Eglises d'Asie – Philippines
Les victimes du typhon Haiyan remontent la pente grâce à l’Église
Publié le 05/06/2018
À ce jour, Caritas a pu venir en aide à environ 1,8 million de personnes touchées par les destructions causées par le super-typhon Haiyan, qui a frappé le centre des Philippines en 2013. Le programme d’aide et de réhabilitation de l’Église pour les survivants du typhon a atteint près de 50 millions de dollars US. Cinq ans après, l’aide de l’Église semble sans comparaison avec le programme de réhabilitation du gouvernement philippin. Celui-ci a en effet dû faire face à des problèmes de corruption, sans compter la mauvaise qualité de la construction de certains logements prévus pour les victimes. Sur les 205 128 logements qui devaient être construits, seuls 67 754 sont terminés, soit 33 %. Pour l’instant, seulement 34,3 % des logements terminés sont occupés.
Pendant ce temps, Caritas Philippines affirme avoir terminé la rénovation de 593 logements, ainsi que la construction de 768 logements provisoires, de 1 923 abris provisoires et de 1 167 abris permanents. Les abris provisoires sont prévus pour durer dix ans, et les abris permanents au moins vingt ans, selon Caritas. Jing Rey Henderson, coordinatrice de Caritas Philippines, a tenu à dire aux gens dès le début que ce programme est le leur, et non « celui de l’Église catholique ». Selon elle, les gens ont besoin d’un sentiment d’appartenance pour rebondir et devenir plus « responsables, résilients et solidaires ». Jing Rey ajoute que le travail de Caritas repose sur une gestion des risques et sur des principes et stratégies d’organisation communautaires. « Grâce à cela, nous pouvons nous assurer, en l’absence de groupes d’Église et même une fois la période de financement terminée, que ces communautés puissent maintenir le programme à flot », explique-t-elle.
166 communautés autonomes réhabilitées
Selon elle, 166 communautés, liées au programme d’intervention de l’Église prévu pour une durée de trois ans, sont devenues autonomes. « Ce programme et géré par et pour les communautés », ajoute-t-elle. « Le programme de réhabilitation a pu prospérer parce que celles-ci ont pu se l’approprier. » Tous les objectifs de ce programme de trois ans, qui couvre neuf diocèses, 51 villes et 166 villages dans le centre de l’archipel, ont été atteints. Quand on demande au père Virgilio Canete, de l’archidiocèse Palo, pourquoi les projets de l’Église ont été plus efficaces que les initiatives prises par le gouvernement, le prêtre estime que cela vient de l’absence de « paperasserie ». Pour le prêtre, « les procédures du gouvernement en matière d’acquisitions demandent beaucoup de signataires. » « La situation après le typhon Haiyan était telle que l’administration publique s’est retrouvée débordée », confie le père Canete, qui ajoute que l’Église avait l’avantage de disposer de plus de volontaires.
Rina Reyes, qui dirige « Rights Networks », un groupe de défense des droits fonciers, affirme que le programme du gouvernement a mal fonctionné « parce que la population affectée n’a pas été consultée ». Rina regrette aussi « les efforts non coordonnés de plusieurs agences du gouvernement, qui ne communiquent pas entre elles pour dégager les obstacles sur les routes retardant le processus de réhabilitation ». « Il manque un plan de réhabilitation concret, qui corresponde aux besoins des victimes », affirme-t-elle. Wendell Avisado, conseiller du président Rodrigo Duterte, dénonce le « cercle vicieux » du système bureaucratique du gouvernement. Pendant que celui-ci tente de trouver des réponses aux problèmes, les survivants se plaignent de leurs conditions de vies dans les abris provisoires qu’ils comparent à des « porcheries ». Raul Malibago, un survivant de 50 ans, explique que le gouvernement lui a attribué à un logement plutôt étroit pour les dix membres de sa nombreuse famille. « Nous n’avons pas le droit de construire un second étage », explique-t-il. « Quand nous dormons, nous restons collés les uns aux autres. C’est petit, chaud, surpeuplé, et il n’y a aucune intimité », ajoute Raoul, qui précise que le logement est fait « en terre cuite et qu’il n’y a pas d’armature en acier », ce qui met les occupants en danger. « J’ai peur que tout s’écroule en cas de tremblement de terre », explique-t-il. « Ces abris ne sont pas des logements convenables », regrette Christopher Durana, vice-secrétaire général du groupe d’aide Kadamay, précisant que les abris n’ont ni eau courante, ni électricité.
(Avec Ucanews, Tacloban)