L’Église catholique s’est jointe aux secours suite aux inondations exceptionnelles et aux glissements de terrain qui continuent de frapper le Kerala et qui ont déjà tué plus de 87 personnes en une semaine. Les 41 diocèses catholiques de cet État du sud du pays ont ouvert leurs portes pour accueillir les victimes des inondations, et coopèrent en envoyant des vêtements, de la nourriture et d’autres biens de première nécessité. Des milliers de personnes ont fui leurs foyers suite aux pluies incessantes qui, depuis le 13 août, ont rempli à ras bord les réservoirs de 33 barrages du Kerala, obligeant les autorités à ouvrir les vannes. Cela a amené les 44 fleuves de la région à déborder et à inonder les maisons, les fermes, les routes et les voies ferrées, les eaux se déversant dans la mer d’Arabie le long de la frontière occidentale de l’État.
« C’est une situation particulièrement inquiétante », s’est alarmé, le 15 août, le ministre en chef du Kerala, Pinarayi Vijayan, ajoutant que des pluies fortes étaient encore annoncées pour deux autres jours. Une alerte rouge a été annoncée à travers tout l’État, alors que se poursuivent les pires inondations depuis 1924. Celles-ci ont poussé près de 75 000 personnes à trouver refuge dans des camps de secours et ont déjà détruit champs et propriétés à hauteur d’1,2 million de dollars. Le niveau de l’eau continue de monter en plaines, et des glissements de terrain menacent dans les zones montagneuses. Les routes et les voies ferrées sont toujours inondées dans plusieurs régions et l’aéroport international de Kochi a cessé de fonctionner suite à l’inondation des pistes d’atterrissage.
187 personnes ont perdu la vie depuis le début de la mousson
Selon le Centre national de gestion des catastrophes, 187 personnes ont perdu la vie dans les inondations au Kerala depuis le début de la saison de la mousson, en juin. « Je n’ai jamais vu cela de ma vie », affirme le père Jose Plachickal, 70 ans, vicaire général du diocèse d’Idukki, qui couvre l’un des districts les plus touchés et qui abrite le plus grand barrage de l’État. « Les routes vers beaucoup de paroisses sont bloquées à cause des glissements de terrain et des arbres déracinés. » La plupart des gens vivant près des rivières ont perdu tout ce qu’ils avaient, y compris leurs maisons, quand les barrages ont été ouverts. Beaucoup s’en vont avec tout ce qu’ils peuvent emporter, de peur que des glissements de terrain ne frappent leur maison à tout moment, confie le prêtre. Mais beaucoup considèrent que leur maison est l’endroit le plus sûr.
« Nous ne devons pas nous aventurer hors de chez nous… Il n’y a aucune garantie que nous puissions revenir, car des inondations soudaines et des glissements de terrain peuvent survenir à tout moment », explique Cheriyan P. J., qui vit au village de Valiyathovala, dans le district d’Idukki. L’agriculteur catholique de 56 ans continue : « Maintenant, nous ne nous sentons même plus en sécurité chez nous, alors que les pluies continues ont affaibli nos vieilles maisons. Mais où pourrais-je aller ? »
Le père George Vettikattil, qui dirige le Kerala Social Service Forum (un réseau d’ONG couvrant tous les diocèses catholiques du Kerala), explique que la situation n’est pas meilleure dans d’autres régions. « Des milliers de personnes se sont réfugiées dans des camps de secours. L’eau potable est un vrai problème en beaucoup d’endroits. C’est une situation épouvantable », ajoute-t-il. Dans un rapport publié le 12 août, le ministre fédéral de l’Intérieur a déclaré que 775 personnes ont perdu la vie dans des accidents liés aux inondations et à la pluie dans sept États à travers le pays, depuis le début de la mousson. Les régions les plus affectées, outre le Kerala, sont le Bengale occidental, le Maharashtra, le Gujarat, l’Assam et le Nagaland. L’Église est déjà sur le terrain au Kerala, grâce à l’action de Caritas Inde, a confié la conférence épiscopale indienne dans un communiqué publié le 15 août.
Les pertes économiques et collatérales pour les gens et leurs sources de revenus sont énormes, bien qu’elles doivent encore être évaluées précisément, explique le communiqué, qui salue « les secours rapides et efficaces » entrepris par les autorités et par les ONG. Quand la crise sera terminée, les causes des inondations devront être analysées afin de pouvoir prendre « des mesures d’urgence pour préserver notre environnement et éviter de nouveaux dégâts écologiques pour notre maison commune », ajoute le communiqué, signé par le secrétaire général de la conférence épiscopale, Mgr Theodore Mascarenhas.
(Avec Ucanews, Kochi)