Eglises d'Asie

À Goa, un rassemblement interreligieux combat l’extrémisme

Publié le 10/04/2018




À l’initiative de l’Église catholique, des représentants des six religions majeures en Inde – bouddhisme, christianisme, hindouisme, jaïnisme, islam et sikhisme – se sont rassemblés le 5 avril dans l’état de Goa, dans le sud-ouest du pays. À l’issue du rassemblement, les responsables religieux ont publié un rapport appelant la population à ne pas mélanger sentiments religieux et patriotisme.

Des représentants des six religions principales en Inde ont publié un rapport commun appelant à cesser de considérer les Indiens comme patriotiques ou antipatriotiques selon leur religion. L’appel condamne également les tentatives, de plus en plus nombreuses, d’exploitation des sentiments religieux à des fins politiques, alors qu’approchent des élections nationales en Inde. Des responsables bouddhistes, chrétiens, hindous, jaïns, musulmans et sikhs se sont rassemblés le 5 avril, dans l’état occidental de Goa, afin d’exprimer leur vive inquiétude alors que les tensions montent dans plusieurs régions du pays.
« Nous nous opposons à quiconque tente de contrôler les décisions individuelles. Personne ne peut être étiqueté comme ‘antipatriotique’ à cause de sa religion, de sa région d’origine ou de sa communauté », affirme le rapport, publié à l’issue du rassemblement, qui a eu lieu à l’initiative de prêtres catholiques, en collaboration avec la conférence épiscopale indienne.
Dans leur rapport, les responsables religieux ont souligné la dignité de tout citoyen indien, qui mérite le respect et le droit de décider par lui-même ce qu’il peut manger, avec qui se marier ou quelle religion adopter. En s’exprimant ainsi, le rapport désigne directement les groupes pro hindous qui tentent d’imposer des restrictions aux chrétiens, aux musulmans et aux marginaux comme les Dalit (anciennement appelés intouchables). L’Inde se prépare pour des élections nationales en 2019, dans un contexte religieux très tendu, en particulier dans les états du Bengale occidental (dans le nord-est), de Bihar (dans le nord) et du Rajasthan (dans le nord-ouest). Les rapports locaux suggèrent que ces tensions sont provoquées par des manœuvres politiques visant à diviser la population selon des critères de caste ou de religion, alors que les partis politiques rivaux se vantent d’être les représentants des intérêts de leurs communautés respectives. Les élections, qui auront lieu en avril 2019, sont cruciales aussi bien pour le Bharatiya Janata Party (BJP), pour rester au pouvoir, que pour l’opposition, qui tentera d’inverser la tendance.

Plus fort que la haine

Mgr Theodore Mascarenhas, secrétaire général de la conférence des évêques, a confié qu’au moins 270 incidents sectaires, y compris des actes de vandalisme contre des églises, ont été rapportés ces deux dernières années. Selon l’évêque, des groupes d’Église projettent d’organiser des rassemblements pour promouvoir la fraternité afin d’appeler la population à « combattre le pouvoir de la haine ». La Société des missionnaires de Saint François-Xavier a collaboré avec la conférence épiscopale indienne dans l’organisation d’un rassemblement marquant les quarante ans de leur présence à Goa, Bombay et New Delhi. Sushil Goswamy Maharaj, un chef hindou, a affirmé que le fait de considérer les non hindous comme antipatriotiques était une insulte. « Si aujourd’hui, une religion ne peut en côtoyer une autre, alors l’Inde ne peut pas avancer », a-t-il alerté.
Le moine bouddhiste Bikky Sanghasena, fondateur d’un centre de méditation dans le Ladakh, dans l’extrême nord de l’Inde, estime que malgré les avancées spectaculaires de la science, l’homme a peu progressé en ce qui concerne les relations humaines. Il a demandé à la population d’« abandonner la mentalité qui affirme que ‘mon pays est plus grand que le tien’ ou que ‘mon dieu est supérieur au tien’… Parce que nous vivons sous le même soleil, sous la même lune et sur la même terre ». L’imam Umer Ahmed Illyasi, président de l’association All India Imam, a déclaré lors du rassemblement que ceux qui détruisent la société, en particulier au nom de la religion, se comportent de façon diabolique et non plus humaine.

(Avec Ucanews, Panaji)