Eglises d'Asie

L’éruption volcanique du mont Mayon met le diocèse de Legazpi sous pression

Publié le 09/02/2018




L’Église fournit les besoins en nourriture pour des dizaines de milliers de déplacés, ayant fui l’éruption du mont Mayon du 22 janvier.

Nourrir les milliers de personnes ayant dû fuir l’éruption volcanique du mont Mayon, le 22 janvier, commence à donner du fil à retordre à l’Église. Le diocèse de Legazpi, le plus affecté, est situé à trois cent kilomètres au sud de Manille, aux Philippines. Son évêque, Mgr Joel Baylon, explique qu’il est devenu difficile d’approvisionner 84 000 personnes en nourriture, en particulier alors que l’éruption se poursuit.
Le prélat assure que l’Église et le gouvernement ont coopéré étroitement ces derniers jours pour fournir aux résidents déplacés ce dont ils ont besoin. « La plupart des évacués sont agriculteurs. Ils n’ont aucun moyen de subvenir à leurs besoins dans ces conditions, c’est pourquoi ils reposent entièrement sur les organismes d’aide », ajoute Mgr Baylon. L’évêque explique que son diocèse a réfléchi à la meilleure façon de répondre en urgence aux besoins des victimes. Il regrette que l’Église ne puisse leur procurer que les besoin de base, comme la nourriture.
Nourrir les gens de la même façon tous les jours « n’est pas idéal », estime l’évêque, qui précise que les déplacés, ces dernières semaines, ne se nourrissent que de nouilles, de sardines, de poisson séché et d’autres biens en conserve. Mgr Baylon explique que le diocèse a commencé un projet de micro-financement pour les fermiers de la région. Le produit de leurs récoltes serait ensuite distribué aux familles identifiées par le diocèse. Le prélat décrit cette stratégie comme un programme « gagnant-gagnant », aussi bien pour les producteurs que pour les personnes déplacées.
« Le diocèse de Legazpi poursuivra sa part d’aide », rassure l’évêque, qui précise que le gouvernement a besoin de toute l’aide possible pour retrouver une situation stable, en particulier dans les centres surpeuplés accueillant les populations évacuées.

Caritas reloge les familles

Caritas Philippines souligne de son côté l’urgence de désencombrer ces centres déjà bondés. L’organisation installera des camps pour les réfugiés. Au 31 janvier, les autorités affirmaient que 23 250 familles (89 828 personnes) venant de 61 villages de la province d’Albay ont été affectées par l’éruption.
Le gouvernement explique que 72 972 personnes ont cherché un abri temporaire dans 76 centres d’hébergement, tandis que 11 993 personnes ont été logées par des proches dans la région. Une évaluation rapide des besoins, conduite par Caritas Philippines, a permis de déterminer un besoin urgent de désencombrer les centres.
« Il faut absolument trouver des logements temporaires pour remédier à cette situation », explique le père Rex Arjona, directeur de l’action sociale du diocèse de Legazpi. Le prêtre ajoute que des classes dans des écoles publiques ont été aménagées pour accueillir près de quatre-vingt dix réfugiés. « Cette solution n’est pas recommandée pour les plus vulnérables », ajoute cependant le père Arjona.
« Le manque de toilettes pose également problème », précise le prêtre, ajoutant que dans les centres, il n’y a qu’un WC pour près de soixante-dix personnes. Jing Rey Henderson, porte-parole de Caritas Philippines, a confié que l’organisation relogera cinq cent familles d’ici deux semaines. Il ajoute que Caritas coordonne déjà avec les communes pour rechercher des lieux pour accueillir les camps d’hébergement, qui bénéficieront de sanitaires et d’eau courante. M. Henderson ajoute que Caritas est partenaire avec d’autres organisations religieuses dans ce projet.
Le père Edwin Gariguez, secrétaire général du bureau d’action sociale de la conférence épiscopale, coordonne les opérations. « Il y a suffisamment de nourriture maintenant, c’est pourquoi Caritas se concentre sur les logements temporaires », confie-t-il. Le 4 février, les coulées de lave se poursuivaient sur le mont Mayon, surplombées par un nuage de près de cinq cent mètres de haut. Un total de cinquante-cinq secousses volcaniques ainsi que neuf chutes de pierres, ont été enregistrées par le réseau de veille sismique du gouvernement. Le mont Mayon est le volcan le plus actif du pays. En 1814, une éruption volcanique avait tué près de 1 200 personnes et enseveli la ville de Cagsawa.

(Source : Ucanews)