Eglises d'Asie – Indonésie
À Surabaya, les chrétiens s’unissent contre le terrorisme
Publié le 15/05/2018
L’Église indonésienne a appelé à l’unité, suite aux attentats suicide qui ont touché trois églises, un immeuble d’appartement et une base de la police de Surabaya, la seconde plus grande ville du pays dans l’île de Java. Ces attaques sont les plus meurtrières dans l’archipel depuis plus d’une décennie. Lundi 14 mai, tôt le matin, une famille de cinq personnes, dont trois enfants, a mené une attaque à la bombe, à l’aide de deux motos, contre une base de police de la ville, provoquant la mort d’au moins un agent et dix blessés, dont quatre policiers. Une fillette de huit ans, qui était avec la famille, a survécu à l’attaque et a été amenée à l’hôpital, selon le porte-parole de la police, Frans Barung Mangera. L’attaque a suivi les attentats de la veille, dimanche 13 mai, qui ont coûté la vie d’au moins quatorze morts et une quarantaine de blessés. Les trois attentats suicide de dimanche ont été menés par une seule famille – un homme, une femme et quatre enfants – contre trois églises de la ville. La première attaque a été menée par les deux fils du couple, âgés de 16 et 18 ans, dans le parking de l’église catholique Sainte-Marie ; la seconde attaque a été menée par la mère et les deux filles, âgées de 9 et 12 ans, contre l’église Kristen Indonesia Diponegoro ; et le père s’est attaqué à une église pentecôtiste.
Aloysius Bayu Rendra Wardhana, l’une des victimes de l’attaque contre l’église Sainte-Marie, a été tué alors qu’il essayait d’empêcher les terroristes d’entrer. Le père Alexius Kurdo Irianto, curé de l’église, a loué sa bravoure et son sacrifice. « S’il n’était pas intervenu, il y aurait eu encore plus de victimes dans l’église », explique le prêtre. La mère d’Aloysius a déclaré que sa famille est « fière d’avoir un martyre qui a donné sa vie pour sauver des centaines de personnes qui assistaient à la messe du dimanche dans l’église ». Le même jour, la police a annoncé qu’elle avait fait exploser quatre bombes trouvées dans la maison de la famille responsable des attentats du 13 mai. Dimanche, une explosion dans un appartement à une trentaine de kilomètres de Surabaya a également provoqué la mort de trois personnes appartenant à la même famille.
« Nous ne devons pas avoir peur »
Le président indonésien Joko Widodo a dénoncé ces attaques comme « des actes lâches, indignes et barbares ». Selon Tito Karnavian, général en chef de la police nationale indonésienne, les groupes Jemaah Anshorut Daulah (JAD) ou Jamaah Ansharut Tauhid (JAT), inspirés par l’État islamique, sont vraisemblablement à l’origine des attaques. Les responsables des deux groupes sont en prison. Le chef du JAD, Aman Abdurrahman, est détenu au centre pénitentiaire de Depok, dans l’ouest de Java, où une émeute meurtrière a provoqué, le 9 mai, la mort de cinq policiers et d’un prisonnier. « Ces groupes, parce que leurs chefs sont emprisonnés, pourraient vouloir se venger », estime Tito Karnavian. Pour lui, les attaques pourraient aussi avoir eu lieu en guise de représailles après l’arrestation de deux terroristes présumés et la mort de quatre terroristes, le 4 mai à Bogor, dans l’ouest de Java.
Al Chaidar, un expert sur le terrorisme de l’université Malikussaleh d’Aceh (Sumatra), affirme que les terroristes, lors des attaques des 13 et 14 mai, ont changé de stratégie. Ils envoient des femmes et des filles comme djihadistes « parce que personne ne les soupçonnera ». Le père Agustinus Ulahayanan, secrétaire général de la commission épiscopale pour l’œcuménisme et les affaires interreligieuses, a dénoncé les attentats et appelé les catholiques et les autres chrétiens à s’unir et à rester vigilants. « Nous ne devons pas avoir peur. Nous devons renforcer la sécurité », a-t-il déclaré. Les principales organisations musulmanes du pays, Nahdlatul Ulama (NU) et Muhammadiyah, ont fermement condamné les attentats. Selon cath.ch, le président du NU, Said Aqil Aqil Siradj a déclaré dimanche qu’« il n’y a pas une seule religion dans le monde qui justifie la violence comme mode de vie ».
(Avec Ucanews, Jakarta)