Eglises d'Asie

Mgr Basilio, l’évêque pionnier de Timor Leste

Publié le 14/03/2018




Fonder un diocèse peut se révéler éreintant. Mgr Basilio do Nascimento, évêque de Baucau dans le nord-est de Timor Leste (ex Timor oriental), raconte les débuts de ce diocèse fondé en 1996. Après plus de vingt ans de travail attelé au développement de l’Église du Timor Leste, beaucoup reste à faire pour l’un des pays les plus catholiques en Asie.

Mgr Basilio do Nascimento, évêque de Baucau au Timor Leste, a célébré ses 21 ans d’épiscopat en janvier de cette année, un anniversaire presque aussi long que celui de son diocèse. À 67 ans, il est le premier évêque du diocèse de Baucau, situé à environ 120 kilomètres à l’est de Dili, la capitale. Le diocèse a été créé officiellement le 30 novembre 1996, sept ans après la visite du pape Jean-Paul II en octobre 1989, qui souhaitait un autre diocèse pour compenser la croissance du nombre de catholiques dans la région.
Le Timor Leste comprend 1,2 million d’habitants, dont 97 % sont catholiques. Ceux-ci vivent dans trois diocèses. Celui de Baucau a été créé après celui de Dili – fondé en 1940. Le diocèse de Maliana est le troisième et plus récent, créé en janvier 2010. Mgr Nascimento confie avoir beaucoup de raisons d’être reconnaissant envers Dieu, vu le développement de son diocèse depuis vingt ans. « Tout d’abord, le rêve du pape Jean-Paul II est devenu réalité, même si beaucoup de choses doivent encore être améliorées », se réjouit l’évêque. Le diocèse de Baucau a été érigé pour alléger le fardeau de l’évêque de Dili, Mgr Cargos Flippe Ximénies Bel, alors que le nombre de catholique augmentait rapidement. Le pape voulait que l’Église puisse mieux servir les habitants de Timor Leste.
Dans son message à l’Église de Timor Leste, saint Jean-Paul II leur demandait de se développer pour que les chrétiens puissent sentir la présence divine et pour pouvoir renforcer leur foi en Dieu. Après l’indépendance du Timor Leste en 2002, le message du pape est devenu d’autant plus important. « Cela dit, cela représente beaucoup de travail », ajoute l’évêque. Mgr Nascimento est né le 14 janvier 1950 à Suai, dans le sud-ouest du pays, et a été ordonné prêtre en 1977 à Evora, au Portugal.
Avant de retourner à Timor Leste en 1994 – alors que le Timor oriental était toujours sous occupation indonésienne – il a servi en paroisse et comme professeur au séminaire, au Portugal et en France. Il a également été administrateur apostolique de Dili, suite à la démission de Mgr Belo le 26 novembre 2002, jusqu’à l’ordination épiscopale de Mgr Alberto Ricardo da Silva le 6 mars 2004. Celui-ci est mort le 2 avril 2015. En 2011, Mgr Nascimento a été nommé président de la conférence des évêques de Timor Leste.

« Il n’y avait ni évêché, ni bureaux, rien »

Il avait 46 ans quand il a été nommé évêque de Baucau. Il décrit les premiers jours du diocèse, après sa nomination, comme de véritables fondations. Il n’y avait pratiquement rien en place, en particulier en termes d’infrastructures, de ressources humaines et d’administration diocésaine. « Il n’y avait ni évêché, ni bureaux, rien », raconte-t-il. Pourtant, Mgr Nascimento, accompagné d’une petite équipe de prêtres, religieux et religieuses, a saisi l’occasion de construire l’avenir du nouveau diocèse.
Quand il a commencé, il y avait seulement 21 prêtres – neuf prêtres diocésains et 12 prêtres religieux de la Société du Verbe divin et des Salésiens de Don Bosco – ainsi que des religieuses venant de plusieurs congrégations. « C’était difficile, car nous devions servir près de 200 000 catholiques », explique Mgr Nascimento. « Mais je soumettais tout à la volonté de Dieu. » Construire ainsi un diocèse à partir de zéro lui a demandé beaucoup de travail, entre la formation des prêtres diocésains, la construction des infrastructures et encore bien d’autres tâches, mais il assure que cela n’a pas été sans peine.
Les constructions, qui avaient commencé en 1996, ont dû être arrêtées en 1999 à cause du référendum sur l’indépendance. Elles ont repris après l’indépendance, mais elles avançaient lentement, car le pays devait alors lutter contre la pauvreté tout en poursuivant la reconstruction, après les violences qui avaient éclaté après le vote pour l’indépendance. Toutefois, en 2001, il a pu envoyer plusieurs prêtres à Rome étudier la philosophie, la théologie et le droit canon. À leur retour, ils ont pu aider les séminaristes du grand séminaire Saint-Pierre et Saint-Paul de Dili, que Mgr Nascimento avait fondé en 2000 avec Mgr Belo. Avant la construction du séminaire, ceux qui voulaient devenir prêtres devaient aller étudier en Indonésie. Aujourd’hui, le séminaire a pu répondre progressivement aux besoins du pays en termes de vocations. Depuis, environ deux prêtres ont été ordonnés chaque année pour le diocèse de Baucau. « Oui, le nombre est faible, mais peu importe. Le plus important, c’est la qualité de nos prêtres », assure Mgr Nascimento.
Aujourd’hui, environ 150 jeunes hommes du diocèse Baucau étudient aux petits et grands séminaires. L’évêque veut s’assurer qu’ils soient bien formés. « Nous avons besoin de prêtres qui soient prêts à se mêler aux gens et à faire partie du troupeau », explique l’évêque. Dans cet esprit, celui-ci se réjouit de la croissance de l’Église au Timor Leste, en particulier celle du diocèse de Baucau. Saint Jean-Paul II voulait justement qu’ils soient « le sel de la terre ».
L’évêque veut continuer à encourager les jeunes à travailler au service de l’Église, pas seulement pour devenir prêtres, mais également pour bien d’autres engagements, y compris politiques. L’Église de Timor Leste a besoin, selon Mgr Nascimento, de préparer davantage de jeunes à assumer des rôles de dirigeants. « Pour cela, nous devons commencer par la formation sacerdotale », ajoute-t-il, précisant que le pape François a également partagé son espérance que davantage de prêtres pourront sortir du Timor, vu qu’il s’agit de l’un des pays asiatiques les plus catholiques.

Toujours pas de cathédrale

L’un des rêves de Mgr Nascimento est de construire une nouvelle cathédrale, mais avant de commencer à s’y atteler, il faut attendre une décision de justice à propos d’un différend foncier. En attendant, le diocèse utilise l’église Saint-Antoine, construite par les Portugais en 1973, comme église principale. « L’église est vieille et trop petite pour accueillir autant de catholiques », explique l’évêque. « C’est particulièrement frustrant durant les fêtes, notamment à Pâques et à Noël. Les jours de pluie, pendant la messe, beaucoup de gens doivent rester debout sur le parvis. »
Après 21 ans de dur labeur, le diocèse comprend maintenant 351 000 catholiques répartis sur 21 paroisses, qui couvrent les districts de Baucau, Lospalos, Viqueque et Manatuto. Le diocèse comprend également 41 prêtres diocésains et 30 prêtres religieux. Environ 23 congrégations religieuses féminines et six congrégations masculines leur apportent leur soutien.

(Avec Ucanews, Thomas Ora, Baucau)