Eglises d'Asie

Un mouvement œcuménique rassemble les chrétiens contre les persécutions

Publié le 05/10/2018




Le groupe Persecution Relief, une organisation œcuménique de défense des chrétiens indiens, a organisé une semaine de prière contre les persécutions religieuses et les violences antichrétiennes, du 1er au 7 octobre. Près de 1200 actes de violence ont été enregistrés ces deux dernières années à travers le pays contre des chrétiens, dont 60 en seulement neuf mois dans l’État de l’Uttar Pradesh. Certains villages ont recours à une « boycott social » contre les chrétiens, les forçant à partir à moins de se convertir à l’hindouisme.

L’organisation œcuménique Persecution Relief a organisé, durant la première semaine d’octobre, un mouvement de prière contre les persécutions religieuses, dans un pays où les violences antichrétiennes continuent d’augmenter, où des groupes extrémistes tentent de les expulser et de détruire leurs églises. Des centaines de milliers de chrétiens ont participé à l’évènement. Le groupe Persecution Relief a notamment lancé des appels à libérer près d’une centaine de membres du clergé ou de laïcs qui sont détenus pour de fausses accusations de conversions forcées, affirme le pasteur Shibu Thomas, fondateur de l’organisation. « Ils ne veulent pas vivre dans la peur dans leur pays, ou avoir à faire face aux menaces d’expulsion à cause de leur foi », soutient-il. Pour eux, « la prière est la seule ressource ».
C’est la seconde édition de l’initiative, qui prendra fin le 7 octobre. « Le niveau de participation est assez extraordinaire », ajoute Shibu Thomas. « Des centaines d’églises, d’institutions chrétiennes et de centres bibliques » ont participé à l’évènement, dont l’objectif est de « provoquer une plus grande prise de conscience et de contribuer à ouvrir les cœurs des gens ». Une telle campagne est devenue nécessaire en raison des nombreuses attaques et de la discrimination contre les chrétiens dans le pays. Persecution Relief a enregistré plus de 1200 actes de violence ces deux dernières années, dont 60 en seulement neuf mois pour l’État de l’Uttar Pradesh, qui est gouverné par Ram Naik, vétéran du BJP (Bharatiya Janata Party) au pouvoir et connu pour son hostilité envers les chrétiens.

Boycott social

Selon le pasteur Thomas, il n’y a aucune raison pour que les chrétiens souffrent ainsi de discrimination. Il assure que ce sont des gens « pacifiques qui ont beaucoup contribué à la croissance de l’Inde, avec des écoles et des universités de haut niveau, des hôpitaux, des orphelinats et des maisons de retraite ». Pour lui, la persécution est due au fait que « plusieurs groupes religieux fondamentalistes, sous l’égide du BJP, tentent de diviser la communauté, détruisant au passage le tissu social indien ». « Des chrétiens ont été menacés ouvertement d’expulsion s’ils refusaient de se convertir à l’hindouisme », affirme-t-il. C’est pour lui une véritable incitation à la haine religieuse « qu’entreprennent ces leaders politiques et religieux hindous, ouvertement et impunément. Personne ne se lève contre cela. Les fêtes chrétiennes sont particulièrement visées », regrette-t-il.
La persécution n’est pas seulement dirigée contre les chrétiens mais également contre les lieux de cultes, beaucoup d’églises ayant été fermées ou vandalisées. La façon la plus répandue de persécuter la minorité chrétienne se fait à travers l’« excommunication », un terme qui désigne un « boycott social » par les autres villageois et les autorités locales, confie Shibu Thomas. Cela peut comprendre le refus de leur donner accès aux subventions du gouvernement, aux programmes alimentaires et médicaux ou encore à l’éducation. Des chrétiens ont été « bannis des évènements organisés dans leur village, privés de l’eau du puits public, privés d’eau et de fourrage pour le bétail, ou interdits d’enterrer leurs morts, les forçant à les incinérer ou à les enterrer dans la jungle ». L’organisation Persecution Relief, outre son travail de sensibilisation, fournit un soutien financier pour les affaires concernant les accusations de conversion forcée, pour la réparation des églises détruites, pour les traitements médicaux des blessés et le logement temporaire de ceux qui ont perdu leurs foyers.

(Avec AsiaNews)


CRÉDITS

IANS / Ucanews