Eglises d'Asie – Philippines
À Manille, le cardinal Tagle mène la marche pour la vie
Publié le 01/03/2018
Les catholiques ont protesté avec virulence contre ce qu’ils dénoncent comme des « menaces contre la vie », lors de manifestations dans les plus grandes villes du pays, le 24 février. Le cardinal Luis Antonio Tagle a conduit prêtres, religieuses et laïcs, tôt le matin, dans le parc principal de la capitale pour une « marche pour la vie ». Dans son homélie, le cardinal a appelé la catholique à protéger la vie, même celle de leurs ennemis, et celle des personnes mises à l’écart de la société.
La marche dénonçait notamment les meurtres liés à la guerre contre la drogue, une proposition du congrès pour légaliser le divorce et des changements dans la constitution. « Rappelons-nous que les vies de ceux qui nous entourent, même celles de nos ennemis, sont un don de Dieu », a déclaré le cardinal Tagle. Les proches de ceux qui sont morts à cause de la guerre contre la drogue se sont joints à la procession aux chandelles à laquelle environ 2 000 personnes ont pris part. « La vie est un don de Dieu » a réaffirmé le cardinal. « Mais quand nous commençons à voir la vie de ceux qui nous entourent selon leur utilité, cela devient si facile de s’en débarrasser… » L’archevêque de Manille note qu’il « est facile de marcher pour ceux qu’on aime, mais bien plus difficile de faire la même chose pour ses ennemis. »
Le commencement et la fin
Au centre du pays, environ 5 000 catholiques ont participé à une « marche pour la vie avec Marie », conduite par l’archevêque de Cebu, Mgr Jose Palma. L’archevêque explique que les catholiques soutiennent la lutte du gouvernement contre la drogue, mais qu’ils « rejettent la façon dont elle est menée » et qu’ils « doutent des intentions du gouvernement ». « Aucun homme n’a le droit de prendre la vie d’un autre. Dieu est le commencement et la fin de la vie. Protégeons la vie des entrailles jusqu’à la tombe. »
Près de 12 000 drogués et dealers auraient été tués dans le cadre de la campagne du gouvernement contre les drogues, selon les groupes de défense des droits de l’homme. « J’espère que les tueries et toutes les menaces à la vie vont s’arrêter, parce que nous sommes tous frères et sœurs en Jésus et Marie », a ajouté Mgr Jose Palma. Dans la ville de Cagayan de Oro, dans la région de Mindanao au sud de l’archipel philippin, l’archevêque Antonio Leddesma pense que ces tueries « vont créer d’autres problèmes ». « En essayant de résoudre un problème, on en crée un autre », a-t-il précisé.
Par ailleurs, la commission épiscopale pour la famille et la vie, de la conférence des évêques des Philippines, a publié une lettre pastorale s’opposant à la légalisation du divorce. Leur déclaration a appelé aux législateurs du pays à protéger la constitution qui reconnaît le mariage comme « une institution sociale inviolable » qui doit être protégée par l’état. Les évêques ont ajouté que les enfants philippins méritent d’avoir un toit où règnent l’amour, la foi et le pardon. « Ils ne veulent pas voir leurs parents abandonner à cause des difficultés dans leur relation », ont déclaré les évêques dans leur communiqué.
« Institution sociale inviolable »
Mgr Arturo Bastes, évêque de Sorsogon, a confié que les catholiques se rassemblent pour montrer « l’effet désastreux » du divorce sur la société : « Le divorce est un affront direct à la loi divine. La destruction de la famille que provoque le divorce est vraiment un projet de Satan, l’ennemi de Dieu par excellence. » Les Philippines sont l’un des seuls pays au monde, à part le Vatican, où le divorce n’est pas permis par la loi. « L’Église est bien sûr pour la protection des droits, en particulier en cas de partis lésés lors d’un mariage », explique le père Jérome Secillano, de la communication des évêques philippins. « Mais la protection des droits doit aller avec la protection des institutions que nous chérissons comme le mariage. » Le prêtre estime que bien que le divorce protège les droits des femmes, « c’est malheureusement au détriment du mariage et de la famille ».
Le gouvernement a remercié l’Église philippine pour le déroulement pacifique de ces marches, ajoutant que le président Rodrigo Duterte « est ouvert aux critiques constructives ». « Il autorise à tous, y compris ses opposants, à exercer pleinement leur droit d’exprimer leurs plaintes tant que cela reste dans les frontières légales », a déclaré le porte-parole du président, Harry Roque. Pour lui, les Marches pour la Vie sont « la preuve que la démocratie et la liberté sont bien vivantes aux Philippines ».
(Ucanews, Joe Torres, Manille)