportement similaire.
Une trêve « pour diminuer l’angoisse du peuple en cette période de Noël »
Quelques jours plus tôt, le président avait au contraire affirmé ne pas suspendre l’action militaire. Une déclaration du palais présidentiel en date du 17 décembre indiquait en effet qu’une telle trêve « n’était pas dans le meilleur intérêt de la nation car elle exposerait seulement nos défenseurs aux attaques de nos ennemis et encouragerait ces derniers à commettre plus d’atrocités. » Ce communiqué précisait néanmoins que cette position pourrait être amenée à évoluer.
Les catholiques ont salué l’annonce du président et ont accueilli cette nouvelle joie. Mgr Jose Colin Bagaforo, évêque de Kidapawan, à Mindanao, a immédiatement lancé un appel aux rebelles pour qu’ils déclarent également un cessez-le-feu. « Que la paix règne le jour de Noël » a notamment déclaré l’évêque qui espère que cette trêve pourra mener à la reprise des pourparlers de paix.
Ces dernières années, de manière quasi-rituelle, à l’approche de Noël, l’une ou l’autre des parties a déclaré un cessez-le-feu avant que des combats ici et là ne rompent la trêve ainsi établie.
La prolongation de la loi martiale pour éradiquer « les terroristes communistes »
A son arrivée au pouvoir en juin dernier, Rodrigo Duterte avait relancé le processus de paix qui était dans l’impasse. Il avait notamment libéré plusieurs dirigeants communistes pour montrer sa bonne volonté. En août 2016, les deux parties avaient déclaré un cessez-le-feu en entamant des discussions à Oslo mais elles avaient mis un terme à la trêve en février dernier.
Désormais, le président Duterte semble déterminé à éradiquer « les terroristes communistes, leurs enfants, leur partisans, leurs soutiens » : c’est notamment pour cette raison qu’il a demandé au Congrès de prolonger la loi martiale à Mindanao. Cette mesure d’exception avait initialement été mise en oeuvre en mai dernier pour lutter contre des militants islamistes à Marawi. Prolongée une première fois en juillet dernier, elle a a nouveau été prolongée le 13 décembre dernier, pour une durée d’un an, à compter du 1er janvier 2018. Et le 5 décembre dernier, le président philippin a reconnu la NPA comme organisation terroriste. Il a d’ailleurs, quelques jours plus tard, comparé en public la NPA à l’Etat Islamique.
Fondé en 1968, le Parti communiste des Philippines s’est donné pour objet de mener « la révolution contre le féodalisme et l’impérialisme américain ». Depuis le début de l’insurrection communiste, 40 000 personnes ont trouvé la mort du fait des affrontements entre les rebelles marxistes et les forces armées gouvernementales. L’Eglise catholique soutient la reprise des négociations de paux avec les rebelles communistes.
40 000 morts depuis le début de l’insurrection communiste
Les négociations avec le gouvernement ont commencé après la chute du régime Marcos en 1986. En 1992, les deux parties ont signé la Déclaration commune de La Haye, ouvrant la voie à des pourparlers officiels de paix. Le dernier accord remonte à 1999, avec la signature entre Manille et le NDF d’une déclaration sur « le respect des droits de l’homme et du droit humanitaire international », accord à la portée toutefois limitée car ne portant pas sur les réformes sociales et économiques demandées par les communistes.
Après divers incidents, les négociations ont été rompues en 2001, peu après que les communistes eurent revendiqués l’assassinat de deux législateurs philippins, accusés par eux d’avoir commis des « crimes contre le peuple ».
Sous la présidence de Benigno Aquino (2010-2016), les pourparlers de paix entre le Front national démocratique et le gouvernement ont échoué une première fois en 2011, les pré-conditions posées par chacune des parties étant refusées par l’autre partie. En 2013, ils avaient de nouveau abouti à une impasse, les communistes exigeant la libération préalable de leurs prisonniers.