Eglises d'Asie

Jakarta fait appel aux catholiques pour lutter contre le radicalisme

Publié le 07/06/2018




Le gouvernement indonésien a fait appel, afin de mieux lutter contre le radicalisme et préserver l’unité nationale, à l’ISKA, l’Association des intellectuels catholiques indonésiens. Le chef du cabinet présidentiel, Moeldoko, a signé le 30 mai, à Jarkarta, un nouveau livre publié par l’ISKA à l’occasion du soixantième anniversaire du groupe. Les autorités cherchent, par cette alliance, à utiliser l’influence de l’organisation contre la menace des groupes radicaux.

Moeldoko, haut fonctionnaire du gouvernement indonésien a fait appel à l’ISKA, une organisation catholique influente dans l’archipel indonésien, afin de mieux soutenir l’unité nationale face à la menace grandissante des groupes extrémistes contre la Constitution et la philosophie indonésiennes. Le 30 mai à Jakarta, prenant la parole lors du soixantième anniversaire de l’Association des intellectuels catholiques indonésiens (ISKA), le chef du cabinet présidentiel, Moeldoko, a déclaré que les groupes radicaux étaient en train de détruire les fondations mêmes du pays. Moeldoko faisait ainsi référence à la Constitution de 1945 et à la philosophie nationale, la « Pancasila », qui défend « l’unité dans la diversité ». « Ce qui est en train de se passer m’effraie. Je viens de lire un article sur une jeune fille qui s’est radicalisée sur Internet à travers des enseignements islamiques extrémistes », s’est inquiété Moeldoko devant les membres de l’ISKA, évoquant une jeune fille de 18 ans, Dita Siska Millenia, qui a été arrêtée le 12 mai près de la maison d’arrêt de Depok, dans l’ouest de Java. Des terroristes avaient provoqué une émeute violente trois jours plus tôt au même endroit. La jeune fille est soupçonnée d’avoir voulu poignarder un policier avec une paire de ciseaux. « J’espère que l’ISKA, dont l’organisation est fortement engagée dans la défense de l’unité nationale, pourra devenir un véritable pilier pour la poursuite du développement de notre pays », a-t-il ajouté. « J’espère aussi que l’ISKA parviendra à se débarrasser des termes de ‘majorité’ et de ‘minorité’. Nous devons réfléchir à la meilleure façon de construire l’unité. L’unité nationale est la seule chose qui peut faire de l’Indonésie un grand pays. »

« Si nous ne le faisons pas, qui le fera ? »

L’ISKA est membre de Pax Romana, le Mouvement international des intellectuels catholiques (ICMICA). Il s’agit d’une association internationale basée à Genève et affiliée aux Nations Unies. Pax Romana regroupe des organisations, des groupes et des personnalités catholiques engagés avant tout dans le dialogue œcuménique. Le mouvement est donc fortement impliqué dans la défense des Droits de l’Homme, de la démocratie, de la culture, de l’éducation, de la cohésion sociale et de l’éradication de la misère, ainsi que dans le dialogue interculturel et interreligieux. Le président de l’ISKA, Vincentius Hargo Mandirahardjo, a déclaré que l’organisation a toujours été au front concernant les attaques contre l’unité nationale, et qu’elle continuera d’agir ainsi. « Nous ne pouvons pas rester silencieux alors que notre pays fait face à des menaces telles que le radicalisme et les ‘fake news’ qui manipulent les sentiments religieux. Nous sommes très inquiets face à cette situation et nous continuerons à nous battre », a affirmé Vincentius. « Nous devons renouveler notre engagement continuellement. Si nous ne le faisons pas, qui d’autre le fera ? » a-t-il demandé, ajoutant que le gouvernement peut faire confiance à son organisation.
Le père Paulus Christian Siswantoko, secrétaire général de la commission épiscopale indonésienne pour les laïcs, a ajouté que les membres de l’ISKA ont beaucoup d’idées qu’ils peuvent partager, vu l’influence de l’organisation. « On espère que l’ISKA peut vraiment aider les gens à comprendre la situation actuelle, à agir en conséquence et à trouver des solutions aux problèmes comme le radicalisme et l’intolérance », confie le prêtre. L’agence indonésienne de lutte contre le terrorisme a publié une étude l’année dernière, estimant que près de 40 % des étudiants de 15 des 34 provinces indonésiennes ont des tendances radicales.

(Avec Ucanews, Jakarta)