Eglises d'Asie

À l’approche du sommet intercoréen, les catholiques prient pour la paix

Publié le 21/04/2018




Alors que se profile la rencontre entre les deux dirigeants de la péninsule coréenne, l’Église de Corée du Sud espère que le sommet mettra officiellement fin à la Guerre de Corée (1950-1953). Mgr Peter Lee Ki-heon, évêque d’Uijeongbu et président du Comité pour la réconciliation du peuple coréen de la Conférence épiscopale coréenne, fait part de son espérance. 

Cela fait des années que l’évêque d’Uijeongbu, Mgr Peter Lee Ki-heon, attend ce moment, alors qu’une rencontre au sommet entre les dirigeants des deux Corées est prévue le 27 avril sur le territoire sud-coréen. Mgr Ki-heon, président du Comité pour la réconciliation du peuple coréen, a publié un communiqué le 13 avril, afin de partager sa conviction que la rencontre peut mettre fin à des décennies de luttes et ouvrir une nouvelle ère de paix pour la péninsule. « Aujourd’hui, la péninsule coréenne s’apprête à vivre une nouvelle période de turbulences. Que ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel », écrit l’évêque. « Avec le sommet intercoréen, qui sera suivi du sommet entre la Corée du Nord et les États-Unis, les attentes s’intensifient, espérant que le conflit qui dure depuis 65 ans prenne fin pour ouvrir une nouvelle ère de paix. »
Plusieurs décennies après la Guerre de Corée, qui s’est terminée sur un cessez-le-feu, va avoir lieu le troisième sommet intercoréen jamais organisé à ce jour. Cette rencontre fait suite à celle du président Kim Dae-jung avec le « cher leader » Kim Jong-il, organisée à Pyongyang en 2000. En 2007, le président sud-coréen Roh Moo-hyun s’était rendu à son tour dans la capitale nord-coréenne. Mais chacune de ces deux rencontres s’était terminée sur un échec, les signes de réconciliation s’émiettant pour laisser place à des menaces de guerre, ainsi qu’à quelques coups de feu occasionnels dans la Zone Démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux pays. Mgr Lee espère que ce nouveau sommet portera ses fruits, soutenu par la prière des catholiques coréens. « Nos prières sont en train de réaliser un grand miracle grâce à Dieu, qui rend possible l’impossible », assure l’évêque. En 2015, à l’occasion des commémorations des 70 ans de la séparation des deux pays, l’Église catholique coréenne a déclaré la première « année de la paix ». Cette année-là, les catholiques étaient invités à se rassembler chaque soir à 21 heures pour prier pour la paix.

« Encore beaucoup d’obstacles à franchir »

Dans son communiqué du 13 avril, Mgr Lee a demandé aux catholiques de garder la foi. « Nous avons encore beaucoup d’obstacles à surmonter lors des prochaines rencontres diplomatiques. S’il vous plaît, priez pour une paix durable dans la péninsule coréenne. Notre union dans la prière sera une fondation solide pour la paix. » Mgr Lee a également encouragé les catholiques à renoncer à l’attitude « hostile » qui s’est installée dans la société coréenne depuis la Guerre de Corée. « À cause de la longue période de ‘guerre froide’ coréenne, les sentiments hostiles entre les deux Corées se sont profondément enracinés dans notre société, et notre Église n’est pas épargnée par ce malheur. Ce climat de lutte et de division au sein même de la société sud-coréenne est un obstacle majeur aux futurs succès du peuple coréen. » Pourtant, puisque la Corée du Nord tient sa promesse de renouer le dialogue avec les dirigeants chinois, sud-coréen et américain après avoir envoyé ses athlètes à Pyeongchang lors des Jeux olympiques d’hiver sud-coréens, un changement pourrait être imminent.
Le prochain sommet intercoréen marquera l’entrée, pour la première fois depuis des décennies, d’un dirigeant nord-coréen dans le territoire sud-coréen. Kim Jong-un doit en effet rencontrer le président sud-coréen Moon Jae-in dans la partie sud-coréenne de la Zone commune de sécurité, située juste au sud de la Zone démilitarisée. Bien qu’une grande partie du dégel des relations diplomatique soit restée secrète, la rencontre montre bien qu’une forte accalmie a suivi les mois de négociations entre Kim Jong-un et Donald Trump, les deux dirigeants s’étant menacés mutuellement de tirs nucléaires. En effet, Kim a rendu visite au président chinois Xi Jingping en secret à Pékin, durant la première semaine d’avril. Il s’agissait de son premier voyage hors du pays depuis son arrivée au pouvoir. Il a également été révélé récemment que le président Trump a envoyé en secret le chef de la CIA rencontrer le président nord-coréen quelques jours plus tard. Une façon de préparer le sommet entre la Corée du Nord et les États-Unis, qui devrait avoir lieu en mai.

(Avec Ucanews, Séoul)