Eglises d'Asie

À Macao, une organisation catholique cherche à protéger les travailleurs migrants contre la drogue

Publié le 30/06/2021




Le 26 juin, l’association ARTM (Macau Drug Addict Rehabilitation Association) de Macao a marqué la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues en lançant de nouvelles mesures contre la drogue. Selon l’organisation catholique, beaucoup de migrants à Macao ont perdu leur emploi durant la crise sanitaire et se retrouvent particulièrement vulnérables. « Certains d’entre eux, poussés par le désespoir, pourraient être tentés par la possibilité de se faire de l’argent facile », souligne Augusto Nogueira, président de l’association.

L’association ARTM (Macau Drug Addict Rehabilitation Association), une organisation locale œuvrant pour la réhabilitation des toxicomanes de Macao, a mis en œuvre de nouvelles mesures préventives afin de protéger au mieux les communautés migrantes contre la drogue et contre le trafic de drogues dans l’ancienne colonie portugaise. L’association a annoncé ces nouvelles initiatives le 26 juin, à l’occasion de la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues, en marquant l’occasion avec diverses activités et avec une messe spéciale célébrée au village de Notre-Dame de Ha Ko, à Macao. Au sommet d’une colline, on y trouve un sanatorium dirigé par Caritas, où sont accueillis des patients handicapés mentaux, ainsi qu’un centre pour la réhabilitation des drogués, géré par l’ARTM. Il y a plusieurs décennies, l’ancien village de Ha Ko, au sud de Macao, comptait la seule léproserie de l’île, qui accueillait les malades les plus marginalisés. Le 26 juin, l’événement organisé par l’ARTM a également rassemblé des représentants de divers groupes d’immigrants de Macao (dont des Vietnamiens, des Philippins, des Indonésiens et des Népalais).

De nombreux migrants exposés

Augusto Nogueira, président de l’association, prévient qu’à cause des difficultés financières provoquées par la pandémie, de nombreux travailleurs migrants à Macao vont se retrouver particulièrement vulnérables face à la drogue et aux trafics. « Beaucoup d’entre eux ont perdu leur travail, et ils sont plus exposés que jamais. Certains d’entre eux, poussés par le désespoir, pourraient être tentés par la possibilité de se faire de l’argent facile et se retrouver impliqués dans des activités criminelles », a-t-il souligné dans Jornal O-Clarim, un hebdomadaire catholique en portugais publié à Macao. L’ARTM a entrepris plusieurs actions préventives afin d’aider les travailleurs migrants à éviter de tomber dans le piège de la drogue, a-t-il assuré, en ajoutant que l’une des principales mesures est de les sensibiliser sur les lois antidrogue à Macao, avec des informations publiées en vietnamiens, en népali, en indonésien et en tagalog (philippin). Une série d’activités sociales et culturelles seront également lancées en collaboration avec diverses associations vietnamiennes, philippines et indonésiennes, afin de mieux rejoindre les communautés de migrants et leur faire prendre conscience du danger.

30 000 catholiques sur 680 000 habitants

Macao, une région administrative spéciale chinoise devenue la capitale mondiale du jeu, a été sous autorité portugaise entre 1557 et 1999. Avec une population d’environ 680 000 sur près de 33 km², Macao est l’une des régions urbaines les plus densément peuplées au monde. Le catholicisme s’y est perpétué avec l’héritage des Portugais. Le diocèse de Macao couvre l’intégralité de l’île et compte environ 30 000 catholiques pour neuf paroisses. Macao compte l’un des plus hauts revenus par habitant en raison de l’industrie du jeu et des secteurs associés. Durant des années, l’île a également été une plaque tournante de la drogue. En 2016, les autorités ont donc amendé une loi antidrogue et renforcé les sanctions encourues en cas de trafic de drogue, avec notamment des peines entre 15 et 21 ans de prison.

La nouvelle loi a entraîné une baisse significative du trafic et de la consommation de drogue dans la ville, selon le Macau Daily Times. Parmi les substances illicites les plus consommées, à Macao, on compte la méthamphétamine, la cocaïne et le cannabis. À cause des prix élevés des drogues illégales à Macao, près de trois fois supérieurs par rapport à Hong-Kong et à la Chine continentale, un réseau puissant de trafiquants a été particulièrement actif. Macao est une destination majeure pour les travailleurs migrants venus de toute l’Asie, en recherche d’emploi et d’opportunités. La crise sanitaire a affecté l’économie mondiale et provoqué une hausse du chômage de 2,7 %, soit la plus forte augmentation en dix ans. Par conséquent, le nombre de travailleurs non-résidents employés à Macao est passé de 193 498 en janvier 2020 à 177 663 fin 2020, selon le Bureau des affaires du travail de Macao.

(Avec Ucanews)

Crédits Toby Oxborrow