Eglises d'Asie

Les évêques dénoncent un nationalisme religieux autodestructeur

Publié le 16/02/2018




La conférence des évêques indiens s’est rassemblée du 2 au 9 février pour sa session bisannuelle dans le Sud du pays, à Bangalore. Les évêques, dans leur déclaration finale, ont averti que la promotion d’un nationalisme basé sur la religion serait autodestructrice pour l’Inde.

La défense d’un nationalisme religieux est destructrice pour l’Inde, ont prévenu les évêques indiens dans leur déclaration finale, lors de leur rassemblement bisannuel à Bangalore. Ils ont lancé cette alerte après une série d’attaques de groupes hindous extrémistes contre des chrétiens et d’autres minorités religieuses. Parmi ces attaques, une foule de jeunes hindous ont tenté d’organiser des rituels patriotiques dans des universités catholiques, incluant notamment la personnification de « Mère Inde » (
Les quelques 200 évêques, originaires de 174 diocèses indiens, ont averti du danger d’un nationalisme se basant sur la culture ou la religion, quelle  qu’elle soit : « De telles erreurs ne peuvent conduire le pays que sur un chemin d’autodestruction. » Les évêques rassemblés à Bangalore ont notamment échangé sur « l’unité dans la diversité, pour une mission de miséricorde et de témoignage ». Ils se sont accordés sur le fait qu’il fallait, pour promouvoir la paix et le progrès, soutenir et mettre en valeur la richesse de la culture indienne et sa diversité religieuse. Des groupes militants hindous se sont agités contre les minorités ddepuis la prise de pouvoir du parti Bharatiya Janata (BJP) il y a quatre ans.
En 2017, l’Inde a enregistré 736 cas de violence contre des chrétiens, selon un rapport d’un forum œcuménique contre les persécutions religieuses, « Persecution Relief ». Certains hindous extrémistes accusent les chrétiens et les musulmans d’être loyaux envers des puissances étrangères. Nombre de responsables hindous ont appelé publiquement les musulmans à quitter le pays vers des pays à majorité islamique, tout en appelant les catholiques à se rendre à Rome… Toutefois les évêques indiens ont souligné que la foi chrétienne en Inde est aussi ancienne que le christianisme lui-même.

« Nous sommes fiers d’être indiens »

Leur déclaration a été signée par le président de la conférence, le cardinal Baselios Cleemis de l’Église Syro-Malankare, une Église orientale dont les origines remontent à l’apôtre saint Thomas, qui aurait, selon la tradition, prêché sur la côte occidentale de l’Inde en 52 après Jésus-Christ. Les évêques ont ajouté que l’Inde a toujours besoin des services procurés par les chrétiens en termes d’éducation, de soins et de bien-être social. Les chrétiens continuent d’aimer l’Inde, de construire la paix et de lutter pour la vérité, la justice et la liberté, tout en restant à l’écoute de Jésus. La violence finira par rebondir sur les auteurs des violences un jour ou l’autre, affirment les évêques, déplorant particulièrement la victimisation des femmes et les violences communautaires, qui tiennent une place importante dans les violences faites aux chrétiens.
Les évêques ont soutenu qu’un patriotisme authentique respecte la dignité humaine de tous les citoyens, sans distinction de culture, de religion, d’origine, de langue ou de statut social. Les évêques indiens continuent donc de défendre les plus pauvres de la société indienne, dont les Dalits, connu autrefois comme les intouchables, entre autres minorités ethniques marginalisées. Les évêques se sont en outre engagés à collaborer avec le gouvernement pour maintenir la loi et l’ordre, pour poursuivre le développement économique et pour protéger l’environnement : « Malgré les nombreuses épreuves abimant l’unité du pays, nous sommes fiers d’être indiens », a déclaré l’assemblée.

(Ucanews)