Eglises d'Asie

Le gouvernement annonce la fin du cessez-le-feu au Cachemire

Publié le 20/06/2018




Un mois après la décision du gouvernement indien de proposer un cessez-le-feu unilatéral au Cachemire durant le mois du Ramadan, la tentative se révèle être un échec. Malgré la trêve, les attaques des militants et des groupes séparatistes se sont multipliées. Le 16 juin, le ministère de l’Intérieur a donc annoncé la reprise des combats dans le nord de l’État indien de Jammu-et-Cachemire. Les rebelles avaient rejeté la proposition de cessez-le-feu, estimant qu’elle manquait de clarté et de sincérité. Un journaliste, qui prônait le dialogue et la réconciliation, a été tué le 14 juin à Srinagar, envoyant un message clair aux autorités. 

Le gouvernement indien a décidé de mettre fin à la trêve qu’il avait proposée aux militants islamiques du nord de l’État de Jammu-et-Cachemire, dans le nord de l’Inde, à l’occasion du mois du Ramadan. Le 16 juin, le ministre fédéral de l’Intérieur, Rajnath Singh, a annoncé que le gouvernement avait décidé de reprendre les combats contre les militants. « Il a été ordonné aux forces de sécurité de prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir, comme avant, les attaques terroristes qui pourraient entraîner des morts et des blessés », a déclaré Rajnath Singh dans un communiqué. Durant le Ramadan, l’armée indienne et les forces de l’ordre ont contenu toute action au maximum, jusqu’au jour de la fête de l’Aïd el-Fitr, dernier jour du jeûne, qui tombait le 16 juin. Mais durant toute la durée de la trêve, selon le communiqué du gouvernement, les indépendantistes n’ont pas arrêté leurs attaques contre les forces de l’ordre et contre les civils.
Les militants poursuivent une lutte armée dans le but de libérer cette région majoritairement musulmane du contrôle indien, que ce soit pour rejoindre les frontières de la nation islamique du Pakistan ou pour fonder un nouveau pays islamique. Les informations publiées par le ministère de l’Intérieur révèlent que les attaques des rebelles ont été multipliées par trois durant le cessez-le-feu. Seulement 25 attaques ont eu lieu entre le 19 avril et le 16 mai, alors qu’il y en a eu 66 entre le 17 mai, premier jour du cessez-le-feu, et le 13 juin. Le gouvernement avait annoncé un cessez-le-feu unilatéral en « signe de bonne volonté », afin d’aider les musulmans à observer le Ramadan dans le calme en évitant les troubles, avait expliqué Rajnath Singh en annonçant la trêve. Le gouvernement avait donc demandé aux forces de l’ordre d’éviter de lancer toute offensive contre les rebelles. Rajnath Singh avait également proposé aux groupes séparatistes des pourparlers de paix.

Près de 100 000 morts en trente ans de conflits

Mais les groupes séparatistes comme les groupes militants ont tous rejeté l’offre, affirmant que la tentative du gouvernement de mettre fin aux conflits au Cachemire manquait de clarté et de sincérité. Les séparatistes voulaient que le Pakistan soit inclus dans les pourparlers. Rafi Ahmad Mir, premier porte-parole du Parti démocratique populaire (PDP), qui dirige l’État en coalition avec le Bharatiya Janata Party (BJP), a déclaré que la décision de mettre fin au cessez-le-feu était malheureuse, mais que la réponse des militants avait été tout aussi regrettable. « Les militants auraient dû accueillir cette proposition », ajoute Rafi, qui déplore l’intensification des attaques. Owais Ahmad, journaliste, estime que le cessez-le-feu a été un échec, mais que la décision du gouvernement a été prise sans aucun préavis. Selon lui, le cessez-le-feu a donné aux groupes militants l’opportunité de se regrouper et de préparer des opérations.
Syed Shujaat Bukhari, journaliste, a été tué par les militants le 14 juin, devant son bureau dans le centre de la capitale du Cachemire, Srinagar. Le journaliste prônait le dialogue et la réconciliation. « Les militants, en tuant Syed Bukhari, ont envoyé un message clair, en montrant qu’ils sont actifs et qu’ils peuvent viser n’importe qui, à tout moment », explique Owais. Le conflit remonte à 1947, lors de la partition de l’Inde et du Pakistan après la fin du régime colonial britannique. Les deux pays revendiquent le Cachemire dans sa totalité ; ils ont traversé trois conflits majeurs et de multiples escarmouches. Ces trois décennies d’attaques séparatistes et de répression militaire ont causé la mort de près de 100 000 rebelles, militaires et civils.

(Avec Ucanews, Srinagar)