Eglises d'Asie – Indonésie
24 organisations, dont un groupe catholique asiatique, appellent l’Asean à s’unir contre le travail forcé en mer
Publié le 30/09/2021
Le groupe catholique Stella Maris Manila (qui accompagne les migrants, les marins et les réfugiés), s’est joint à 24 organisations civiles afin d’appeler les pays de l’Asean (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) à s’unir contre l’exploitation des pêcheurs en signant la convention n° 188 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur le travail dans la pêche 2007. Pour les organisations, il s’agit de la convention la plus complète pour la protection des droits et pour les conditions de travail des pêcheurs migrants. Leur appel a été soumis le 28 septembre au secrétariat de l’Asean à Jakarta, en Indonésie. Dans le rapport qui a été remis, ils soulignent que les pays de l’Asean n’ont pas su protéger les migrants travaillant sur des bateaux étrangers, et qu’ils ne s’étaient pas coordonnés pour résoudre le problème. Le père Paulo Prigol, aumônier du groupe Stella Maris Manila et directeur du Centre Scalabrini pour les personnes itinérantes, a expliqué que le rapport qu’ils ont remis affirme clairement leur engagement à contribuer à trouver des solutions pour la fin de la traite des personnes et du travail forcé en mer. « Nous espérons voir bientôt appliquées les provisions de la convention, pour que les victimes obtiennent justice, et pour la fin des crimes horribles commis contre les marins et les pêcheurs », a ajouté le prêtre dans un communiqué. La Thaïlande est le seul membre de l’Asean à avoir ratifié la convention à ce jour.
Les pêcheurs migrants majoritairement issus de l’Asean
Selon les 24 organisations, avec la ratification de la convention, les autres États membres de l’Asean devraient « redoubler d’efforts pour développer des méthodes de recrutement éthiques et sécurisées, et des systèmes de réclamation permettant de faire face aux abus et accidents qui se produisent à bord des chalutiers étrangers ». Les groupes ont également demandé au Comité de l’Asean sur les travailleurs migrants, à la Commission intergouvernementale de l’Asean sur les droits de l’homme et à la Conférence de l’Asean sur la criminalité transnationale de jouer un rôle plus actif. « Au fil des années, le nombre croissant de cas de recrutements illégaux, de conditions de travail précaires et de morts tragiques de pêcheurs migrants sur des bateaux en Asie du Sud-Est a alimenté de plus en plus d’inquiétudes sur le travail forcé et la traite des pêcheurs dans l’industrie de la pêche », alerte Annisa Erou, de Greenpeace Southeast Asia, qui a participé au rapport remis à l’Asean. Le père Ansensius Guntur, directeur du Centre Stella Maris de Kaohsiung, à Taïwan, souligne de son côté qu’il est essentiel que les pays de l’Asean s’engagent ensemble à mettre de l’ordre dans l’industrie de la pêche, les pêcheurs migrants étant majoritairement issus de l’Asean.
62 cas de travail forcé enregistrés entre mai 2019 et juin 2020
« S’ils s’unissent, ce sera plus facile d’influencer les pays recruteurs et de leur faire appliquer les normes de l’Asean. Les États membres seront davantage en mesure de négocier des traitements corrects pour les pêcheurs migrants », estime le père Guntur. Il ajoute que les ONG doivent aussi continuer leur travail, car cela pousse des pays recruteurs comme Taïwan à se remettre en question. Le prêtre précise que les autorités taïwanaises l’ont récemment contacté pour lui demander d’évaluer 56 agences de recrutement de pêcheurs, dont trois ont été notées « D » (sur une échelle de A à D). « Sur celles qui ont obtenu un ‘D’, une a été interdite de recrutement des membres d’équipages étrangers durant un an, et une autre a été fermée. Cela prouve la détermination du gouvernement taïwanais à améliorer le secteur de la pêche dans le pays, et de se montrer prêt à l’écoute des ONG. » Les pays de l’Asean fournissent la plus grande partie des pêcheurs migrants qui travaillent sur les bateaux taïwanais et chinois. Dans un rapport intitulé « Travail forcé en mer : le cas des pêcheurs migrants indonésiens », publié en mai par Greenpeace Southeast Asia et par un syndicat de travailleurs migrants indonésiens, il est rapporté 62 cas de travail forcé enregistrés entre mai 2019 et juin 2020, soit une forte hausse par rapport à 34 cas recensés entre décembre 2018 et juillet 2019. Le rapport évoquait quatre catégories de plaintes – fraudes, retenues de salaires, abus physiques ou sexuels et heures supplémentaires excessives.
(Avec Ucanews)
CRÉDITS
Ucanews