Eglises d'Asie

L’Asean lance un nouveau projet contre la traite des personnes

Publié le 18/10/2018




Alors que la traite des personnes continue ses ravages parmi la population désœuvrée du Nusa Tenggara oriental, la Commission intergouvernementale des droits de l’homme (AICHR) de l’Asean (Association des nations du sud-est asiatique) a lancé un nouveau projet pilote dans la région. Le projet espère devenir un modèle pour le reste du pays, afin de lutter plus efficacement contre le fléau, notamment en assurant des formations en droit pour les policiers et les militants agissant dans la province. L’Asean souhaite aussi proposer des formations à ceux qui projettent de partir travailler à l’étranger.

Un projet pilote a été lancé dans la province indonésienne du Nusa Tenggara oriental (Petites îles de la Sonde) afin d’y lutter contre la traite des personnes. La Commission intergouvernementale des droits de l’homme (AICHR) de l’Asean (Association des nations du sud-est asiatique) a entamé des échanges avec le gouvernement de la province le 14 octobre, notamment à propos de formations destinées aux travailleurs migrants potentiels. Les échanges portent également sur la formation juridique de la police et des organisations militant contre la traite des personnes dans la région. La province a été choisie pour ce projet en raison de la gravité de la situation de la région. Entre janvier et juillet 2018, 25 affaires ont été rapportées ainsi que 37 victimes. Dinna Wisnu, qui représente l’Indonésie pour la Commission de l’Asean, confie que beaucoup de régions indonésiennes sont encore victimes de la traite des personnes.
Le projet pilote, qui comprend également le Timor occidental, cherche à favoriser une meilleure compréhension de la situation dans la région, pour qu’il puisse devenir un modèle pour le pays. « La commission intégrera les pays de l’Asean dans le projet pour démanteler les réseaux de traite des personnes », assure Dinna. Elle ajoute que les abus continuent (y compris la torture et les meurtres) malgré les mesures comme les services proposant de traiter les demandes de permis de travail à l’étranger, et malgré l’aide des responsables religieux. Dinna, qui est conférencière à l’université catholique Atma Jaya de Jakarta, explique qu’elle compte collaborer étroitement avec la Malaisie et les autres pays de l’Asean. Elle ajoute que les nations de la région ont signé la Convention de l’Asean contre la traite des personnes, qui a été appliquée officiellement en mars 2017 sous l’autorité de l’AICHR.

86 cas enregistrés en neuf mois

Afin de former les policiers en droit, la commission coopérera avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et avec l’ambassade de Suisse à Jakarta, ainsi qu’avec le parlement indonésien et le ministère des affaires étrangères. Martinus Gabriel Goa Sola, directeur d’un service d’avocats (Advocacy service for justice and peace in Indonesia) au sein l’ONG chrétienne Padma, espère que l’intervention de l’AICHR sera efficace. Les neuf derniers mois, Padma a enregistré 86 cas de travailleurs migrants originaires de la province, qui sont morts en Malaisie sous la torture ou suite à d’autres formes de violence. La plupart d’entre eux sont des victimes de la traite des personnes. Le niveau de chômage dans la province étant particulièrement élevé, inévitablement, la population a tendance à chercher du travail à l’étranger. L’AICHR veut proposer des formations simples pour les personnes qui souhaitent travailler à l’étranger, comme des cours de cuisine ou de langue, explique Martinus Sola. Sœur Laurentina, coordinatrice de l’association « Migrant care coalition » au Timor occidental, se réjouit du projet de l’Asean. Elle ajoute que l’implication de l’Asean contribuera à renforcer les réseaux d’aide aux victimes et de lutte contre les trafiquants. « J’espère que la présence de l’Asean permettra de réduire la traite des personnes dans la région et aux niveaux national et international », souligne-t-elle.

(Avec Ucanews, Jakarta)