Eglises d'Asie

Ahok, l’ancien gouverneur de Jakarta, refuse la liberté conditionnelle

Publié le 17/07/2018




Basuki Tjahaja Purnama, dit Ahok, l’ancien gouverneur chrétien de Jarkarta, a droit à une libération conditionnelle de quatre heures par jour, mais il a décidé de refuser la proposition dans l’espérance d’une libération anticipée. L’ancien gouverneur (à gauche sur la photo) est en prison depuis 2017 pour une peine de deux ans. Suite à sa défaite lors des élections de février 2017, il avait été condamné abusivement pour blasphème, face à la pression des groupes islamistes indonésiens.

Basuki Tjahaja Purnama, l’ancien gouverneur chrétien de Jakarta aujourd’hui en prison, a décidé de refuser l’offre de libération conditionnelle qui lui a été proposée, espérant poursuivre sa peine de deux ans dans l’espoir d’une libération anticipée, selon sa sœur. Purnama, plus connu sous le nom d’Ahok, poursuit une peine de deux ans pour blasphème, après avoir été accusé, lors des élections de 2017, d’avoir commenté le Coran en s’opposant, lors d’un discours électoral, aux théologiens affirmant que les musulmans ne doivent pas voter pour des candidats non musulmans. Sous la pression des groupes islamistes indonésiens, il a été emprisonné quelques semaines après avoir perdu les élections, face à son rival musulman Anies Baswedan. Selon la loin indonésienne, il a droit à une libération conditionnelle après avoir purgé les deux tiers de sa peine, ce qui veut dire qu’il a droit à une libération jusqu’à quatre heures par jour. Les autorités carcérales indonésiennes l’ont confirmé, ajoutant que cela dépend de Purnama d’accepter ces termes.
Mais selon Fifi Lety Indra, avocate et sœur de l’ancien gouverneur, Purnama n’acceptera pas. « Il attendra la fin de son mandat », affirme-t-elle. Purnama doit en principe purger son mandat jusqu’à l’année prochaine, mais il pourrait être libéré dès le mois prochain pour bonne conduite. Avant sa chute, le politicien d’origine chinoise avait déjà remporté une victoire historique comme premier gouverneur chrétien de la capitale indonésienne, après avoir servi auprès de Joko Widodo, l’actuel président indonésien, durant le mandat de gouverneur de Jakarta de ce dernier. Mais le franc-parler d’Ahok, qui l’a rendu populaire, a également provoqué la fureur de ses opposants, dont des groupes extrémistes tels que l’Islamic Defenders Front (IDF), qui ont organisé des manifestations contre lui.
« Nous prions souhaitons juste qu’il a retenu la leçon et qu’il sera plus prudent à l’avenir », a déclaré Slamet Maarif, le porte-parole de l’IDF, suite à l’annonce de la possible libération anticipée. Ray Rangkuti, analyste politique, estime que malgré son emprisonnement, la carrière politique de l’ancien gouverneur va probablement continuer. « Tout le monde sait tout le bien qu’il a fait durant son mandat. Son approche sans détour des problèmes de la bureaucratie indonésienne manque à beaucoup de gens », explique-t-il. « Il a encore de grandes chances de faire un retour en politique. »

(Avec Ucanews, Jakarta)