Eglises d'Asie

Douze sites chrétiens japonais inscrits au patrimoine de l’humanité

Publié le 04/07/2018




Samedi 30 juin, l’Unesco a inscrit douze sites chrétiens japonais au patrimoine mondial de l’humanité. Une décision qui reconnaît ces lieux comme étant liés à l’histoire des persécutions chrétiennes durant l’ère Edo (1603-1867). Pour l’archevêque d’Osaka, Mgr Maeda, créé cardinal lors du consistoire du 28 mai à Rome, « l’histoire des chrétiens cachés est signe de miséricorde et de respect mutuel ». Mgr Joseph Mitsuaki Takami, archevêque de Nagasaki, a salué cette décision du comité du patrimoine mondial de l’Unesco, qui « reconnaît le christianisme japonais dans son histoire ».

Douze lieux symboliques du christianisme « caché » au Japon ont été inscrits au patrimoine mondial de l’humanité. Le comité du patrimoine mondial de l’Unesco a pris sa décision le 30 juin, en ajoutant douze sites de Nagasaki et de la région d’Amakusa au patrimoine de l’humanité. Les lieux sont des symboles de la persécution perpétrée contre les chrétiens durant la période Edo (1603-1867). L’un des sites ainsi reconnus est la cathédrale Oura de Nagasaki, la plus ancienne église du pays et déjà un trésor national. Construite à l’initative de deux prêtres des Missions Etrangères de Paris en 1864 en l’honneur des 26 martyrs du Japon – 16 Japonais et 9 Européens –, la cathédrale est célèbre pour un évènement que le pape Pie IX appelait un « miracle de l’Est ». Après son inauguration, un groupe de personnes originaires du village d’Urakami a ainsi demandé au père Petitjean – l’un des deux missionnaires MEP – l’autorisation d’entrer dans l’église pour « saluer Marie ». Il s’agissaient d’un groupe de « Kakure Kirishitans », les descendants des premiers chrétiens japonais qui ont été forcés à l’anonymat. Ils étaient suivis par des dizaines de milliers de chrétiens cachés, qui sont entrés dans la cathédrale pour pouvoir reprendre la pratique chrétienne.
Les ruines du château d’Hara font également partie de la liste ajoutée par l’Unesco. Le site a été l’un des lieux de la révolte catholique de « Shimabara-Amakusa » (1637), qui a entraîné une persécution plus sévère encore. Parmi les douze sites, figure également le village de Sakitsu, dans la préfecture de Kumamoto (Amakusa), où les chrétiens ont continué de pratiquer leur foi en secret.
La décision a été accueillie avec joie par l’Église catholique japonaise. Le nouveau cardinal Thomas Aquino Manyo Maeda – lui-même descendant de l’un de ces chrétiens « cachés » – a confié au Japan Times que la reconnaissance de ces sites permettra au monde de découvrir l’histoire du christianisme au Japon, qui se « résume » dans la miséricorde et dans le respect mutuel : « L’enregistrement des sites par l’Unesco amène quelque chose de profond et d’important : une vraie paix pour les peuples survient quand il y a un véritable respect mutuel. »
L’archevêque de Nagasaki, Mgr Joseph Mitsuaki Takami, partage l’enthousiasme de Mgr Maeda : « Durant 250 ans, le christianisme a été persécuté au Japon. Aujourd’hui, cette période est reconnue dans son histoire, et beaucoup de Japonais commencent à s’intéresser au christianisme. Beaucoup d’autres viendront visiter ces lieux : pour nous, c’est aussi une occasion d’évangéliser. » Selon l’évêque, la redécouverte de l’histoire chrétienne japonaise doit également impliquer les fidèles eux-mêmes, qui sont invités à étudier « l’histoire de leurs ancêtres ». Pour cette raison, le diocèse de Nagasaki a inauguré, le 1er avril, un musée sur l’histoire du christianisme japonais, dans l’ancien évêché. « Nous devons nous souvenir de notre histoire, parce que ce ne sont pas les lieux qui sont importants, conclut Mgr Takami, mais l’histoire qui se cache derrière ces sites. C’est une histoire de foi qui a une valeur universelle. »

(Avec Asianews, Nagasaki)