Eglises d'Asie – Divers Horizons
Japon et Pakistan : deux nouveaux cardinaux pour l’Asie
Publié le 23/05/2018
Une fois de plus, le pape François a annoncé des nominations inattendues pour l’Asie. L’archevêque japonais d’Osaka, Mgr Thomas Aquinas Manyo Maeda, et l’archevêque pakistanais de Karachi, Mgr Joseph Coutts, font partie d’un consistoire de nouveaux cardinaux annoncé par le souverain pontife dimanche 20 mai. Le Pakistan comme le Japon comptent une petite minorité de catholiques. Il y a environ 950 000 catholiques au Japon. Près de 450 000 d’entre eux sont japonais. Les autres sont des expatriés, souvent d’origine philippine, ou des descendants de Japonais ayant émigré en Amérique du Sud au début du XXe siècle. Au Pakistan, on compte environ un million de catholiques parmi les près de 2,5 millions de chrétiens dans le pays, pour une population de 180 millions d’habitants, à majorité musulmane. « Je suis heureux d’annoncer que le 29 juin, je tiendrai un consistoire afin de créer quatorze nouveaux cardinaux », a déclaré le pape François le dimanche 20 mai durant l’Angélus, place Saint-Pierre, en annonçant la cérémonie d’investiture des cardinaux. « Leurs pays d’origine expriment l’universalité de l’Église, qui continue d’annoncer la miséricorde de Dieu à tous les peuples de la terre », a-t-il ajouté.
« Il est temps de défendre la paix »
Le nouveau cardinal annoncé pour le Pakistan, Mgr Coutts, a été évêque du diocèse d’Hyderabad de 1990 à 1998, avant d’être évêque de Faisalabad. En 2012, le pape Benoît XVI l’a nommé archevêque de Karachi. « Dans ce diocèse, l’Église a apporté la Bonne Nouvelle durant plus de soixante ans, dans les domaines de l’éducation et de la médecine. Dans les cas de catastrophes naturelles, elle s’est empressée auprès des personnes touchées, blessées ou malades », explique Mgr Joseph Coutts. « Il est temps de défendre la paix. C’est notre nouvelle devise. C’est ce que nous devons apprendre et enseigner. Aujourd’hui, nous avons le devoir de restaurer la paix dans cette ville portuaire, en accueillant les personnes de traditions et coutumes différentes », ajoute Mgr Coutts.
Durant les quinze dernières années, en particulier, l’Église catholique du Pakistan a été touchée par une série d’attaques meurtrières, et beaucoup de fidèles ont subi les lois strictes du gouvernement pakistanais sur le blasphème, contre lesquelles s’est battu l’archevêque. Le père Inayat Bernard, recteur de la cathédrale du Sacré-Cœur de Lahore, confie que l’Église du Pakistan attend la nomination d’un cardinal pakistanais depuis la mort du cardinal Joseph Cordeiro, en 1994. « Pour nous, c’est une bouffée d’air frais. Nous sommes vraiment émus. La création d’un cardinal dans un pays islamique est une grande fierté. Enfin, les Pakistanais comptent parmi eux un prince de l’Église. Au nom du Saint-Père, je vous félicite », a déclaré le prêtre durant un rassemblement interreligieux, organisé au centre dominicain de Lahore.
Pêcheur et amateur de haïkus
La nomination de Mgr Manyo Maeda, créé cardinal pour le Japon, a provoqué la surprise de l’évêque ainsi que celle des fidèles japonais. Ceux-ci s’attendaient à ce qu’il s’agisse de Mgr Kikuchi, le nouvel archevêque de Tokyo. Mgr Kikuchi est le président de Caritas Asie, et il est bien connu à Rome. Il est membre de la congrégation religieuse du Verbe Divin, il est multilingue et il a travaillé comme missionnaire au Ghana. Tandis que Mgr Maeda ne parle pas de langue étrangère et n’a aucune expérience internationale. Mgr Maeda sera, le 29 juin, le sixième Japonais à devenir cardinal, et il ne cache pas sa surprise. « Les gens m’appellent ou m’écrivent les uns après les autres pour me dire qu’ils ont appris la nouvelle », explique l’archevêque. « Moi-même, je n’étais pas au courant. Personnellement, je ne pense pas être la personne la plus adéquate pour être cardinal, j’ai encore du mal à y croire. » Mgr Maeda est vice président de la conférence épiscopale japonaise. Né en 1949, il a été ordonné à Nagasaki en 1975. Après avoir été secrétaire général de la conférence des évêques entre 2006 et 2011, il a été nommé évêque du diocèse d’Hiroshima en septembre 2011, avant de devenir archevêque d’Osaka en 2014. En tant que natif de Nagasaki, il s’est beaucoup impliqué dans le mouvement de paix à Hiroshima. L’archevêque peut être considéré à juste titre comme successeur des apôtres, d’autant plus qu’à l’image de ceux-ci, quand il était curé de paroisse, il allait souvent pêcher sur son bateau… Il est également amateur de haïkus, courts poèmes japonais de trois vers, et ses compositions apparaissent souvent dans ses sermons.
11 nouveaux électeurs
Outre les deux pays asiatiques, le pape a également annoncé de nouveaux cardinaux orginaires d’Irak, du Portugal, d’Italie, de Pologne, du Pérou et de Madagascar, ainsi que dans la Curie romaine. On compte ainsi l’archevêque Giovanni Angelo Becciu, actuellement Substitut pour les Affaires générales (numéro deux de la Secrétairerie d’État) et délégué personnel du Pape auprès de l’Ordre de Malte. Sur les quatorze nouveaux cardinaux, onze ont moins de 80 ans, et deviennent donc électeurs et successeurs potentiels du pape François. Ils seront créés cardinaux le 29 juin, le jour de la fête de saint Pierre et saint Paul. Cette addition de onze nouveaux cardinaux électeurs élève le nombre des électeurs à 125, ce qui dépasse la limite de 120 électeurs fixée par le pape Paul VI. Le pape François a déjà nommé soixante cardinaux en cinq années de pontificat. Au 17 mai 2018, le collège cardinalice comptait 213 cardinaux.
Les autres cardinaux annoncés le 20 mai sont le vicaire général de Rome, Mgr Angelo De Donatis ; l’archevêque jésuite espagnol Luis Ladaria (actuellement Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi) ; Mgr Antonio dos Santos Marto, archevêque de Fatima au Portugal ; Mgr Pedro Barreto, archevêque de Huancayo au Pérou ; Mgr Desire Tsarahazana, archevêque de Toamasina, à Madagasacar ; et Mgr Giuseppe Petrocchi, archevêque de l’Aquila, en Italie. Trois des évêques ont plus de 80 ans : Mgr Sergio Obeso Rivera, archevêque émérite mexicain de Xalapa ; Mgr Toribio Ticona Porco, évêque émérite de Corocoro, en Bolivie ; et le père Aquilino Bocos Merino, religieux clarétain en Espagne.
(Avec Ucanews)