Eglises d'Asie – Philippines
Au pré-synode, les Philippins appellent à écouter les jeunes
Publié le 20/03/2018
Alyana et Gerald, les deux jeunes délégués philippins, représentent le pays à Rome, où le « pré-synode » des jeunes rassemble trois cents jeunes originaires du monde entier. Pour les représentants des Philippines, l’Église doit comprendre comment vivent les jeunes, comment ils pensent et communiquent, afin de pouvoir leur annoncer l’Évangile.
Ce « pré-synode » de cinq jours, du 19 au 24 mars, est organisé en préparation du synode des évêques qui aura lieu en octobre prochain sur « les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ». « Les évêques doivent comprendre les jeunes et avancer à leurs côtés. Ainsi, les jeunes se sentiront appartenir à l’Église et soutenus », estime Alyana Therese Pangilinan. À 23 ans, elle est engagée dans la pastorale des jeunes du diocèse de Bacolod, dans la province du Negros occidental. Pour elle, c’est important que l’Église et ses évêques « écoutent » les préocuppations des jeunes et qu’ils « y répondent », car les jeunes font face aujourd’hui à d’innombrables difficultés.
D’autre part, certains s’inquiètent du risque que les jeunes soient confrontés à des groupes extrêmistes. « Il est très important que l’Église soit accueillante et à l’écoute », ajoute Alyana, membre du Christian Family Movement (mouvement pour la famille chrétienne) de son diocèse. Elle précise que les évêques doivent comprendre « les questions, les espérances, les peurs et les blessures des jeunes, afin de pouvoir ajuster leur pastorale aux générations futures de façon plus efficace ».
« Nous parlons la même langue, mais… »
Gerald Rey Coquia, 29 ans, est également engagé dans la pastorale des jeunes aux Philippines, dans l’archidiocèse de Palo, dans la province de Leyte, dans l’est de l’archipel. Pour Gerald, il est urgent que les prêtres et les personnalités religieuses s’engagent auprès des jeunes générations. Pour lui, l’Église doit exercer un « ministère de présence » auprès des jeunes, assurant auprès d’eux « une étreinte à la foi ferme et tendre ». « Cette étreinte ne doit pas faire souffrir, elle ne doit pas être agressive au point de blesser les jeunes », continue Gerald, qui travaille dans une école locale. « Nous sommes supposés transmettre l’enseignement de l’Église, mais si personne ne connaît ou ne transmet ces enseignements aux jeunes, il y aura forcément de l’incompréhension parmi eux », assure Gerald.
Le père Conegundo Garganta, secrétaire général de la commission épiscopale de la jeunesse aux Philippines, affirme que les évêques philipppins écoutent les jeunes autant que possible, « par tous les moyens ». Le prêtre se réjouit de l’opportunité de ce synode, qui permet à l’Église de mieux connaître les jeunes et « d’adopter le langage qui sera le plus adapté pour répondre à leurs préoccupations ». « Nous parlons la même langue, mais la façon dont le langage est utilisé ou exprimé peut être un obstacle entre les jeunes et l’Église », pense le père Conegundo.
Le cardinal Luis Antonio Tagle de Manille affirme, par ailleurs, que l’Église a son propre regard sur les jeunes d’aujourd’hui, mais qu’il est également important d’écouter leur point de vue directement : « Ce sera un synode intéressant. Les évêques vont écouter les jeunes afin de pouvoir adapter au mieux la mission de l’Église. »
(Avec Ucanews, Roy Lagarde, Manille)