Eglises d'Asie

Un an après, évêques et imams de Mindanao s’unissent contre l’extrémisme

Publié le 24/05/2018




Le 23 mai 2017, des terroristes islamistes s’attaquaient à la ville de Marawi, dans l’île de Mindanao au sud des Philippines. Le jour de Pâques 2018, des habitants de la ville (photo) ont pu visiter à nouveaux leurs anciens logements pour la première fois depuis la fin du conflit en octobre 2017. Évêques catholiques et imams de Mindanao déclarent, un an après, un front uni contre l’extrémisme afin d’aller de l’avant et de reconstuire ensemble une culture de paix.

Les autorités religieuses de Mindanao, toutes confessions confondues, ont déclaré un front uni « contre l’extrémisme violent », avant les commémorations du 23 mai, premier anniversaire de l’attaque terroriste contre la ville de Marawi il y a un an. Le conflit, qui a duré cinq mois, a provoqué la mort de plus de mille personnes et entraîné la fuite de 400 000 habitants de Marawi et de la région, en majorité musulmans. Un communiqué, titré « Marawi et au-delà », déclare que les habitants de Mindanao « ont besoin de retisser le respect mutuel et des relations de confiance », tout en précisant qu’avant les conflits, les communautés chrétiennes et musulmanes locales avaient de bonnes relations. « Nous sommes contre toute forme d’extrémisme violent », ajoute le communiqué, signé par des évêques catholiques, des membres du clergé, des universitaires musulmans et des imams. Selon eux, de plus en plus de jeunes musulmans, frustrés par les échecs du gouvernement à respecter ses promesses, se posent la question de rejoindre des groupes armés.
Parmi les problèmes soulevés par la population de Mindanao, on trouve le retard de l’application de la loi fondamentale de Bangsamoro (Bangsamoro Basic Law), qui prévoit instaurer une nouvelle région politiquement autonome pour les musulmans. Dans une déclaration, l’archevêque de Cagayan de Oro, Mgr Antonio Ledesman, exprime son espérance que l’anniversaire des attaques de Marawi puisse « appeller les chrétiens et les musulmans à regarder de l’avant et à travailler ensemble pour une culture de paix et pour le développement ». Récemment, l’archevêque a organisé un débat entre douze responsables chrétiens et douze imams musulmans, afin d’échanger sur les problèmes qu’ils veulent aborder auprès du gouvernement. « Les musulmans et les chrétiens doivent s’unir pour une culture de paix à Mindanao et dans le reste du pays », ont-t-ils déclaré.

« Travailler ensemble pour une culture de paix »

Ils ont également suggéré au gouvernement d’autoriser les habitants de Marawi qui ont dû fuir la ville à prendre part à la reconstruction de Marawi : « Ils ont déjà beaucoup souffert dans les centres de secours, ou bien dans des logements bondés chez leurs proches des villes voisines. » Ils ont également soulevé le rôle de l’éducation, en particulier les « Madrasahs » (écoles islamiques) dans le processus de paix : « Nous devons trouver une solution à long terme afin de changer les esprits et les cœurs à Mindanao. » Le 23 mai, le président Rodrigo Duterte devait participer à une commémoration des évènements de Marawi en offrant des fleurs, en hommage aux soldats et aux policiers défunts. Les combats, qui ont pris fin en octobre 2017, ont entraîné la mort de 974 terroristes, de 168 soldats et policiers, et de 47 civils.
Les forces de l’ordre dirigent encore des opérations de déminage d’obus non explosés ou d’engins explosifs improvisés, qui auraient pu être laissés par les terroristes. Environ 85 % des 24 villages les plus touchés par les attaques ont été dégagés par les autorités. La National economic development authority, une agence publique du gouvernement philippin consacrée au développement économique du pays, déclare que la reconstruction de Marawi coûtera au moins un milliard de dollars, parmi lesquels 498 millions de dollars sont nécessaires dès cette année.

(Avec Ucanews, Manille)