Eglises d'Asie

Des jeunes philippins font la classe aux enfants pauvres

Publié le 27/04/2018




Des jeunes membres du mouvement catholique philippin Couples for Christ ont lancé un programme de soutien scolaire appelé « Cornerstone » (Pierre angulaire). Le mouvement cherche à renforcer la vie familiale chrétienne aux Philippines. En s’engageant dans ce programme de tutorat destiné aux enfants en difficulté scolaire, ces jeunes catholiques cherchant à répondre au problème de l’illettrisme aux Philippines, qui touche les pauvres en priorité. 

Plutôt que d’aller voir un film ou de sortir avec ses amis le week-end, Ruel Tenerife, jeune informaticien de 32 ans, passe le plus clair de son temps à apprendre à lire aux enfants. Il dirige un groupe d’une soixantaine de jeunes professionnels, tous célibataires, qui se portent volontaires une demi-journée par semaine, le week-end, pour accompagner plus d’une centaine d’élèves en école primaire. Le groupe fait partie de « Cornerstone » (Pierre angulaire), un programme national de soutien scolaire organisé par « Couples for Christ », un mouvement catholique philippin engagé pour la vie familiale chrétienne aux Philippines. Ruel, qui est volontaire pour le programme depuis 2012, reconnaît que travailler le samedi matin n’est pas toujours facile, mais il ajoute que c’est gratifiant de pouvoir aider les enfants.
Dans un pays comme les Philippines, où le taux de scolarisation en école primaire serait de 88,7 % selon l’Unicef, beaucoup de jeunes enfants scolarisés dans les écoles publiques demeurent illetrés et ne comprennent pas ce qu’ils lisent. Ruel explique que le but de son groupe est d’aider ces élèves à apprendre à lire. « Les enseignants soutiennent ce programme, parce qu’ils le trouvent utile pour eux et pour la formation des élèves », affirme-t-il. Rien que dans sa région, Ruel supervise le tutorat de 182 élèves âgés de sept à douze ans. Il espère qu’ils pourront tous passer dans la classe supérieure à la fin de l’année scolaire, en août. Les cérémonies de fin d’année lui apportent toujours un sentiment de fierté. Quant à Tina Matanguihan, engagée comme volontaire pour Cornerstone à San Juan, le programme de tutorat l’a conduite à devenir plus reconnaissante. « J’ai compris à quel point c’était une grâce de me retrouver dans ce lieu où Dieu m’utilise comme une bénédiction pour les autres », se réjouit-elle.

Pour retrouver « leur dignité d’enfants de Dieu »

Sherryl Canlas, qui coordonne le programme Cornerstone au niveau national, explique que plusieurs enfants accompagnés par le groupe ont été jusqu’à obtenir les honneurs au sein de leur classe. « La seule raison pour laquelle beaucoup d’entre eux ne parviennent pas à apprendre est que personne ne prend le temps de les accompagner », explique-t-elle. Beaucoup parmi ces élèves connaissent la pauvreté et la malnutrition, et les écoles publiques manquent souvent d’enseignants, surtout en province. Des élèves comme Ronnie Pahimnayon affirment avoir beaucoup appris grâce à Cornerstone. Quand Ronnie a rejoint le programme à treize ans, il ne savait même pas épeler son prénom. Il a redoublé une fois à cause de ses difficultés de compréhension. Il s’est alors mis, peut-être par désespoir, à s’en prendre aux camarades plus petits que lui.
Selon, Sherryl Canlas, Cornerstone apporte également « un soutien spirituel et moral » aux enfants. Le programme s’adresse aussi aux parents. « Nous voulons faire comprendre aux parents, dans notre programme, leur valeur et leur dignité d’enfants de Dieu », ajoute Sherryl. Les parents sont ainsi invités à se joindre à des programmes de soutien, comme des cours de cuisine. Le programme Cornerstone comporte deux niveaux, le premier pour les élèves d’école primaire, et le second pour les lycéens. Le premier vient en aide aux élèves des écoles primaires qui ont besoin d’aide pour apprendre à lire, tandis que le second cherche à repérer et former des leaders chrétiens potentiels. Le groupe Couples for Christ travaille aussi avec le Centre Ateneo pour l’éducation, une institution jésuite qui cherche à améliorer l’éducation publique du pays, notamment à travers des programmes de responsabilisation.

(Avec Ucanews, Manille)