Eglises d'Asie

Des missionnaires s’inquiètent de la protection des migrants

Publié le 30/08/2018




Suite à l’annonce par le gouvernement japonais de l’ouverture d’une nouvelle agence de contrôle de l’immigration, des missionnaires appellent à la protection des droits des migrants. La nouvelle agence, qui cherche à contrôler et augmenter l’afflux de travailleurs étrangers, devrait être opérationnelle en avril 2019. La décision du gouvernement survient en effet en pleine crise démographique. Les missionnaires s’opposent à ceux qui considèrent les migrants comme un « capital » pour le pays sans s’intéresser à leur bien-être, et dénoncent une nouvelle forme d’esclavage.

Le Japon a annoncé l’ouverture d’une nouvelle agence afin de contrôler et augmenter l’afflux de travailleurs étrangers au japon durant les prochaines années, selon des sources au sein du gouvernement. Frère Ignacio Martinez, un missionnaire de Guadalupe, de l’Institut mexicain de Notre-Dame de Guadalupe pour les missions étrangères, est à la tête du département des Affaires sociales pour la Conférence épiscopale japonaise. Il s’alarme contre les visions « égoïstes » qui voient les migrants comme un « capital » pour le pays, sans s’intéresser à leur bien-être.
La nouvelle agence sera active dès le mois d’avril 2019. Les travailleurs étrangers se verront accorder un nouveau statut de résident, dont les détails seront affinés durant les prochains mois. Ainsi, le Japon sera ouvert à des centaines de milliers de travailleurs de différents secteurs. Comme la crise démographique du pays s’est aggravée et que la population active diminue, le nombre de migrants économiques a augmenté de façon exponentielle. Il a doublé en cinq ans, passant de 680 000 en 2012 à 1,28 million en octobre 2017. Parmi eux, le groupe de migrants le plus important vient de Chine, suivi du Vietnam et des Philippines.
Fr. Martinez remarque que le Japon a besoin de travailleurs de tous horizons, en particulier alors qu’il se prépare aux Jeux olympiques de 2020. Le pays a besoin d’ouvriers pour construire les stades, mais également de travailleurs qualifiés pour pouvoir loger les millions de touristes attendus. Le Japon veut s’afficher comme un « pays ouvert et amical », mais cela contraste avec les expériences négatives vécues par beaucoup de migrants, dont les droits ne sont pas toujours protégés. « Un problème vient de la communication. Les migrants ne parlent pas la langue et ne connaissent pas la culture japonaise. C’est pourquoi ils sont souvent réprimandés par leurs supérieurs. Ils sont loin de leurs familles, de leurs pays et ils se sentent délaissés », explique Fr. Martinez.

Redéfinir le rôle de l’Église dans la société japonaise

Il y a également les « agents » qui prennent contact avec les travailleurs dans leurs pays d’origine pour les mettre en contact avec des entreprises japonaises et payer leur vol vers le Japon. Les migrants concernés se retrouvent ainsi endettés et sont incapables de rembourser leur dette à cause de leurs faibles revenus. « Parfois, les agents saisissent leurs passeports, ils se retrouvent donc dans l’incapacité de voyager où que ce soit. C’est une nouvelle forme d’esclavage », dénonce-t-il. Pour le missionnaire, il y a encore un autre problème. Beaucoup de familles se retrouvent séparées, par exemple lorsque le mari dispose d’un permis de travail mais que sa famille ne peut pas rester, même si les enfants sont nés et élevés au Japon. « Il ne s’agit pas que d’un problème de migration, mais aussi d’un problème humanitaire. »
La petite minorité catholique japonaise s’inquiète du sort de ces familles, dont beaucoup sont catholiques. « Beaucoup de Vietnamiens et presque tous les Philippins sont catholiques. Si vous entrez dans n’importe quelle église au Japon, vous les verrez à la messe, en train de prier ou même en train de s’y abriter parce qu’ils s’y sentent en sécurité », poursuit le missionnaire. « Leur présence est une opportunité, pour l’Église, de redéfinir son rôle dans la société japonaise. Nous devons accueillir les gens qui arrivent d’autres pays, pour bâtir une communauté multiculturelle. » Afin de mieux atteindre cet objectif, le Comité pour les migrants, les réfugiés et les personnes itinérantes, présidé par Mgr Michael Goro Matsuura, évêque de Nagoya, va établir un « plan stratégique » pour 2019-2021.

(Avec AsiaNews, Tokyo)