Eglises d'Asie

Les évêques indiens cherchent à surmonter ensemble « d’immenses défis »

Publié le 07/02/2018




La conférence épiscopale indienne se rassemble du 2 au 9 février pour faire face aux nouveaux défis de la société indienne, des tensions croissantes apparaissant dues à la montée du nationalisme hindou.

C’est une époque politiquement sensible pour l’Inde, et la conférence épiscopale indienne a prévu de chercher ensemble le moyen de développer des partenariats avec les états indiens et le gouvernement fédéral, dans leur mission au sein de ce pays à majorité hindou. Environ deux cent évêques, représentant vingt million de catholiques venant de 176 diocèses, participent à leur convention bisannuelle à Bangalore du 2 au 9 février. Ce rassemblement survient avant des élections locales dans plusieurs états importants, et surtout avant les élections nationales qui auront lieu l’an prochain.
Les évêques se rassemblent à un moment « où l’Eglise catholique en Inde fait face à d’immenses défis », confie le secrétaire général de la conférence des évêques d’Inde, Mgr Theodore Mascarenhas. Les évêques affirment que la violence des groupes hindous extrémistes a augmenté depuis que le parti pro-hindou BJP (Bharatiya Janata Party) a pris le pouvoir à New Delhi en 2014. Des groupes hindous profitent de la victoire du BJP pour tenter d’avancer vers leur objectif, faire de l’Inde une nation uniquement hindoue.
Comme le BJP contrôle le gouvernement de dix-neuf des vingt-neuf états indiens, « les groupes et organisations voulant promouvoir le nationalisme culturel et religieux deviennent plus audacieux », estime Mgr Mascarenhas. C’est une année d’élections pour huit états, dont les états majoritairement chrétiens de Meghalaya et de Nagaland, qui devraient élire un nouveau gouvernement en février. Les élections nationales auront également lieu en 2019, quand le gouvernement dirigé par le BJP aura terminé son mandat de cinq ans.

Signes troublants

Ces derniers mois, l’Inde a été témoin du meurtre de journalistes dissidents et d’attaques sur des écoles et sur des élèves au nom de la culture et de la religion. Le rapport des évêques signale ces « signes troublants pour notre société traditionnellement paisible ». Le soutien des autorités a récemment permis d’enrayer la violence hindoue contre les chrétiens en Inde centrale. « Toutefois, la façon dont la haine communautaire, de caste ou de religion se répand est troublante et inquiétante », ajoutent les évêques.
Dans ce contexte, les évêques ont choisi de se concentrer sur le thème « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. Unis dans la diversité pour une mission de miséricorde et de témoignage. » Mgr Mascarenhas explique que la première partie de ce thème évoque l’assurance de Jésus à ses disciples, donnant à l’Église « la force et le courage dans sa mission de service et de témoignage ». Les évêques se demandent comment « l’Église peut être le levain dans la pâte », pour que les gens, « dépassent les frontières religieuses, sociales ou politiques, s’unissent pour préserver le pays et défendre les valeurs constitutionnelles », ajoute Mgr Mascarenhas.
La conférence des évêques d’Inde n’est pas techniquement une conférence nationale d’évêques mandatés selon la loi canonique, car les évêques appartenant à chacun des trois rites catholiques en Inde ont un corps canonique indépendant de cette conférence. Le plus grand groupe, celui des évêques de rite latin, a sa propre conférence, tandis que les rites Syro-Malankar et Syro-Malabar ont leurs propres synodes.
Même si la conférence nationale des évêques ne peut pas prendre de décision engageant chacun de ces rites et les diocèses correspondants, c’est malgré tout, souligne Mgr Mascarenhas, « un corps uni pour tout les évêques, facilitant l’action commune ». Le corps des évêques prévoit des politiques et directives pour toute l’Église indienne. Une issue majeure de leur discussion sera de définir la façon dont les gouvernements pourront travailler avec l’Église, au niveau fédéral ou étatique, dans le développement de projets, avec un souci particulier pour le peuple Dalit, marginalisé, et pour les communautés indigènes et autres groupes ethniques en marge de la société indienne.

(Source : Ucanews)