Eglises d'Asie

73 ans après Hiroshima et Nagasaki, les Japonais lancent un appel

Publié le 14/08/2018




73 ans après Hiroshima et Nagasaki, les Japonais continuent de lancer un appel pour un monde sans armes nucléaires. Les célébrations en mémoire des victimes ont rassemblé chrétiens, shintoïstes et bouddhistes dès le 6 août au matin pour une prière commune. L’évêque d’Hiroshima a assuré ceux qui agissent pour la paix de sa prière et de sa gratitude. L’évêque a également salué le Traité pour l’interdiction des armes nucléaires des Nations Unies, approuvé le 6 août. De son côté, le maire d’Hiroshima a dénoncé la dissuasion nucléaire comme « instable et dangereuse ».

Se souvenir de la tragédie des bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki dans la prière, pour la dénucléarisation et pour un avenir de paix : c’est le souhait qu’a exprimé Mgr Alexis Mitusuru Shirama, évêque d’Hiroshima, lors des commémorations du 73e anniversaire des bombardements qui se sont tenues du 6 au 9 août. « Avec les fidèles de mon diocèse, je suis profondément reconnaissant envers ceux qui ont offert leurs prières et qui ont agi pour la paix dans le monde, en participant au 73e anniversaire des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki. Je pense qu’il s’agit d’une occasion importante de prier et de travailler ensemble pour la paix et pour la dénucléarisation, en évoquant ces mémoires », a confié Mgr Shirama.
Le Japon a fait mémoire des bombardements nucléaires des 6 et 9 août 1945, qui ont provoqué la mort de près de 210 000 personnes avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le 7 août, la ville d’Hiroshima a organisé un rassemblement au Parc du Mémorial de la Paix (Heiwa Kinen Koen). Une prière commune a rassemblé dans le parc, le 6 août à 6 h 15, des chrétiens – catholiques et protestants – des bouddhistes et des shintoïstes, en mémoire pour les victimes. Peu après, une cérémonie officielle a été organisée en présence des autorités, dont le premier ministre Shinzo Abe et le maire d’Hiroshima, Kazumi Matsui, ainsi que les représentants de 85 pays.

Un Traité pour l’abolition des armes nucléaires

À 8 h 15, à la même heure que l’explosion de la bombe surnommée « Little Boy » au-dessus de d’Hiroshima le 6 août 1945, les personnes présentes ont observé une minute de silence. À cette occasion, le maire Kazumi Matsui a rappelé la nécessité, pour la communauté internationale, de se joindre au Traité des Nations Unies pour l’interdiction des armes nucléaires. Un appel que Mgr Shirama a repris en s’adressant à son pays et au monde : « Je souhaite une progression plus rapide du Traité d’interdiction des armes nucléaires, qui a été établi par les Nations Unies l’année dernière. J’espère que le Japon se joindra à cet accord. »
Un Traité interdisant les armes nucléaires a effectivement été approuvé, le 7 juillet 2017, par une large majorité lors de l’Assemblée générale des Nations Unies. Mais le texte a été critiqué peu après par des représentants des États-Unis, de la France et de la Grande Bretagne, accusant le document d’être « aveugle » aux menaces internationales envers la sécurité. Aucune des neuf puissances nucléaires – États-Unis, Chine, France, Grande-Bretagne, Inde, Pakistan, Corée du Nord et Israël – n’a pris part aux débats ou au vote, ainsi que la plupart des membres de l’OTAN. Le Japon lui-même a boycotté les discussions. Le traité a obtenu le soutien du Vatican ainsi que d’Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies.

« Ce que je peux faire pour la paix »

À la fin de la cérémonie officielle, les catholiques du diocèse d’Hiroshima se sont rendus à la cathédrale pour une messe en mémoire des victimes, en présence du nonce apostolique. Le thème de cette année était « Ce que je peux faire pour la paix », une référence explicite à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN), la coalition d’ONG qui a poussé, l’année dernière, à l’adoption du Traité et qui a remporté le Prix Nobel de la Paix 2017. La prière de Mgr Shirama s’est également tournée, le 6 août, vers la péninsule coréenne voisine. L’évêque assure qu’il « continue de prier Dieu et d’offrir tout ce qui peut être fait chaque jour, avec Dieu et avec toutes les personnes qui partagent le même objectif ».
L’explosion de la bombe « Little Boy » et ses conséquences ont entraîné la mort de 140 000 personnes en 1945. Les « Hibakushas » (« les survivants de la bombe ») continuent de faire campagne contre les armes nucléaires. Près de 155 000 d’entre eux sont encore en vie. Leur âge moyen, 82 ans, souligne l’urgence de transmettre aux jeunes la mémoire de la tragédie. Beaucoup d’Hibakushas étaient présents durant les commémorations, malgré leur âge avancé et la vague de chaleur qui a frappé le pays ces dernières semaines. On estime qu’il existe encore près de 14 000 armes nucléaires dans le monde.

(Avec Asianews)