Eglises d'Asie

Les pêcheurs se soulèvent contre la pollution pétrolière

Publié le 10/04/2018




Après l’incendie causé par une fuite pétrolière le 31 mars, dans la région côtière de Balikpapan, dans la province du Kalimantan oriental (Bornéo), des pêcheurs se battent pour éviter que l’incident se reproduise. La fuite, qui a entraîné la mort de cinq pêcheurs, a provoqué une catastrophe écologique dans la région et mis en danger ses habitants.

Abdul Gafar, pêcheur indonésien de 31 ans, confie qu’il doit maintenant revêtir un masque tous les jours, depuis qu’une fuite de pétrole s’est produite dans le port de Balikpapan, dans le Kalimantan oriental, à Bornéo. La fuite de pétrole a provoqué un incendie non loin du port, qui a entraîné la mort de cinq pêcheurs. Elle a été causée par un oléoduc endommagé et a atteint le village flottant de Kampung Baru, situé à quatre kilomètres du port, où Abdul et sa femme vivent avec leurs deux enfants. « Nous devons porter des masques depuis l’incident du 31 mars. Nous ne pouvons pas supporter l’odeur. C’est vraiment pesant, il y a comme une très forte odeur de diesel », raconte-t-il. « Depuis, nous avons souvent mal à la tête », ajoute Abdul.
Pire encore, le pétrole a recouvert les pilotis soutenant sa maison en bois, et il craint qu’elle prenne feu. « Nous devons faire très attention. Du coup, nous sommes obligés d’aller cuisiner chez un voisin. Sa maison n’a pas été touchée parce que des rochers empêchent le pétrole de l’atteindre », explique le pêcheur. La plupart des maisons du village flottant, où vivent environ 7 000 pêcheurs avec leurs familles, ont été polluées. Seules quelques-unes sont épargnées, grâce aux rochers qui les entourent. « Nous ne pouvons pas aller pêcher non plus », regrette Abdul, qui ajoute qu’il gagne environ 200 000 roupies indonésiennes (environ 12 euros) par jour, grâce à la pêche ou en attrapant des crabes. Pour lui, la catastrophe représente une grande perte, non seulement financière mais aussi personnelle, car il a perdu un de ses cousins, l’un des pêcheurs tués par l’incendie.

Une marée noire sur 12 km²

Selon Suseno, qui dirige l’Agence de prévention des catastrophes de Balikpapan (Disaster Mitigation Agency), le feu a probablement été provoqué par une étincelle, près d’un navire amarré dans le port, avant d’être maîtrisé rapidement. À propos des cinq pêcheurs décédés, « le dernier corps a été retrouvé par une équipe de recherche et de secours, le 3 avril », explique Suseno. La canalisation endommagée est encore en train d’être réparée. Elle appartient à la compagnie gazière et pétrolière d’État, Pertamina. En attendant, la fuite s’est étendue sur douze kilomètres carrés, mettant en danger plusieurs communautés vivant sur la côte. Lucia Dian Wulandari, qui vit au village de Margo Mulyo, est elle aussi très affectée par l’odeur. « Elle est particulièrement forte après la pluie », explique l’Indonésienne de 44 ans, paroissienne de l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Dahor. Les autorités municipales – la ville héberge l’une des quelques raffineries de la compagnie Pertamina – ont déclaré l’état d’urgence.

(Avec Ucanews, Jakarta)