Eglises d'Asie

Des franciscains prêchent à Mindanao en territoire extrémiste

Publié le 21/08/2018




Le père Elton Viagedor, missionnaire franciscain, est curé de la paroisse San Roque de Lantawan, dans l’île de Basilan. C’est là, dans l’ouest de Mindanao, que sévissent les terroristes du groupe islamiste Abou Sayyaf. Le missionnaire y célèbre, avec trois autres franciscains, des messes de rue afin de mieux rejoindre ses paroissiens qui pratiquent peu, en allant « aux périphéries » malgré le danger de la mission à Basilan. L’île compte 400 000 habitants dont 126 000 catholiques, et seulement une vingtaine de prêtres. Une région en marge de l’archipel philippin sur tous les plans.

Imperturbables, malgré le danger que posent les extrémistes de Mindanao, dans le sud de l’archipel philippin, les missionnaires franciscains y célèbrent la messe dans la rue et y organisent de nombreuses activités religieuses. C’est là, dans les montagnes de la province de Basilan, une île du sud de l’archipel philippin dans la province de Mindanao, que sévit le groupe terroriste islamiste Abou Sayyaf (Al-Harakat al-Islamiyya). Le père franciscain Elton Viagedor, curé de la paroisse San Roque de Lantawan, explique qu’ils veulent montrer que l’Église est universelle dans son approche missionnaire, qu’elle peut se montrer « flexible dans l’annonce de l’Évangile ». « Nous célébrons la messe dans la rue ou dans des jardins, pour montrer que l’Église ne doit pas attendre que les gens viennent jusqu’à la chapelle paroissiale », ajoute le prêtre. Pour lui, c’est une simple façon qu’a trouvée la congrégation franciscaine pour « répondre aux défis du temps présent en quittant le confort des paroisses ou des monastères pour être auprès de ceux qui sont aux périphéries ».
« C’est aux périphéries que nous sommes transformés », assure le père Viagedor. « En tant que franciscains, je crois que devons être prêts à aller aux périphéries, même si cela semble risqué ou difficile », affirme-t-il. « Une telle audace n’est pas motivée par l’arrogance, mais simplement par la soumission à la grâce divine et par le désir de rencontrer les gens aux périphéries. » Le prêtre explique que les messes qu’il célèbre dans la rue ne sont pas destinées à attirer les musulmans pour les convertir au christianisme. Il assure d’ailleurs que la population de la province maintient de bonnes relations interreligieuses et interculturelles. Ces messes de rue sont célébrées tous les deuxièmes, troisièmes et quatrièmes dimanches de chaque mois. Le père Viagedor explique qu’il donne la priorité aux messes de rue parce que beaucoup de paroissiens participent peu aux célébrations eucharistiques.

« Un privilège et une bénédiction »

« Le fait de vivre et de travailler avec ces gens et de les servir est très enrichissant pour moi, en tant que religieux missionnaire », se réjouit-il. La province de Basilan est le troisième lieu de mission de ce missionnaire de 28 ans, après avoir vécu son « baptême du feu » à Marawi, qui a subi un conflit de cinq mois l’an dernier face aux terroristes islamistes, et qui entraîné près de 400 000 réfugiés. La paroisse du père Viagedor à Basilan est au service de 231 familles vivant dans deux villages majoritairement musulmans, sur la commune de Lantawan, lieu de naissance du chef terroriste Isnilon Hapilon, considéré comme le numéro deux du groupe Abou Sayyaf. Le 31 juillet, une voiture piégée a provoqué la mort de 11 personnes à Basilan. Cette année, 55 terroristes d’Abou Sayyaf se sont rendus aux autorités.
Le père Viagedor décrit la province comme en marge du pays non seulement sur le plan géographique mais aussi sur les plans « économiques, politiques et culturels », mais il considère sa mission à Basilan comme « un privilège et une bénédiction ». « Ici, j’ai trouvé de nouvelles façons d’adapter mon discours, en m’inspirant en particulier de la vie des gens sur le terrain », explique-t-il. Il ajoute qu’il continuera à aller vers les gens « qui sont la véritable incarnation de l’Église ». Sur une population d’environ 400 000 habitants, Basilan compte près de 126 000 catholiques pour vingt prêtres, dont quatre franciscains et cinq missionnaires clarétains servant dans dix paroisses placées sous la prélature d’Isabela.

(Avec Ucanews, Cotabato)